C’est peu probable au vu des expériences précédentes à Paris et ailleurs. Il y avait bien une solution plus sobre, plus écologique et sans doute plus efficace, mais elle n’a pas été retenue. Inauguré en grande pompe le 2 mai, le bassin d’Austerlitz sera un grand projet inutile, héritage des JOP2024. Nous nous souviendrons aussi de la mort d’Amara Dioumassy, chef d’équipe, pendant les travaux. Lire notre article et ceux du Parisien, du Monde et de Reporterre.
Le bassin Austerlitz est un stockage d’eau unitaire (mélange d’eau usée et d’eau pluviale), intégré au système d’assainissement de Paris, d’un volume de 46 000 m³, et construit dans le cadre du Plan Baignade visant à assainir la Seine suffisamment pour pouvoir y organiser des épreuves de natation dans le cadre des Jeux olympiques de 2024. Le coût est de 90 millions d’euros, financé par l’Agence de l’eau Seine Normandie, le SIAAP et la Ville de Paris.
Ce bassin se situe sous le square Marie Curie au voisinage de la gare d’Austerlitz (Paris 13ème). Deux puits de descente de part et d’autre de la Seine permettent de récupérer les eaux unitaires depuis les déversoirs d’orage, pour les acheminer au bassin via un tunnel de 800 mètres de longueur. Une station de pompage permettra la vidange du bassin vers le réseau.
Une autre solution existait
Au départ, la Ville de Paris ne souhaitait pas faire un troisième stockage aval, vu le manque d’efficacité des deux premiers stockages avals parisiens (le stockage Proudhon et le Tunnel Ivry Masséna), et eu égard au coût relativement élevé de ce genre de dispositif. Aussi a-t-elle missionné l’APUR pour proposer une solution alternative basée sur les techniques alternatives de gestion des eaux pluviales qui consistait à déconnecter 70% de la voirie des 12ème et 13ème arrondissements par des noues végétalisées, solution reconnue plus efficace que le projet de stockage en béton et contribuant au verdissement de Paris. Le coût de cette solution alternative était estimé à 17 millions d’euros.
Découvrir la présentation résumée de la solution alternative de l’APUR – ville de Paris
Un bassin qui ne va rien changer?
Malgré cela, en 2018, le Ville de Paris décide étonnamment de réaliser le stockage Austerlitz. Ce projet devait représenter la contribution de la ville de Paris au plan baignade pour les JOP 2024, le problème parisien étant principalement dû au déversement d’orage par temps de pluie. Le stockage devait permettre d’éviter les rejets jusqu’à la pluie 6 mois (c’est-à-dire qu’en moyenne, il y a six mois entre deux épisodes pluvieux de cette intensité). C’est le même objectif que le Tunnel Ivry Masséna, qui finalement n’intercepte que la pluie 1 mois, qui était déjà interceptée avant sa construction par le réseau… Et dans l’article du Parisien en lien ci-dessous la ville de Paris explique que le bassin « vise principalement à contenir les pluies courantes ». C’est-à-dire que s’il pleut fort, la Seine sera polluée de toute façon. Tout ça pour ça!
L’expérience a déjà été faite à Paris … et ailleurs
Le 46 000m³ correspondent bien à ce qui est rejeté dans le secteur pour la pluie 6 mois. Mais dans ce même secteur, la Ville de Paris a déjà construit le stockage Proudhon rive droite (17 000m³) et le SIAAP a construit le Tunnel Ivry Masséna Austerlitz (80 000m³). Le stockage Proudhon ne sert à rien et le Tunnel Ivry Masséna Austerlitz a un résultat très marginal. D’autres ouvrages de ce type, notamment à Douai, ont aussi été construits et ne donnent pas les résultats attendus. Ce qui fait dire aux hydrauliciens que ce type d’ouvrage ne fonctionne que sur le papier et jamais dans les faits.
Dans le plan de modernisation de l’assainissement de Paris des années 1980, qui avait fait dire à Chirac qu’il allait se baigner en Seine, et dont le dernier acte réalisé était la création du stockage Proudhon, il avait été décidé à la suite du constat que ce dernier ne fonctionnait pas, de ne plus faire de bassin de stockage pour éviter les déversements d’orage. Du coup avaient été annulés les deux projets suivants : le stockage Bibliothèque qui devait être en face du stockage Proudhon, et le stockage Branly qui devait être sous le musée. C’est donc le SIAAP qui a fait le second stockage, le Tunnel Ivry Masséna Austerlitz qui est une reprise du stockage Bibliothèque, mais prolongé jusqu’à Ivry/Seine. Après l’échec du Tunnel Ivry Masséna Austerlitz, il y avait un consensus général chez les ingénieurs de l’assainissement sur le fait que ce type de bassin était très cher pour ne servir à rien. Mais tout cela a vite été oublié dans la fièvre des JOP2024!
« Il y avait des alternatives au béton » : le plan baignade pour dépolluer la Seine est-il écolo ?
Le bassin de stockage d’Austerlitz est inauguré ce jeudi 2 mai à Paris. Il fait partie des aménagements réalisés pour améliorer la qualité de l’eau de la Seine, mais certains estiment que des solutions plus vertueuses pour l’environnement auraient été possibles.
C’est une cathédrale de béton creusée à 34 m sous le pavé parisien. Une structure qui promet de révolutionner les usages de la Seine en contribuant à la rendre baignable mais qui, dans le même temps, questionne par sa composition. Après plusieurs années de chantier, l’immense bassin de rétention d’Austerlitz est inauguré ce jeudi 2 mai, juste derrière la gare du même nom, dans le XIIIe arrondissement. Près de 50 000 m3 d’eau — l’équivalent de vingt piscines olympiques — vont pouvoir y être stockés en cas de pluie.
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La baignade dans la Seine, un pari encore fragile : « S’il fait beau et chaud, il n’y aura pas de problème »
Selon Françoise Lucas, professeure d’écologie microbienne, la qualité de l’eau dans le fleuve est encore « limite ». Plusieurs facteurs, comme l’efficacité des travaux réalisés ou les conditions météorologiques, vont être déterminants pour les épreuves olympiques de cet été.
Faire plouf dans la Seine. À moins de quatre mois des Jeux olympiques de Paris, la promesse semble encore incertaine. Les athlètes pourront-ils plonger dans le fleuve cet été ? Le grand public pourra-t-il s’y rafraîchir dès 2025, comme l’a annoncé la Ville de Paris ? Éléments de réponse avec Françoise Lucas, professeure d’écologie microbienne à l’université Paris-Est-Créteil au sein du laboratoire Eau, environnement et systèmes urbains.
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« Mort modeste des JO grandioses » : hommage à Paris à l’ouvrier mort sur un chantier
Le chef d’équipe d’origine malienne Amara Dioumassy, 51 ans et père de 12 enfants, est mort le 16 juin 2023 sur le bassin d’Austerlitz, percuté par un camion de chantier qui faisait marche arrière sans bip de recul.
Sortir de l’oubli cette « mort modeste » : soutiens et famille ont rendu hommage samedi 27 avril à Paris à Amara Dioumassy, mort sur le chantier d’un bassin destiné à rendre la Seine baignable lors des Jeux olympiques, inauguré en grande pompe la semaine prochaine. Une centaine de militants syndicaux et membres de sa famille, certains en pleurs, se sont réunis sous une pluie battante sur le lieu du drame pour réclamer « reconnaissance et justice pour Amara ».
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Rendre la Seine baignable : un projet pas si écolo
En vue des Jeux olympiques, la Ville de Paris veut rendre la Seine baignable. Présenté comme « vert », ce projet ambitieux interroge pourtant certains écologistes. Par Lorène Lavocat.
Se baigner dans la Seine en 2024 : pour remporter cette épreuve olympique, la Ville de Paris ne lésine pas sur les moyens. Car pour dépolluer ce fleuve urbanisé et industrialisé, les mesures à prendre sont d’envergure. Le budget aussi : 1,4 milliard d’euros. Les élus défendent « un plan ambitieux pour améliorer la qualité de l’eau » au bénéfice de tous. Mais certains écolos critiquent un projet mal ficelé et pas assez vertueux. Qu’en est-il vraiment ? Reporterre fait le point.
A noter aussi que les travaux ont nécessité l’abattage d’une centaine d’arbres dans le square Marie Curie, le square Albert Tournaire, le boulevard de l’Hôpital et le quai Mazas, dont une cinquantaine d’arbres remarquables. Ces abattages ont fortement perturbé la faune locale, notamment les oiseaux et les chauves-souris.
Il faudrait dire aussi qu’une zone énorme où la pluie s’infiltrait (les rails partant de la gare d’Austerlitz jusqu’au périphérique) a été totalement imperméabilisée, avec la construction de la dalle et des immeubles construits dessus. Cela aussi contribue à l’accroissement des écoulements en cas d’orage, et participera à remplir le bassin d’Austerlitz.