Agir vite contre les pesticides polluants éternels

L’association Générations Futures demande le retrait immédiat de tous les produits à base de flufenacet afin de protéger notre santé et de préserver la qualité de l’eau.

Le flufenacet, herbicide appartenant à la famille chimique des PFAS, est le 9ème herbicide le plus utilisé en France. Son autorisation au niveau européen a expiré le 31 décembre 2013 et a depuis cette date fait l’objet de 9 procédures de prolongation en attendant que son évaluation soit finalisée. Générations Futures alerte sur cette substance et sur les procédures abusives de prolongation de son autorisation depuis près d’un an maintenant.

Le 27 septembre dernier, avec plus de 11 ans de retard, l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) a finalement publié les conclusions de sa revue par les pairs (“peer review”) dans lesquelles l’agence européenne conclut, entre autre problème, que le flufenacet est un perturbateur endocrinien. L’évaluation de l’EFSA montre également que, exceptées dans de très rares conditions, et de surcroît non pertinentes pour la France, l’usage du flufenacet conduit à des concentrations inacceptables en TFA dans les eaux souterraines, toujours supérieures à 10 µg/L, aspect devant également conduire à l’interdiction de la substance.

Générations Futures se mobilise maintenant pour faire interdire le flufenacet au niveau européen au plus vite et pour retirer du marché français tous les produits à base de flufenacet.

  • Au niveau européen Générations Futures a signé avec le réseau PAN Europe et 48 associations un courrier envoyé le 7 novembre à la Commission européenne pour lui demander d’interdire au plus vite le flufenacet en Europe, sur la base des conclusions de l’EFSA.
  • Au niveau françaisGénérations Futures a envoyé le 5 novembre 2024 un courrier d’avocat à l’Anses et aux ministères de l’agriculture, de la santé et de l’écologie pour demander le retrait immédiat des autorisations de mise sur le marché et permis de commerce parallèle des produits à base de flufenacet sur le territoire français. Cela concerne 80 produits, dont 13 produits de référence. 

Au-delà de nos demandes d’interdiction, Générations Futures dénonce la lenteur du système d’évaluation des pesticides en Europe qui prend des années à tenir compte des nouvelles données devant conduire à l’interdiction des substances : dans le cas du flufenacet, les risques de contamination au TFA sont connus depuis 2017 et le caractère perturbateur endocrinien a été admis par l’EFSA depuis une première fois en mars 2023 et confirmé en septembre 2023.

Générations Futures souhaite également alerter sur une conséquence indirecte du classement du flufenacet comme perturbateur endocrinien: suite à ce classement, ses métabolites, dont le TFA, doivent être considérés comme des métabolites pertinents pour l’eau potable selon la méthodologie utilisée par l’Anses. La limite de qualité devant s’appliquer pour le TFA serait donc de 0,1 µg/L, laissant envisager des taux records de non conformité de l’eau lorsque le TFA sera intégré au contrôle sanitaire de l’eau potable. Pour anticiper et limiter au maximum ces possibles difficultés de gestion ainsi que d’éventuels effets sanitaires liés à la présence de TFA dans l’eau potable, il est nécessaire de limiter dès maintenant toutes les sources d’émissions du TFA dans l’environnement, comme le flufenacet mais aussi le fluopyram, un fongicide pour lequel la formation de TFA suite à sa dégradation dans les sols a été confirmée par des études réglementaires. Plus généralement, tous les pesticides PFAS ont le potentiel d’émettre du TFA dans l’environnement et devrait faire pour cette raison l’objet d’une attention particulière.

« Le flufenacet est un symbole des failles de notre système d’autorisation des pesticides. Après onze années d’inaction face aux risques pour la santé et l’environnement, il est urgent d’en interdire l’usage et de retirer les produits concernés pour enfin protéger nos ressources en eau et notre santé. L’usage de ces produits est une menace que nous ne pouvons plus ignorer . » déclare notre porte-parole François Veillerette.

« Les conclusions de l’EFSA sur le flufenacet renforcent nos préoccupations concernant la pollution de l’eau potable par le TFA : celui-ci devant être considéré comme un métabolite pertinent, les risques de non-conformité de l’eau dans le futur sont donc très importants. Cette menace devrait conduire les autorités à restreindre l’usage des substances émettrices de TFA, et en particulier les pesticides PFAS flufenacet et fluopyram. » conclut notre toxicologue Pauline Cervan.

Pour aller plus loin lire le dossier : Rapport Flufénacet PFAS

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