Des fuites de données ont entaché l’appel d’offres pour la gestion de l’eau en Île-de-France. BFM Business s’est procuré l’expertise qui a servi à stopper la procédure et à débouter Suez en justice. Par Matthieu Pechberty.
Le processus d’attribution à un opérateur privé du plus grand marché européen de distribution d’eau, évalué à 4,3 milliards d’euros sur une durée de 12 ans, tourne au chemin de croix pour le Syndicat des Eaux d’Île-de-France, présidé depuis 1983 par André Santini, ancien ministre et maire d’Issy-les-Moulineaux (92). Veolia en est concessionnaire sans discontinuer depuis 1923. Par Marc Laimé, dans Carnets d’eau, blog du « Diplo ».
La combine du SEDIF pour attribuer coûte que coûte le marché, en dépit de la fuite organisée de documents confidentiels en faveur de Veolia, peut-elle faire long feu? S’estimant lésé, Suez vient de déposer un recours express qui sera examiné le 21 novembre. Pour autant, on ne peut exclure in fine un arrangement entre les deux multinationales sur le dos des usagers qui sont les vraies victimes du coup tordu du SEDIF. En effet, en choisissant sur la base des offres intermédiaires, le SEDIF s’interdit d’obtenir les meilleures conditions économiques pour les usagers et s’affranchit des conclusions du débat public sur l’eau potable qui s’est tenu après « la grosse fuite ». Les pouvoirs publics, via le Préfet de région Marc Guillaume, doivent intervenir pour protéger les usagers et demander la suspension de ce marché truqué. Notre avis et les liens vers les articles de Marianne, du Monde et de Citoyens.com
Selon Le Monde et l’AFP, six mois après la suspension de l’appel d’offres suite à la fuite organisée et éventée de documents au bénéfice de Veolia, M. Santini déclare l’appel d’offre terminé ! Il annonce une saisine du TA qui si elle est faite, ne donnera un jugement que dans deux ans, bien après la désignation du délégataire du marché et, à un moment où il sera trop tard pour en changer. Et en revenant aux offres de début avril, il tente de squeezer le débat public sur l’eau potable en Île-de-France qui s’est conclu par un quasi consensus contre le projet du SEDIF d’installer l’osmose inverse basse pression dans ses usines. Un tour de passe passe destiné aussi à masquer la gravité des faits intervenus au SEDIF. Les pouvoirs publics vont-ils laisser faire ? Extraits ci-dessous.
Au Syndicat des eaux d’Île-de-France (SEDIF), il n’y a pas que les canalisations qui ont des fuites! Et le renouvellement du contrat de délégation de service public du SEDIF et son corollaire, la mise en place de l’osmose inverse basse pression (OIBP), apparaissent décidément bien plombés. Le transfert massif des fichiers de la réponse de Suez à son concurrent Veolia n’est pas accidentel, contrairement à ce qui était expliqué de façon complaisante par les Echos et le Figaro ces derniers jours. Il s’agit bien d’une fuite organisée, révèle BFM Business. Extraits et lien vers les articles, ci-dessous. Incapable de faire face à cette situation qui engage sa responsabilité, M Santini, le président à vie du SEDIF, déploie un rideau de fumée avec de pleines pages de publicités dans Le Parisien et dans le Magazine des acteurs du Grand Paris, luxueuse expression de la finance mondiale en Île-de-France.
Il est temps d’arrêter les frais. Cet appel d’offres truqué ne peut pas repartir à zéro dans les circonstances actuelles. L’abandon de l’OIBP et la mise en place d’une régie publique sont la seule sortie de la crise, nonobstant les poursuites pénales pour les instigateurs de la tricherie qui tourne au fiasco. Mais où sont les pouvoirs publics?
Des trois réunions de proximité organisées par la commission du débat public et du débat à l’Académie du Climat, à propos du projet du SEDIF de généraliser la technologie de l’OIBP à ces principales usines, se dégage une constante dans l’argumentation pourtant fluctuante du SEDIF. C’est de prétendre qu’on ne peut rien faire contre la pollution de l’eau par les pesticides. C’est évidemment faux.
un réseau qui réunit citoyens et associations autour de la ressource en eau en Île-de-France et sur tout le territoire français, sur tous les aspects: social, environnemental, économique, juridique, de la santé, culturel…