Archives de catégorie : Santé & Environnement

Objectif zéro phyto

 

Une loi vient d’être adoptée à l’Assemblée nationale qui interdit l’usage des phytosanitaires par les collectivités en 2020 et par les particuliers en 2022. La proposition de loi du sénateur écologiste Joël Labbé visant à limiter l’utilisation des produits phytosanitaires, attend à présent d’être promulguée, il faut donc rester vigilant.

L’enjeu n’est pas mince. En France, la qualité de l’eau potable se dégrade. Bien souvent les teneurs en nitrates, atrazine, glyphosate et autres polluants frôlent (ou dépassent) les normes acceptables pour la santé. Notre pays est le premier consommateur européen de pesticides et le quatrième consommateur au niveau mondial. En 2006, près de 90 % des rivières et 53 % des nappes phréatiques étaient contaminées. Notre alimentation n’est pas en reste : 48 % des aliments que nous consommons, en contiennent (365 pesticides différents relevés sur les fruits et légumes consommés en Europe). Et tout cela a un coût énorme pour la collectivité. On estime que l’élimination d’un kilogramme de pesticides, des milieux aquatiques revient à 60 000 euros ! On pourrait comptabiliser aussi les dépenses de santé nécessaires pour traiter les maladies causées par ces produits…

L’agriculture est souvent tenue pour responsable de la pollution engendrée par ces produits, mais les collectivités et les particuliers ont aussi leur part de responsabilité. Utilisés pour l’entretien des voiries, des parcs et jardins, des cimetières, les produits phytosanitaires contribuent à la dégradation de l’environnement et nuisent à notre santé à tous.

Grâce à la loi votée aujourd’hui, les collectivités devront dès le 1er janvier 2020 abandonner l’utilisation des produits phytosanitaires pour l’entretien de leurs espaces verts, forêts et promenades. Mais rien n’interdire d’agir tout de suite et de prendre des engagements devant les électeurs à l’occasion des municipales, qui seront appliqués dès avril 2014 ! Par exemple, celui de mener une campagne d’information et de sensibilisation des jardiniers amateurs. Et bien sûr, de renoncer à l’utilisation de ces produits dans les services municipaux des parcs et des jardins, en formant le personnel à des pratiques alternatives, plus respectueuses de l’environnement et de la vie. C’est une des propositions du Kit citoyen pour les élections municipales de 2014.

Nouvelle alerte sur l’eau potable d’Annet sur Marne

Décidément, la qualité de l’eau potable produite par l’usine d’Annet-sur-Marne dans le 77, a de quoi alerter les usagers !

L’association ADENCA indique qu’à de nombreuses reprises, tout au long de l’année 2013, une eau non conforme a été distribuée au robinet des habitants du nord-ouest de la Seine-et-Marne >>>voir les analyses

Cela s’ajoute à la pollution de la Marne par les rejets des eaux pluviales contaminées de l’aéroport CDG, en amont de la même usine >>>en savoir+)

Enfin, la plus importante décharge de déchets ultimes de France est installée en amont proche du captage (décharge Rep Veolia de Claye-Souilly) : bizarrement, certains contrôles de rejets polluants de cette décharge ne sont pas prévus par l’arrêté préfectoral qui autorise ce site.

Peut-on vraiment produire de l’eau potable à partir d’une eau brute aussi dégradée? Veolia répond oui, sur la base de ses compétences technologiques, mais les analyses de l’eau produite montrent que non!

unnamedLire les article dans le Parisien 77 :
« Inquiétude sur la qualité de l’eau pour 350.000 habitants » >>>ICI

L’association ADENCA a adressé une demande à Mme la préfète, pour exiger que des contrôles soient effectués, dans le but d’identifier les causes de non conformité de l’eau distribuée et d’y mettre fin au cours de l’année 2014 >>>lire le courrier adressé à Mme la préfète ICI

La Coordination EAU Île-de-France soutient et relaye cette initiative. Rejoignez cette action! Contact ICI

Rapport Lesage et crise du modèle français de l’eau

Le rapport d’évaluation de la politique de l’eau en France, publié par le député Michel Lesage, dresse un bilan accablant de la situation. Mais les mesures proposées restent cosmétiques face à la crise structurelle du modèle français de l’eau. Tribune de Jean-Claude Oliva, publiée dans Reporterre.

En juin 2013, le député Michel Lesage (PS, Côtes d’Armor), a publié un rapport sur la politique de l’eau en France.

Dès la préface, il pose les limites de son exercice. Exemple significatif, « les activités agricoles, note le rapporteur, sont à l’origine de pollutions dans certaines régions et  mobilisent les réserves d’eau l’été pour irriguer les cultures ». Mais ce constat posé, il renvoie dos à dos deux positionnements antagoniques : « ceux qui souhaitent conditionner les aides agricoles aux changements de pratiques » et « ceux qui considèrent que les agriculteurs en situation de crise subissent déjà des règles, normes et zonages environnementaux excessifs ».

Cette absence de choix ne débouche sur rien de tangible : « affirmer une volonté et une mobilisation collective » en prenant… la Bretagne comme le bon exemple à suivre !  Pourtant la qualité de l’eau est particulièrement dégradée dans cette région où de nombreux captages d’eau potable ont dû être fermés ces dernières années. C’est la manifestation criante de l’échec du modèle français de l’eau, dénoncée par ailleurs par M. Lesage.

Celui-ci envisage cependant « une plus grande conditionnalité des aides et une fiscalité incitative » avec des propositions qui concernent les engrais azotés mais ne s’attaquent… ni aux pesticides, ni aux porcheries industrielles (dont le gouvernement a allégé le régime d’autorisation). A la décharge de M. Lesage, on notera qu’il est député des Côtes d’Armor, un département comptant neuf fois plus de cochons que d’habitants humains : ceci explique-t-il cela ?

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Stop schistes! Journée mondiale contre la fracturation hydraulique et l’extractivisme

Samedi 19 octobre, le Global Frackdown 2 a vu l’organisation de plus de 200 actions dans 25 pays (presque tous les pays concernés) par les citoyen-ne-s, collectifs et organisations engagés contre l’exploration et l’exploitation des gaz et pétroles de schiste, gaz de houille, huile de roche mère (…) et autres hydrocarbures non conventionnels.

« N’inSCHISTez pas on n’en veut pas! »

« Manquerait plus qu’on nous schiste dessus! »

« Nous ne sommes pas maso-schistes! »

« Des bocages, pas des forages! »

Autant de slogans scandés à travers la France, au cours d’actions diverses:

De la manifestation de protestation dans la rue à Montelimar, Lille, Toulouse aux expositions-débat pour informer le grand public en Seine et Marne, en passant par un rassemblement devant le siège d’une compagnie pétrolière canadienne en Essonne.

A Paris, une péniche habillée du slogan « Stop Schistes » et embarquée avec un cracheur de feu, un robinet géant et des militants de 13 associations environnementales ont descendu puis remonté la Seine… Touristes et passants ont photographié la péniche, lancé des mots de soutien.

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Malgré la décision du Conseil Constitutionnel, les opposants à l’exploration d’hydrocarbures non conventionnels restent vigilants: la loi Jacob validée, suite à la question prioritaire de constitutionnalité posée par la compagnie américaine Schuepbach, interdit la fracturation hydraulique, mais elle prévoit aussi la possibilité d’expérimentations « à des fins scientifiques » et « sous contrôle public », d’une commission qui n’a pas été entièrement constituée et ne s’est jamais réunie. Les pétroliers eux ont déjà commencé leur lobby, en réclamant une application complète de la loi, pour que ces expérimentations aient lieu…

En Argentine, une course de solidarité, une caravane sur la route des pollutions dans le Mari Menuco, terre de forages et un débat dans une université. En Tunisie, un rassemblement devant la Sommet Nord-africain du gaz et du pétrole. En Roumanie de nombreuses manifestations et notamment en soutien aux victimes de la répression du mouvement contre les forages d’hydrocarbures non conventionnels de Rosia Mundi…

Climat: rendre l’eau à la Terre

Une alternative à la géo-ingénierie et à la fuite en avant techniciste, par Daniel Hofnung.

Le cinquième rapport du GIEC, publié le 27 septembre, considère qu’il est « très probable » que l’activité humaine soit responsable du réchauffement climatique.

Il préconise la baisse des émissions de gaz à effet de serre, mais on sait la difficulté de la communauté internationale à engager une bifurcation qui signifierait de s’inscrire dans le long terme, d’éviter le gaspillage des ressources naturelles et énergétiques d’un monde fini, et de tirer les conséquences du fait qu’elles ne sont pas illimitées.

Il évoque, pour la première fois une autre voie : la géo-ingénierie ou modification artificielle du climat, en le refroidissant, ce qui serait un constat d’échec des tentatives pour arrêter de le réchauffer.

Dans les chapitres 6 et 7, les rédacteurs consacrent une vingtaine de pages aux techniques « d’extraction du CO2 de l’atmosphère (CDR) ou de diminution du rayonnement solaire (SRM) » [1].

Cette issue est prise en compte par des décideurs, ainsi l’Union Européenne s’est dotée d’un organisme sur la question, EuTrace,  en regroupant des chercheurs d’une petite dizaine de pays (pour la France : du CNRS) après avoir constaté que « l’Ingénierie Climatique (IC) attire rapidement l’attention des milieux scientifiques, politiques, commerciaux et l’opinion publique comme pouvant aller de pair avec l’atténuation du changement climatique » [2]
Une de ses missions est d’« identifier les failles les plus importantes dans la compréhension actuelle de l’Ingénierie  Climatique. » : comment le comprendre ? Est-ce une préparation à la possibilité d’utiliser l’ingénierie climatique ?

Avec une telle option, les réponses au changement climatique seraient des artifices techniques basés sur l’épandage de produits chimiques dont on ignore les conséquences, à l’opposé de la mutation nécessaire de nos sociétés vers des sociétés du « bien-vivre » respectant les équilibres de la nature. Choisir la voie de la géo-ingénierie, c’est masquer les déséquilibres pour pouvoir continuer de polluer et de gaspiller sans rien changer, en s’engageant peu à peu vers un monde non vivable.

L’humanité n’a pas fait que développer les émissions de gaz à effet de serre ; elle a aussi gravement perturbé ou détruit le cycle de l’eau (pompage excessif dans les nappes, irrigation, artificialisation des sols…) Les rapports n’évoquent pas l’action du cycle de l’eau sur le climat, sujet rarement traité, mais peut-on le reprocher au GIEC ?

Non, il a travaillé sur la base d’un millier d’article publiés dans des revues à comité de lecture sur le sujet qu’il traite ; or si l’effet du changement climatique sur les cycles de l’eau est étudié, l’inverse, c’est à dire l’effet des modifications du cycle de l’eau sur le climat, n’est pas ou pour ainsi dire pas étudié [3]. Ce type d’étude n’est pas financé, ce qui fait que notre système s’est fermé à des réponses qui se placeraient non dans un cadre techniciste, mais au niveau de la restauration du rôle de l’eau dans l’environnement.

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Occupation de la plateforme de forage en Seine-et-Marne

 

hess-stop-forage-zoom.previewCommuniqué des Dindons de la Farce. « Dimanche matin de 06h53 à 12h30, le collectif des Dindons de la farce occupe la plateforme pétrolière de la Petite Brosse à Jouarre (Seine-et-Marne). 30 personnes pénètrent sur le site. Quatre « dindons » escaladent la tour de forage pour s’y enchaîner. Les gendarmes, arrivés une demi-heure plus tard, quadrillent le site et évacuent les occupants restés au sol. Fouille à corps, relevés d’identités, convocation à se présenter à la gendarmerie de Coulommiers à 9h15.

Mais les quatre alpinistes sont toujours sur la tour! Les dindons sur le beffroi n’ont même pas froid, ils tiennent bon en haut du mât et sont prêts à donner à qui veut l’entendre une véritable conférence au sommet : sur la farce qui se déroule depuis bientôt trois ans autour des hydrocarbures de schiste, sur les dangers de la fracturation hydraulique, sur notre refus catégorique des énergies extrêmes, sur notre vision d’une véritable transition énergétique et écologique.

Par cette action résolue, ils souhaitent attirer l’attention du public et des médias sur la farce qui se déroule sous nos yeux et dont ils refusent d’être les dindons.

La plateforme occupée est celle de la compagnie états-unienne HESS Oil, l’entreprise qui cette dernière année a réalisé plusieurs forages préparatoires sur des permis de recherche d’hydrocarbures officiellement déclarés comme portant sur l’huile de schiste. Il est de notoriété publique que l’huile de schiste est impossible à extraire sans recourir à une fracturation et qu’aujourd’hui seule la technique de fracturation hydraulique présente les conditions de rentabilité jugées satisfaisantes par les pétroliers.

Pourquoi  HESS Oil avance dans ses travaux alors qu’une loi (Loi n° 2011-835 du 13 juillet 2011 ) lui interdit de passer à l’acte ? Pourquoi cherche-t-elle des hydrocarbures qu’elle ne pourrait pas exploiter ? Difficile d’imaginer qu’un industriel entreprenne ces opérations coûteuses (12 millions d’euros par forage, soit plusieurs dizaines de millions d’euros par permis) sans attendre un possible retour sur investissement. Alors, pourquoi ? Spéculation?  Ou bien les dirigeants d’HESS Oil sont-ils si sûrs que l’interdiction sera levée comme le laisse craindre la Question Prioritaire de Constitutionnalité déposée par la compagne texane Schuepbach qui cherche à invalider la loi du 13 juillet (la décision du Conseil Constitutionnel sera rendue début octobre) ? Espèrent-ils, aussi, qu’à force de lobbying, un miracle ne rende les dangers de la fracturation hydraulique « socialement acceptables » jusqu’à ce que les dégâts, irréversibles, ne commencent à apparaître?

Les sites forés sont prêts pour la suite des opérations. Après en avoir terminé avec Jouarre, la foreuse HH300 de la COFOR (filiale de Vinci), utilisée par HESS Oil et conçue pour forer dans les schistes, partira sur une autre plateforme, probablement celle de Fonteney-de-Bossery (10 Aube), site qui offre une vue plongeante sur la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine, à moins de 110 km de Paris, en bord de Seine.

Alors cette foreuse, pour l’instant, nous la gardons. Pour mettre en lumière la farce en cours. Pour rappeler au Président Hollande – qui déclarait qu’il n’y aurait pas d’exploration d’hydrocarbures non conventionnels en France – de tenir sa parole. Pour que la Conférence environnementale en cours ne soit pas un nouveau catalogue d’intentions. Pour exiger la fin des forages exploratoires visant le gaz et le pétrole de schiste, de houille et l’huile lourde, l’abrogation de tous les permis de recherche portant sur ces hydrocarbures, le rejet de toutes les demandes de permis en cours d’instruction, l’abandon de tous les projets similaires et un ferme engagement pour une vraie transition énergétique et écologique. »

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