Le collectif Préservation Berges de Seine dont fait partie la Coordination EAU Île-de-France, s’est adressé à l’établissement public Haropa Port pour réclamer une nouvelle fois le rapport d’analyse des sept projets candidats à l’occupation de la parcelle dévolue au projet Green Dock de la multinationale australienne Goodman, ainsi que leurs dossiers de candidature (voir courrier ci-dessous).
Par ailleurs, une troisième ville de Seine Saint-Denis, Saint Ouen, a pris officiellement position contre le projet Green Dock (voir communiqué ci-dessous).
« Ce message officiel s’adresse à vous et aux autres représentants de l’établissement public Haropa Port.
Il émane de la coordination d’un collectif de 12 associations de défense de l’environnement mobilisées contre le projet d’entrepôt géant mal nommé « Green Dock » (35 mètres de haut, 600 mètres de long, fonctionnement 24h/24, au minimum 85% des marchandises transitant par les routes) que la multinationale australienne Goodman entend édifier à même les berges de Seine, en lisière de la zone naturelle protégée et réserve ornithologique d’intérêt majeur de l’aval de L’Île-St-Denis, sur un terrain administré par Haropa Port.
Au nom de ce collectif, et avec les élus et les journalistes qui suivent ce dossier, auxquels vous déclarez dans plusieurs articles que vous jouez « la carte de la transparence » avec les citoyens et les associations préoccupés par ce projet, je me permets de revenir vers vous, pour vous refaire la demande de nous communiquer le rapport d’analyse des sept projets candidats à l’occupation de la parcelle, ainsi que les dossiers de candidature afférents.
Pour rappel, les représentants d’Haropa Port présents aux réunions de « concertation » avec les associations, se sont engagés à nous fournir ces documents. Notre première demande officielle avait été refusée au motif que « la convention d’occupation du domaine public n’avait pas encore été signée avec Goodman » (je cite la justification donnée par M. Berbain, directeur général délégué de la Direction territoriale de Paris, dans le courriel de refus que nous a adressé M. Lucas Macle, juriste auprès de la direction judiciaire d’Haropa Port le 28 octobre 2022, voir pièce jointe). Or, entre temps, la convention en question a été signée : https://www.haropaport.com/ fr/publication-de-decision/ avis-dattribution-de- convention-doccupation-du- domaine-public-fluvial-0 Plus rien ne s’oppose donc a priori à ce que vos services nous communiquent les dossiers des sept projets candidats à l’appel publié par Haropa Port, ainsi que le rapport d’analyse afférent.
Il s’agit de la quatrième relance que nous vous faisons à ce sujet, et nous commençons à nous demander pour quelles raisons ces documents ne peuvent nous être communiqués par vos services.
Est-ce que l’attribution de ce gigantesque marché à l’entreprise Goodman serait de nature à entraîner la suspicion ?
Est-ce que l’examen des autres projets serait de nature à contredire les déclarations publiques de M. Jean Plateau, directeur du port de Gennevilliers et représentant d’Haropa Port, selon lesquelles tous les projets candidats avaient le même gigantisme (éminemment problématique dans le cas qui nous occupe), alors même que l’appel à projet ne comportait aucune incitation au gigantisme et à la surdensification ?
Est-ce que le fait d’avoir sélectionné le projet pharaonique de la multinationale australienne Goodman pour une construction en lisière d’une réserve ornithologique place Haropa Port dans une position délicate, cet établissement public ayant parmi ses missions la préservation de la biodiversité sur l’axe Seine ? Comment en effet vanter à grands coups de vidéos officielles l’intérêt de préserver les Grands Cormorans et les Martins Pêcheurs d’Europe (https://www.youtube.com/ watch?v=D7TZMbnVVeE), et dans le même temps, commanditer en lisière sud de leur nichoir, une muraille de Chine industrielle de 35 mètres de haut, en verre, avec des serres sur le toit, éclairée 24h/24, les nuisances sonores d’un défilé permanent de poids lourds sur une rampe de 25 mètres de haut, qui va couper leurs trajectoires de vol, perturber leur tranquillité, et les priver du soleil en hiver ?
Au cours du processus de « concertation », les représentants de la multinationale australienne Goodman nous ont communiqué des données trafiquées (nombre de camions quotidien sous-estimé, vues d’architecte mensongères, etc.) et nous ont sciemment barré l’accès aux études qu’ils avaient diligentées, ne nous permettant donc pas d’en vérifier la méthodologie et les résultats. Cela n’est pas surprenant de la part d’une entreprise privée, dont le but est la recherche du profit maximal par tous les moyens. Mais est-ce qu’un établissement public comme Haropa Port, dont le but est d’être au service de l’intérêt général, ne devrait pas pouvoir communiquer ouvertement avec les citoyens français regroupés en association ? Nous faudra-t-il saisir la CADA et l’association Anticor afin d’obtenir les documents que nous demandons ?
Nous vous serions gré d’accéder à notre demande, et de nous communiquer le rapport d’analyse des sept projets candidats à l’occupation de la parcelle, ainsi que les dossiers de candidature afférents.
Ou, au moins, de répondre à notre message, en clarifiant votre position quant à cette demande.
En vous remerciant, bien cordialement,
Antoine Gaudin
(pour le collectif Préservation Berges de Seine) »
Déclaration de la ville de Saint Ouen au sujet du projet « Green Dock » du port de Gennevilliers
La Ville de Gennevilliers a annoncé lors de son Conseil municipal de mai dernier, la construction d’une plateforme multimodale appelée « Green Dock » dans son port; bâtiment de 35 mètres de haut, 600 mètres de large et 90 000m² d’entrepôts pour les marchandises.
Depuis près de deux ans, la Municipalité de Saint-Ouen-sur-Seine a entamé un projet ambitieux de reconquête des berges de Seine, respectueux de l’environnement, apaisé et à taille humaine, permettant de se réapproprier ce poumon vert, en favorisant les mobilités douce et en limitant les émissions de CO2.
La ville de Saint-Ouen-sur-Seine souhaite connaître les détails du projet « Green Dock » et obtenir des garanties pour le respect des enjeux environnementaux. Enfin, la Ville est prête, de son côté, à valoriser les berges de Seine pour accueillir une base multimodale qui conjuguerait emploi, loisir, navette fluviale et développement logistique du dernier kilomètre.