Cergy-Pontoise (95) : les super-profits de Veolia dans le Parisien

L’association Agleau l’a dénoncé : Véolia transforme les eaux usées en or.  Le Parisien a repris l’affaire : Veolia reconnaît un taux de rentabilité de 17% en 2017 et de 11% en moyenne sur les cinq dernières années. C’est déjà considérable mais en réalité le taux de bénéfices est bien de 40% en 2017 et de 22% sur les 5 dernières années de 2013 à 2017, maintient l’association. Visiblement, cela n’émeut pas beaucoup le Président de la Communauté d’agglomération: « Cette DSP remonte à 1994, explique-t-il. En 2003 j’avais fait un nouvel avenant car on s’était rendu compte qu’il y avait des taux de bénéfices très importants. Rompre le contrat aurait coûté trop cher alors nous avons négocié des taux de rentabilité compris entre 5,16 et 5,26 %. Manifestement ils sont au-dessus. »

La question est soulevée par l’association Agleau qui dénonce des bénéfices trop importants et des investissements inexistants sur le réseau. Ce que réfute l’agglomération.

Les chiffres semblent faramineux. 40 % c’est le taux de bénéfices que dénonce l’association Agleau (Alerte générale sur l’eau) et qui profiterait à la filiale de Veolia : Cergy-Pontoise Assainissement. L’entreprise est en charge du traitement des eaux usées dans le cadre d’une délégation de service public (DSP) pour la communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise (CACP).

Comment expliquer un taux de rentabilité si important ? Pour Veolia, la réponse est évidente : 40 % est un chiffre erroné. Selon un calcul complexe que le groupe nous a exposé, et après déduction des charges fiscales, Cergy-Pontoise Assainissement aurait réalisé 17 % de bénéfices en 2017. A noter également que l’entreprise a touché des indemnités de dédommagement suite à un incendie en 2016. Pour être totalement objectif, il faut donc s’appuyer sur le chiffre de 11 %, soit une moyenne des bénéfices enregistrés sur ces cinq dernières années.

« Avec de telles marges, on aurait pu améliorer le service »

Pour l’association, cela reste un taux bien trop élevé, et même « scandaleux ». « Les dividendes sont exorbitants et complètement anormaux, accuse André Martin. Pour une délégation de service public une marge de 2 %, éventuellement 3 %, peut être acceptable mais pas plus ! » D’autant que le prix de l’eau a légèrement augmenté depuis 2017. « Avec de telles marges, on aurait pu améliorer le service », suggère encore le président d’Agleau. Mais les derniers travaux de mise aux normes de l’usine de traitement des eaux à Neuville remontent à 2013 ; 19 M€ ont été investis « dans le cadre du prix de l’eau », rapporte Veolia.

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Archives. LP/C.L.

Face à ces accusations de gestion prolifique, le président de la CACP, Dominique Lefebvre, dénonce des « fake news » promulguées par Agleau. « Cette DSP remonte à 1994, explique-t-il. En 2003 j’avais fait un nouvel avenant car on s’était rendu compte qu’il y avait des taux de bénéfices très importants. Rompre le contrat aurait coûté trop cher alors nous avons négocié des taux de rentabilité compris entre 5,16 et 5,26 %. Manifestement ils sont au-dessus. »

Un audit doit être entrepris

Un audit va être lancé prochainement pour comprendre pourquoi la filiale de Veolia gagne autant. S’il semble peu probable que les choses changent avant la fin de la DSP en 2022, les élus communautaires réfléchissent à la suite. Dans le cas d’une nouvelle DSP, Dominique Lefebvre l’assure « il y aura des mécanismes de révision en cas d’une rentabilité importante du délégataire ».

De son côté, l’association Agleau propose que le SIARP (Syndical intercommunal pour l’assainissement de la région de Pontoise), qui gère actuellement la collecte des eaux, reprenne la compétence de l’assainissement. « Le SIARP ne peut pas remonter de dividendes car c’est un service public, conclut André Martin. Les bénéfices serviront à améliorer la qualité du service rendu. »

LE DÉBAT SUR LA DURETÉ DE L’EAU AVANCE DOUCEMENT

Suite aux plaintes répétitives de l’association Agleau, l’agglomération a lancé un groupe de travail pour tenter de trouver des solutions au problème de l’eau calcaire. Composé de 13 élus (un pour chacune des 13 communes), ainsi que de 10 représentants associatifs, le groupe s’est réuni une première fois mi-novembre 2018.

En parallèle, un audit a été lancé par la communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise pour évaluer les moyens techniques permettant d’améliorer le service. Le 21 février, une nouvelle réunion a eu lieu pour évoquer les éventuels changements à opérer, leur possibilité de réalisation, la répercussion sur le coût de l’eau pour les consommateurs et l’impact sur le contrat avec le délégataire. S’il est trop tôt pour évoquer les pistes de solutions proposées, le groupe de travail devrait de nouveau plancher sur la question avant l’été.

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