En finir avec la surfacturation

Après le rassemblement inédit le 20 mars dernier, face à l’usine d’eau potable de Morsang sur Seine, et le vote à l’unanimité le 7 avril par Grand Paris Sud du tarif d’achat d’eau en gros, actant l’échec des négociations avec Suez, voici un communiqué commun d’Eau publique Orge Essonne, de la Coordination EAU Île-de-France et d’Aggl’eau Paris Saclay.

L’attitude de Suez montre qu’il n’y a pas de temps à perdre

1 En refusant définitivement de rendre des comptes sur la gestion et la valeur du RISF, Suez prouve définitivement qu’il n’a aucun argument pour nous le faire repayer encore une fois dans nos factures d’eau. Sa restitution sans contrepartie au syndicat des intercommunalités qu’il dessert s’impose dès lors.

2 Il faut donc en finir d’urgence avec la surfacturation de l’eau en gros achetée à suez pour alimenter nos robinets. (estimée, sur la base d’autres réseaux comparables, à 0,25€ sur un total de 0,70€ au mètre cube facturé aux services locaux de distribution, soit une marge de 30%! )

Le 20 mars, nous lancions un préavis de grève du payement de cette rançon, dans l’attente des négociations requises pour faire enfin la lumière sur le prix de notre eau potable: la position de Suez exige de passer à l’action :

Nous demandons que toutes les intercommunalités concernées ne payent désormais l’eau fournie par Suez qu’à son prix réel de 0,45€ le mètre cube et que cette économie revienne directement aux usagers.

Nous nous félicitons que les élus de « Grand Paris Sud » se soient, dès le 7 avril, engagés à l’unanimité, et appelons nos élus de Cœur d’Essonne, Val d’Yerres-Val de Seine, Grand Orly Seine-Bièvre à se joindre à cette action.

3 Nous protestons solennellement contre les tergiversations et les tractations en coulisse des dirigeants de la Communauté Paris-Saclay, accrochés à des pratiques de marchandage d’un autre temps. Nous leur demandons de se joindre enfin à la démarche constructive solidaire des autres collectivités du Sud Francilien, face aux multinationales de l’eau.

4 Nous demandons aux collectivités fondatrices du nouveau syndicat de production et transport d’eau de le doter d’emblée d’une Commission consultative paritaire, donnant aux usagers un droit de regard et de proposition sur les choix de production et de tarifs de la nouvelle structure, selon les principes de justice sociale et climatique impératifs pour répondre aux enjeux de l’eau dans notre région. Une manière de garantir dans la durée, la co-construction entre collectivités et habitants des politiques publiques à la hauteur de cet enjeu.

Suez ça suffit, rendez-nous nos usines!

Nous avons été assez rançonnés!

La légitimité est du côté des usagers et de leurs élus, pas des actionnaires

Rappel historique : un feuilleton de 13 mois qui n’a que trop duré!

Le cadre :
  • Depuis plus d’un siècle Suez(ex Lyonnaise des Eaux) détient le monopole de la production de notre eau potable à travers le RISF(Résau Interconnecté du Sud francilien)

  • Les communautés d’agglomération essonniennes1, appuyées par le Conseil Départemental, veulent recouvrer la maîtrise publique de la production d’eau potable. et donc récupérer le réseau, déjà largement payé par les usagers à travers leur factures, grâce à la création en 2022 d’un Syndicat mixte.

Les épisodes :

Mars 2021 : Les communautés d’agglomération essonniennes appuyées par le Conseil Départemental affirment leur volonté de recouvrer la maîtrise publique de la production d’eau potable. Elles annoncent, pour cela, la création en 2022 d’un syndicat mixte destiné à reprendre la propriété du réseau RISF.

Juillet 2021, ouverture des négociations avec Suez

Un premier obstacle : Suez réclame le prix fort pour le restitution de son réseau et ceci sans aucun document à l’appui. Au terme des discussions, ils acceptent de fournir « prochainement » un document comptable la VNC(valeur nette comptable) du patrimoine prouvant qu’il restait une partie à rembourser. VNC=coût d’acquisition-amortissements. Ces derniers devraient, en toute logique et compte tenu de l’ancienneté de l’usine/des installations être terminés depuis longtemps, ce qui fixerait cette VCN à zéro euro.

8 mois plus tard : Coup de théâtre : Prétextant le « secret des affaires » les dirigeants de Suez exigent des négociations à huis clos, excluant les habitants de cet enjeu majeur. Ils ne fournissent toujours pas la VCN promise, et, pire, voilà qu’ils veulent attendre la fin de l’offensive boursière, OPA hostile de Véolia sur Suez pour reprendre les discussions.

4 Avril 2022 : Le coup du mépris et la rupture: Après plus de 8 mois, une nouvelle réunion de discussion se tient avec Sabrina Soussan, nouvelle Directrice d’un Suez démembré par Véolia..

Suez refuse finalement de fournir la VCN seul document pouvant justifier de la contrepartie exorbitante demandée par elle pour la cession des usines et des réseaux d’eau potable de Sud Francilien. C’est la rupture !

Quelles conclusions à ce feuilleton?

Un constat:

Des pratiques qui légitiment la réappropriation publique du cycle de l’eau, l’abus de position dominante, le mépris du bien public et des citoyens auxquels on ne doit aucun compte, l’opacité des affaires, le refus de considérer l’eau comme bien commun de l’humanité à préserver et la volonté d’en faire uniquement une source de profits

Des rançonneurs qui ne connaissent que les rapports de force

Face à des habitants-citoyens désormais convaincus que l’eau est un bien commun à préserver de la marchandisation, les dirigeants de Suez veulent imposer leur loi, refusant de voir que la situation a changé; refusant de renoncer aux abus de position dominante et refusant de répondre aux besoins des habitants pour satisfaire la voracité des actionnaires.

Ceux qui tablaient sur un comportement républicain de ces dirigeants, respectueux de la démocratie locale et des attentes des populations doivent se rendre à l’évidence: Nous avons affaire à des rançonneurs sans scrupule ni remord, qui ne connaissent qu’une règle, celle du rapport de force.

1 Grand Paris Sud, Cœur d’Essonne, Val d’Yerres-Val de Seine, Grand Orly Seine-Bièvre, …En attendant Paris-Saclay dont les dirigeants traînent des pieds

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