Ibrahim DUFRICHE-SOILIHI, Co-président du groupe des élu-e-s « Ensemble pour Montreuil », appelle le Maire de Montreuil, Patrice BESSAC, à tenir l’engagement commun des formations de gauche et écologiste pour la défense du service public et à saisir la possibilité qui s’offre en 2017 de sortir du SEDIF et de créer un nouveau service public pour l’eau en partenariat avec Eau de Paris.
« Depuis 2010, 300 villes, de couleurs aussi différentes que Paris, Nice, Montpellier, Troyes, ou encore Saint-Pierre-des-Corps, ont choisi de revenir à une gestion publique de l’eau. Les maires le font pour différentes raisons : rationalité économique d’une part, préservation de la ressource, meilleure maîtrise du cycle de l’eau, allégement de la facture des usagers, réappropriation des savoirs et du savoir-faire disparaissant du service public en cas de délégation, gestion de l’eau en fonction des enjeux de biodiversité et de climat d’autre part. Enfin, les municipalités ont fait ce choix afin que l’eau ne soit pas considérée comme une marchandise mais comme un bien commun.
Avec la loi « NOTRE » et le transfert de la compétence « Eau et Assainissement » aux EPT, des opportunités nouvelles nous sont offertes pour gérer l’eau en service public. Actuellement les EPT se substituent aux villes et aux EPCI pour lesquels la compétence en matière d’eau était exercée par un syndicat. C’est le cas pour le SEDIF qui exerçait l’administration et la gestion du service public de l’eau potable pour le compte d’Est Ensemble. Or, au 31 décembre 2017, l’EPT Est Ensemble sera retiré de plein droit du SEDIF et devra délibérer pour y ré-adhérer ou non.
Nous pensons que ce changement institutionnel constitue une réelle possibilité pour passer à une gestion publique de l’eau, honorant ainsi notre engagement commun de formations de gauche et écologiste unies pour la défense du service public.
Il en va de l’intérêt des habitants : une eau moins chère est possible. Dès la première année du retour en régie, c’est 40 millions d’euros qui ont été économisés avec « Eau de Paris ». Ils ont été redistribués aux usagers d’une part, et ont permis de nouveaux investissements d’autre part. Certes le SEDIF, aux abois, annonce une baisse de ses tarifs au 1er janvier 2017, mais ceux-ci restent considérablement plus élevés que ceux d’Eau de Paris : près de 30% plus cher pour une production pourtant standardisée. Est Ensemble a donc la possibilité de décider de créer une régie, une société publique locale, ou bien une autre structure. Le territoire peut aussi décider de laisser les communes qui le souhaitent, gérer elles-mêmes leur en eau en régie publique.
Rappelons que notre agglomération, maintenant territoire, s’est construite dans le respect des volontés politiques de chaque ville et qu’il serait malvenu d’imposer à ceux qui préfèrent la gestion publique de continuer avec le SEDIF/Veolia. Cette solution de compromis, des villes en gestion publique, d’autres avec le SEDIF/Veolia, permettrait de sortir par le haut de la crise qui a déchiré la majorité d’Est Ensemble en 2010. C’est une solution d’apaisement. Cette option est envisageable à Montreuil, notamment grâce à une coopération rendue ouverte avec le service public « Eau de Paris », voisin direct de nos communes. De premières études démontrent que le retour en régie est techniquement faisable.
Pour explorer cette voie, il est nécessaire d’engager rapidement une étude de faisabilité précise, avec un calendrier plus rapproché, avec des niveaux et durées d’amortissements des investissements adaptés et non réduits à 12 ans, sur les conditions d’alimentation de notre ville par Eau de Paris et de gestion du réseau, ainsi que les conditions juridiques de sortie de la ville du SEDIF. Ceci sans attendre la fin du contrat SEDIF Veolia en 2022.
Enfin, comme vous l’écrivez à juste titre dans votre édito de janvier 2017, le maître-mot de l’action municipale pour la nouvelle année se devra d’être le mot « innover ». Alors, ensemble innovons justement en se donnant les moyens de la réussite de mise en place d’un nouveau service public. Nous, élu-e-s de gauche et écologistes en responsabilité, sommes désormais face à un choix essentiel à assumer en conscience, sans tergiversations. Il s’agit de mettre en concordance nos discours avec nos actes. Aussi, nous vous demandons Monsieur le Maire, de bien vouloir prendre contact avec « Eau de Paris » pour faire réaliser ces études dans le cadre du marché d’études bilatérales que cet organisme a ouvert. Comme l’ont d’ores et déjà fait des villes comme Orly, Arcueil, Ivry… Cette démarche n’implique pas de coût financier pour notre ville, les études sont prises en charge par Eau de Paris.
Ne doutant pas de la force et la pertinence de nos engagements communs, nous appelons les groupes de notre majorité à se mobiliser, afin de nous mettre en situation de gagner cette nouvelle bataille pour l’eau en service public. »