Nuisances, risques environnementaux… Alors que le site de Seine Aval du Siaap autour d’Achères est classé Seveso « seuil haut », une association d’habitants des Yvelines, le CAPUI, appelle à informer davantage les riverains et à mettre en place une meilleure prévention des risques. Par Pierre de Baudoin.
Elle s’étale sur une surface de 800 hectares, dans les Yvelines et le Val-d’Oise. L’usine Seine Aval, qui traite les eaux usées d’une partie de l’agglomération parisienne, suscite l’inquiétude du Capui. Appelant à une « meilleure prévention« , une pétition en ligne publiée par cette association de riverains qui alerte sur les risques environnementaux et les nuisances liés à ce site classé Seveso « seuil haut », recueille à ce jour plus de 5 100 signatures.
Sébastien Dupont, l’un des administrateurs du Capui, habite à Herblay, « en hauteur« . « On voit l’usine, on entend souvent les alarmes intempestives« , raconte-t-il. Le riverain pointe d’abord du doigt des « nuisances olfactives« . Au-delà des « odeurs très désagréables » générées par l’usine, il évoque aussi des nuisances visuelles : « des mousses sur la Seine« , une « pollution visible« .
Herblay-sur-Seine, Achères, Maisons-Laffitte, Saint-Germain-en-Laye, Cormeilles-en-Parisis, La Frette-sur-Seine… « Un bassin de population qui regroupe 250 000 personnes est concerné par ces nuisances« , déplore-t-il.
Des « accidents à répétition »
Si Sébastien Dupont reconnaît que le Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (Siaap), qui exploite le site de Seine Aval, « travaille sur la diminution de ces nuisances depuis quelques années« , il alerte surtout sur des « accidents à répétition« . Il cite d’abord la pollution provoquée par « les rejets importants de produits chimiques dans les égouts« , de la part de particuliers et d’entreprises. « Ce qui implique l’utilisation d’autres produits chimiques pour traiter et dépolluer l’eau avant de la rejeter dans la Seine« , explique-t-il.
De quoi entraîner des problèmes de sécurité liés au transport de ces produits vers l’usine, poursuit l’administrateur du Capui. « En 2023, une barge qui transportait du nitrate de calcium a percuté un ponton, il y a eu une fuite et le produit s’est déversé dans la Seine« , rappelle-t-il. Le Siaap avait alors mis en avant « l’absence d’impact de l’incident sur le milieu naturel« .
Sébastien Dupont cite aussi la formation d’un nuage gazeux orangé en 2018, suite au contact de deux produits chimiques non mélangeables – le nitrate de calcium et le chlorure ferrique – dans une cuve de l’usine. « Heureusement sans pollution toxique importante de l’air selon le Siaap« , explique-t-il.
« La population ignore les risques liés à l’usine »
L’administrateur du Capui rappelle enfin les risques liés aux incendies au sein de la station d’épuration, notamment un feu survenu en 2019. « Cet incident a révélé une absence totale de prise en compte des risques, avec un manque de détecteurs et les difficultés des pompiers à se raccorder à l’eau, ce qui a provoqué une longue intervention« , indique-t-il.
« Que faire en cas d’accident grave ? Fuir ou se confiner ? La population ignore les risques liés à l’usine« , alerte Sébastien Dupont, dont l’association dénonce l’absence d’exercice d’alerte impliquant les riverains. « Il faut plus d’informations, les gens ne sont pas idiots. Aujourd’hui, il y a juste des flyers dans les mairies, et pas en quantités suffisantes. On n’informe pas non plus les nouveaux arrivants. Il n’y a pas de réunion publique, et il n’y a pas d’infos sur les sites des collectivités« , déplore-t-il.
Le Capui appelle aussi les autorités à « mettre en place des plans d’action« , et à « ne pas négliger la prévention des risques« . Mercredi 3 septembre, l’association doit rencontrer la sous-préfète des Yvelines, pour lui remettre sa pétition.