Certaines disciplines des JO de Paris 2024 pourraient se déployer dans la Seine. Mais de gros efforts d’assainissement restent à réaliser. Emission « Au fil de l’eau » avec Célia Blauel, adjointe à la ville de Paris, chargée de la Seine et de la prospective. Par Catherine Pottier, franceinfo – Radio France.
Célia Blauel, adjointe à la ville de Paris, chargée de la Seine et de la prospective est l’invitée de Catherine Pottier aujourd’hui. La pollution de la Seine a diminué, même si de gros efforts restent à faire pour que le fleuve soit assaini d’ici à 2024 et permettre la pratique de certaines disciplines olympiques.
Il y a 30 ans, Jacques Chirac disait, le 15 mai 1990 : « Aujourd’hui les poissons de Seine sont parfaitement consommables. Au dernier recensement plus de 25 poissons différents trouvaient des conditions de vie adéquates dans la Seine, voilà pourquoi j’affirme que l’on peut rendre un fleuve propre, j’ai d’ailleurs indiqué que dans 3 ans, j’irai me baigner dans la Seine pour montrer que la Seine est devenu un fleuve propre. »
En 1990, Jacques Chirac est maire de Paris et réitère une promesse de campagne sur le plateau de l’émission de Jean-Marie Cavada « La Marche du Siècle ».
L’ancien président ne s’est jamais baigné dans la Seine, mais 31 ans plus tard, la maire de Paris, Anne Hidalgo, promet que la Seine sera assainie d’ici à 2024, pour permettre l’organisation de certaines épreuves des Jeux Olympiques .
Il est notamment question de la natation en eau libre, et du triathlon face à la tour Eiffel et au Trocadéro.
Chasse aux bactéries et aux mauvais raccordements
Pour parvenir à la baignade, il faut que le taux de bactéries E.coli et entérocoques passe en dessous d’un certain seuil. Depuis l’été, les premiers résultats sont encourageants, mais pas encore suffisants, pour autoriser la baignade.
On recense beaucoup de polluants dans la Seine dont certains sont extrêmement nocifs pour l’homme, notamment ces bactéries E.Coli et entérocoques qui sont les marqueurs des matières fécales. Elles proviennent directement des eaux sales qui se déversent dans la Seine.
Un grand chantier est actuellement en cours pour assainir la Seine, mais aussi la Marne, située en amont. Tous les restaurants et tous les bateaux d’habitation qui se trouvent sur la Seine et sur la Marne (principal affluent du fleuve) vont devoir se raccorder aux égouts pour que leurs eaux sales ne se déversent plus directement dans la Seine.
Des travaux de réhabilitation sont également lancés dans les principales stations d’épuration situées en amont de Paris. Les eaux qu’elles rejettent dans la Seine sont déjà traitées mais de manière insuffisante pour permettre la baignade. Elles vont donc être dotées de nouveaux matériels pour traiter les bactéries E.coli et entérocoques.
Un plan d’assainissement d’1 milliard 400 millions d’euros
Célia Blauel estime que les Jeux olympiques constituent une occasion unique d’investir pour une qualité d’eau durable.
La ville de Paris et les collectivités locales travaillent aussi sur la résorption des mauvais branchements de certains pavillons qui rejettent leurs eaux sales en pleine nature alors qu’elles devraient aller dans les égouts.
« La ville de Paris ne peut pas gagner seule le pari de la baignade »
Il faut assainir la Seine mais aussi la Marne. Le chantier est colossal mais pas impossible. Il y a quelques années, le bassin de la Villette était confronté aux mêmes problématiques que la Seine. L’espace est plus réduit, mais les travaux qui ont été entrepris ont permis d’ouvrir le site à la baignade.
Au niveau du pont d’Austerlitz, la ville de Paris construit également un grand réservoir sous-terrain destiné à contenir les eaux usées. Un atout majeur en cas de fortes pluies, lorsque les égouts de la capitale sont saturés et que les eaux usées se déversent dans la Seine. Il aura une capacité de 80 000 mètres cube et devrait être terminé fin 2023 début 2024.