Clémentine Autain, tête de liste de pouvoir vivre en Île-de-France, a répondu à l’adresse de la Coordination EAU Île-de-France et développe son engagement en faveur d’une gestion de l’eau intégralement publique dans notre région.
La lutte pour le droit à l’eau sous propriété publique constitue un fil rouge de mon engagement. Dès mon premier mandat municipal, dans la ville de Paris, j’ai appuyé le retour en régie publique de la distribution d’eau déléguée à Veolia et Suez, au prix de tarifs élevés, d’un sous-investissement dans le réseau et de manœuvres financières douteuses. Cette conviction n’a fait que se renforcer et constitue un volet essentiel de mon programme pour l’Île-de-France.
Bien commun, essentiel à la vie humaine, l’eau demeure pourtant une marchandise dans notre région. A l’exception bienvenue de Paris, les multinationales Veolia et Suez règnent sans partage sur la production, le traitement et la distribution. Et ce, au détriment des usagers : leur eau connaît des non-conformités ponctuelles, est plus chère, et s’accompagne d’une dégradation du réseau. Elle est également anti-sociale, en témoigne les condamnations de Veolia qui n’hésite pas à couper l’eau aux usagers handicapés. Quant au fonctionnement actuel du Sedif, il s’apparente plus à une gestion féodale qu’à un gouvernement moderne, en témoignent les 38 années ininterrompues de présidence par André Santini. Le projet de fusion Veolia-Suez risque, en outre, de favoriser l’avènement de grands monopoles régionaux, accentuant toutes les tares évoquées précédemment.
La situation est de plus en plus menaçante, car la loi Notre de 2015 a transféré la compétence « eau » aux intercommunalités, ce qui force des maires partisans de l’eau publique à en déléguer la gestion au secteur privé. Pire, le projet du Grand Paris est un prétexte utilisé pour éloigner encore plus la compétence « eau » des citoyens et leur retirer le droit de décider localement du mode de gestion le plus approprié. Pourtant, le stress hydrique et les intrants polluants requièrent une vigilance, une planification à long terme et une transparence totale sur la gestion de la ressource. Dans ce contexte, le prochain « mégacontrat » du Sedif privé est prévu pour 2023 : la présidente de région jouera un rôle décisif à ce moment-là pour évincer Veolia et étendre le système de régie publique.
Je souhaite une région Île-de-France où la gestion de l’eau sera intégralement publique. Cela implique de mettre dehors les deux multinationales qui se gavent sur notre dos, Veolia et Suez. Avec mon élection, elles perdront leurs entrées à la région. Plus de dîners avec leurs lobbyistes ou de consultations occultes en amont des décisions régionales. Plus de conventions d’occupation du domaine public à titre gracieux. Notre eau du robinet ne leur rapportera plus un centime – tout l’argent gagné ira dans l’amélioration de la qualité de l’eau et la protection de la ressource.
Immédiatement, pour appuyer cette orientation, nous créerons un établissement public régional de l’eau. Il soutiendra l’ensemble des communes soucieuses d’instaurer une régie publique : il fournira des compétences techniques, multipliera les évaluations de la qualité de l’eau et apportera des moyens financiers. Les financements régionaux, de façon plus générale, seront réservés aux régies publiques.
Afin de concrétiser l’ambition, il nous faudra former des techniciens, des laborantins et des ingénieurs de très haut niveau. Un volet « métiers de l’eau publique » sera ainsi intégré à notre pôle public de formation. S’ils seront spécialistes aussi bien de la production, de la distribution et du traitement, ces professionnels de l’eau publique recevront aussi une formation à sa gestion démocratique et à la planification de la ressource à très long terme.
Pour l’eau publique, comme pour toute bataille politique d’ampleur, l’énergie populaire sera décisive. Il ne faut pas engager un bras de fer technocratique, mais associer le plus grand nombre aux orientations régionales et départementales nouvelles. Pour cela, j’accompagnerai les lycéens et leurs famille dans la découverte des réseaux franciliens de l’eau et leurs enjeux.
Mais, surtout, je leur donnerai du pouvoir, en convoquant une Convention citoyenne sur l’eau, suivant le modèle de la Convention citoyenne pour le climat. Les Conventions citoyennes consistent en un groupe de citoyens tirés au sort, qui formulent des préconisations après audition contradictoire de spécialistes. Elles ont deux vertus essentielles. D’abord, elles aident à démocratiser l’enjeu, dès lors que des milliers de citoyens le découvrent et s’en saisissent par le débat politique. Ensuite, elles améliorent radicalisent souvent les solutions proposées, comme l’a montré la Convention citoyenne pour le climat, forçant la main aux décideurs publics et ne délaissant aucune population. Convention citoyenne sur l’eau d’Île-de-France proposera ainsi une feuille de route pour gérer ce bien commun à l’échelle de la région et des départements.