D’où vient, où va la fortune de Suez?

La lettre de l’Observatoire des multinationales (dont nous publions un extrait) s’interroge sur la provenance de la fortune des milliardaires et des grandes multinationales. On se souvient que Philippe Rio, maire de Grigny et président de la régie publique de l’eau de Grand Paris Sud, alertait dans l’article Quand Suez joue au bonneteau sur le gonflement artificiel des tarifs de vente de l’eau en gros par la multinationale. Alors ceci explique-t-il cela? Et où va cette fortune ? Suez vient de changer de mains, s’éloignant encore davantage des collectivités …si c’est possible!

Une affiche sur l’hôtel de ville de Grigny.

Au bonheur des monopoles

Mais d’où vient véritablement la fortune des milliardaires et des grandes multinationales qui se retrouvent à Davos ? Par Olivier Petitjean.

C’est la question sur laquelle se penche un nouveau rapport, appuyé sur des données inédites, que publient un collectif de quatre ONG européennes – Balanced Economy Project, Global Justice Now, Somo et LobbyControl. Leur réponse est résumée dans son titre : Taken, not earned, « Pris, pas gagné ».

Quoiqu’en disent leurs thuriféraires, les Bernard Arnault et Elon Musk de ce monde ne doivent par leur extrême richesse qu’à eux-mêmes, à leur talent et à leur audace. Leur fortune tient à leur capacité à siphonner les richesses. C’est-à-dire, pour le dire plus encore crûment, à leur pouvoir de monopole.

Ce pouvoir de monopole, le rapport Taken not earned propose de le mesurer à travers un indicateur simple mais particulièrement efficace : celui de la marge, ou markup en anglais. Il s’agit grosso modo de la différence entre le coût de la production d’un bien ou service et le prix auquel une entreprise parvient à le vendre sur les marchés. Pour ce qui est des 20 plus grosses multinationales au monde, dont 14 sont des partenaires officiels du Forum de Davos et dont les patrons figurent souvent en parallèle dans la liste des plus grandes fortunes mondiales (Bernard Arnault pour LVMH, Elon Musk pour Tesla, et ainsi de suite), le taux moyen de marge s’établit à pas moins de de 50%.

Pour les auteurs du rapport, ces taux de marge indécents s’apparentent même à un « impôt privé » que, tels des seigneurs féodaux, les multinationales et les milliardaires prélèvent sur la richesse collective grâce à leurs situations de rente. S’il est légitime, comme le proposent Oxfam et d’autres, de combattre les inégalités à travers la fiscalité, notamment en ciblant les grandes fortunes, le rapport Taken not earned propose ainsi de prendre le problème à revers. En plus de taxer les riches, on peut aussi s’attaquer à la source structurelle de leur fortune indécente, à savoir leur capacité à siphonner les richesses.

Lire la présentation du rapport effectuée par l’Observatoire des multinationales

Suez change de mains

Le géant de la finance BlackRock (dont la puissance économique le classe en 3e position derrière les Etats-Unis et la Chine) a racheté pour 12,5 milliards de dollars le fonds Global Infrastructure Partners (GIP). Ce fonds est spécialisé dans les investissements dans les infrastructures, transformées en sources de revenus financiers. GIP est, entre autres, actionnaire à 40% du « nouveau Suez » aux côtés de Meridiam et de la Caisse des dépôts. Suez se financiarise davantage et s’éloigne ainsi un peu plus des collectivités.

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