« Trajectoire zéro déchet et zéro plastique à usage unique pendant l’événement ». Ce sont les mots du Comité d’Organisation des Jeux olympiques et paralympiques Paris 2024 dans sa charte « Notre engagement Paris 2024 ». Pourtant, dans un document confidentiel que s’est procuré France Nature Environnement, le Comité des Jeux Olympiques prévoit que sur les 18 millions de boissons distribuées par Coca-Cola pendant les Jeux, plus de la moitié le seront via des bouteilles en plastique. Loin de l’ambition affichée de Jeux zéro déchet.
Des boissons vendues dans des écocups …mais provenant de bouteilles en plastiques
Coca-Cola, élue cette année encore « championne du monde » de la pollution plastique a obtenu l’exclusivité de la distribution et la vente des boissons pendant les Jeux. Dans sa communication officielle, l’entreprise se veut rassurante et engagée : elle prévoit pour limiter les déchets l’installation de 700 fontaines à boissons, la distribution d’écocups et de bouteilles en verre, et lorsque « les conditions opérationnelles empêchent l’installation de fontaines », la distribution de bouteille en plastique. Sans toutefois préciser les volumes. D’après un document confidentiel, nous avons appris que trois quarts des boissons prévus à la vente proviendront de bouteilles en plastique. Ainsi, sur les 9 millions de boissons vendues au public, 6,4 millions proviendront de bouteilles en plastique.
Avec une subtilité : les boissons des bouteilles en plastique seront servies aux consommateurs.trices dans des éco-cup consignées. Un subterfuge permettant à Coca-Cola de se vanter que « trois quarts des boissons distribuées aux consommateurs.trices le seront sans contenant plastique à usage unique ».
Une demande de dérogation pour la distribution de quatre millions de bouteilles en plastiques aux athlètes
La loi Anti Gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) interdit la distribution gratuite de bouteilles en plastique dans les établissements recevant du public, sauf par exemple en cas d’impératif de santé publique (1). C’est ce motif qui est invoqué par le Comité des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJOP) pour demander la distribution gratuite de 4 millions de bouteilles en plastique aux athlètes et aux arbitres pendant les jeux. Le COJOP invoque un enjeu de santé publique, estimant que la bouteille plastique est le seul moyen « d’éviter le dopage par sabotage ». Pourtant, certaines épreuves, comme celles de tennis, prévoient des gourdes et des fontaines à eau pour les athlètes qui n’auront pas de bouteilles en plastique. Aucun papier officiel n’atteste ni ne justifie cette dérogation.
France Nature Environnement (FNE), aux côtés de Zéro Waste France, No Plastic in My Sea, et Surfrider a déposé une demande officielle de documents administratifs à la Délégation Interministérielle des Jeux Olympiques, ainsi qu’au ministère de la Transition Ecologique, et des Sports, pour recevoir les raisons de cette dérogation. Sans réponse de leur part, nous avons saisi les autorités administratives.
(1) Article 77 de la loi AGEC codifié à l’article D.541-340 du Code de l’Environnement
Une pollution plastique injustifiée
Ainsi, sur la prévision de distribution et de vente de 18 millions de boissons, plus de 10 millions proviendront de bouteilles en plastique.
« Les Jeux Olympiques de Paris auraient pu être l’occasion de montrer au monde entier qu’un nouveau modèle sans plastique et plus respectueux de la planète était possible. Il suffisait juste de vouloir vraiment s’en donner les moyens. C’est une autre voie qui a été choisie. Étonnant, non ? » estime Axèle Gibert, coordinatrice du réseau déchets chez FNE
Dans moins de 2 mois, des milliards d’yeux seront tournés vers la France qui est en passe de louper une occasion unique de porter le flambeau du zéro déchet.