Le 29 avril dernier, un incendie a frappé l’usine d’assainissement des eaux usées de Colombes, dans les Hauts-de-Seine. Les causes de l’accident ne sont pas encore connues, aucune communication officielle n’avait été faite jusqu’à ce que Marianne s’y intéresse. Par Marc Laimé.
Dans la nuit du vendredi 29 au samedi 30 avril, d’importants effectifs de pompiers sont intervenus à l’usine d’assainissement des eaux usées de Colombes (92), propriété du Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (SIAAP) pour y combattre un incendie aux images spectaculaires. Une véritable chape de plomb pèse depuis sur cet accident, trois ans après l’incendie qui avait déjà touché une autre usine du syndicat, le mercredi 3 juillet 2019, à Achères (78). Une vive polémique avait alors éclaté.
Créé en 1970, le Siaap, premier donneur d’ordre européen dans le domaine de l’environnement, avec un budget annuel d’un 1,2 milliard d’euros, collecte, traite et rend à la Seine et à la Marne les 2,5 millions de mètres cubes d’eaux usées de 9 millions de Franciliens.
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Il alimente depuis plus de vingt ans la chronique judiciaire autour de soupçons de marchés frauduleusement attribués aux multinationales du secteur.
Reconstruite en 1998, l’usine de Colombes, héritière d’une extraordinaire saga industrielle commencée à la fin du XIXème siècle, traite les eaux usées et pluviales de Paris et de l’ouest parisien, avec une capacité de 240 000 mètres cubes par jour.
UN PRÉCÉDENT INCENDIE EN 2007
On avait déjà frôlé la catastrophe le 4 septembre 2007 à Colombes, quand un violent incendie s’était déclaré à 9 h 30 dans l’usine, laissant s’échapper une épaisse fumée noire. Les secours avaient maîtrisé le feu qui s’était déclaré aux abords de containers chimiques. Au total une quinzaine de casernes de pompiers avaient dû être mobilisées. En conséquence, en 2016, le SIAAP lançait un marché d’un montant de 858 655 euros, attribué au groupement Industrelec et DEF, qui visait notamment le remplacement de la centrale et la mise en conformité de plusieurs équipements.
En interne, les salariés du syndicat, qui ne cessent depuis des années de dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail et l’absence de tout dialogue social, et n’ont pas davantage été informés de l’accident, évoquent deux pistes : un défaut d’entretien du poste à haute tension qui jouxte l’unité de stockage des réactifs, ou, plus grave encore, l’incendie des fours d’incinération des boues produites par l’épuration des eaux usées.
INVESTIGATIONS EN COURS
Hier, mardi 3 mai, le SIAAP, qui n’avait toujours pas communiqué officiellement, confirmait à Marianne un départ de feu dans un poste électrique aux alentours de 23 heures, le vendredi 29 avril. « La détection incendie a immédiatement alerté l’équipe de quart du départ de feu, celle-ci se rendant sur place immédiatement. Par mesure de sécurité, l’activité de l’usine a été stoppée. Cet incident n’a fait aucune victime et il n’y a pas non plus de conséquence sur l’environnement car les eaux traitées à Seine Centre ont été déroutées vers l’usine Seine aval. » assure le Syndicat.
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Autre précision du SIAAP : « Le feu a détruit le poste électrique permettant le fonctionnement de l’incinération des boues. Les installations permettant le fonctionnement de l’ouvrage n’ont pas été touchées. Des investigations ont lieu avec les services de l’État pour préciser le déroulement des évènements. Un retour d’expérience sur l’incident est en cours, ainsi que les travaux de remise en route menés par les équipes du SIAAP pour aboutir le plus tôt possible au redémarrage des installations. »
Quid du traitement des boues en attendant ? Les débats incessants autour de l’avenir du « Grand Paris », qu’Emmanuel Macron a placé de nouveau au menu de son second mandat, mériteraient qu’on se penche enfin sur le fonctionnement des grands syndicats techniques franciliens, véritable État dans l’État, qui dictent dans une grande opacité l’agenda de toutes les politiques publiques essentielles de l’agglomération parisienne.
Mise à jour du 10 mai
Selon un second article, réservé aux abonnés de Marianne, 300 000 m3 d’eau pollué auraient été déversés dans la Seine…
Incendie de l’usine d’épuration de Colombes : 300 000 m3 d’eau polluée déversée dans la Seine