Le Printemps de l’eau revient

Autour du 22 mars, journée mondiale de l’eau, la Coordination EAU Île-de-France organise la troisième édition du Printemps de l’eau. Le Printemps de l’eau est une bannière commune à un ensemble d’initiatives menées par tout un réseau d’associations citoyennes et écologistes et d’élu.e.s, mobilisées en faveur de la gestion publique et citoyenne de l’eau, du droit humain à l’eau pour tou.te.s, d’une tarification juste et écologique, et de la restauration des cycles de l’eau pour lutter contre le changement climatique. Par Maelis Biennait, volontaire en service civique.

Cette troisième édition prend place dans un contexte national et global bien particulier. Après les sécheresses et les vagues de chaleur de l’été 2022, nous venons de vivre plus d’un mois de sécheresse en plein hiver, c’est du jamais vu ! Les nappes d’eau souterraines ne sont pas rechargées et cela annonce un printemps et un été terribles pour l’agriculture et la biodiversité. La perspective du manque d’eau inquiète à juste titre l’opinion publique.

En septembre 2022, à Marseille, le premier chantier du gouvernement sur la « planification écologique » était consacré à la gestion de l’eau. Les conclusions sous la forme d’un « plan Eau » devaient être annoncées par le ministre de la Transition Écologique et de la Cohésion des territoires,  Christophe BECHU, au Carrefour des gestions locales de l’eau (CGLE) le 26 janvier 2023. Au vu des débats animés dans l’hémicycle et dans la rue concernant la réforme des retraites, l’annonce a été reportée à fin mars, coïncidant alors avec la journée mondiale de l’eau. 

Les conclusions du « plan eau » risquent une fois de plus de faire la part belle aux « solutions miracles » technologiques prônées par l’agro-industrie et les multinationales: mégabassines, réutilisation des eaux usées, OIBP, etc. C’était déjà le cas en 2019 (lire l’article « les assises des tuyaux ») :  les questions d’investissement dans les canalisations et de réduction des fuites avaient pris le dessus sur les propositions de solidarité et de responsabilité portés par les acteurs locaux de l’eau, regroupés dans France eau publique. 

Pourtant les objectifs et les moyens pour préserver le cycle de l’eau et le restaurer sont de plus en plus connus, grâce notamment au travail et aux explications de nombreuses hydrologues, comme Emma Haziza ou Florence Habets. Mais l’ingrédient qui fait encore et toujours défaut, c’est la volonté politique, avec un pouvoir qui ne se met pas à la hauteur de la crise écologique.

Pourtant l’eau est bien identifiée comme un enjeu majeur de la crise climatique. Mais trop souvent l’eau est prise seulement comme une conséquence du réchauffement climatique. Alors que les nombreuses planifications écologiques ne jurent que par la recherche de limitation des émissions de CO2, il est grand temps de comprendre le cycle de l’eau comme une élément central de la régulation du climat

Dans ce sens, Daniel Hofnung, co-président de la Coordination EAU Île-de-France interviendra lors d’un “café qui cogite” organisé par La Fabrique Vitry-en-mieux, le vendredi 17 mars, à 19h (Salle Robespierre, allée Côteau, Vitry-sur-seine. “Pour échapper à l’effondrement climatique, il ne suffira pas de réduire les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Il va falloir aussi préserver les forêts et les sols de la déforestation et de l’agriculture intensive, car le cycle de l’eau est également très important pour la régulation du climat.”. (Lire sa tribune dans Reporterre : “les “rivières volantes”, acteurs essentiels du climat mondial.)

Pour développer ce nouveau nouveau regard sur l’eau, la Coordination EAU Île-de-France  propose des activités de sensibilisation pour accompagner un changement de comportement chez les individus. Pour la Journée Mondiale de l’eau, les associations étudiantes engagées dans le label Université Bleue organisent des initiatives pour promouvoir la reconnaissance du droit humain à l’eau, l’installation de fontaines  et l’arrêt de la distribution d’eau en bouteilles plastiques. De plus, plusieurs ateliers de sensibilisation à la protection de l’eau avec la fabrication de produits cosmétiques et ménagers naturels sont organisés par l’équipe Ecolo, c’est Econome. 

 

Ce changement de regard implique nécessairement une gestion publique de l’eau, non contrainte aux lois du marché & aux intérêts privés. L’écologie est politique : ici, nous affirmons qu’une gestion durable et solidaire de l’eau est une gestion publique et citoyenne. Le mouvement de l’eau défend l’idée d’un commun public et naturel. Le gouvernement et les pouvoirs publics doivent prendre position entre “une sobriété résiliente” pour l’intérêt général et un système du “toujours plus”, des intérêts privés et d’une approche techno-solutionnisme de l’eau. L’actualité est empreinte de cette dualité. 

 Affirmer l’eau comme commun public et naturel c’est aussi soutenir une gestion solidaire de l’eau qui reconnait le droit humain à l’eau. Se posent alors les questions d’appropriation, de tarification, de luttes nationales et internationales ! 

L’Association mantevilloise citoyenneté et culture organise une conférence-débat sur les problèmes de facturation de l’eau, le mercredi 22 mars; entre eau publique et intérêts privés. La députée LFI Catherine Couturier y interviendra ainsi que Maurice Martin, président de l’AREP Val de Seine. (20h / Salle Maupomet / 7 rue de Moulins, Mante-la-Ville)

La députée écologiste Lisa Belluco & la Fondation France Libertés organisent un séminaire « La guerre de l’eau : expériences internationales », le mercredi 22 mars. La Coordination EAU IDF interviendra en fin d’après-midi. (13h30 à 17h30 / CEDIA Musée Social, Paris 7e)

Le mouvement contre les méga-bassines symbolise une convergence des luttes nationales et internationales pour l’eau, commun public et naturel.

“Ces cratères géants d’une dizaine d’hectares, remplis en puisant dans les nappes phréatiques sont devenus le symbole d’une mal-adaptation au changement climatique. Ils incarnent le maintien coûte que coûte d’une irrigation excessive et d’un modèle agro-industriel qui écrase les paysan.ne.s, détruit les milieux naturels et menace in fine les populations. À partir d’une série de nouvelles bassines projetées dans les Deux-Sèvres, ces infrastructures menacent de se répandre dans d’autres régions à grand renfort d’argent public.” Bassines Non Merci

Un grand week-end de mobilisation  se tiendra les 24, 25 et 26  mars ! 

Le Vendredi 17 mars, une réunion de soutien et de mobilisation contre les méga-bassines est organisée à la Maison Ouverte (Montreuil) à 19h. 

Le Jeudi 6 avril, une session de l’Université du Bien Commun est organisée avec la participation de Joëlle Lallemand (présidente de l’Association de Protection et d’Information et d’Etudes de l’Eau et de son Environnement), Jean-Jacques Guillet (co-porte-parole des Bassines Non Merci) et Jean-Claude Oliva (directeur de la Coordination EAU Île-de-France). Après le week-end des 24, 25 et 26 mars dans le Poitou, retour sur les questions politiques: l’accaparement de l’eau par quelques gros exploitants, la convergence des luttes… Et sur les questions scientifiques: les perturbations supplémentaires du cycle de l’eau causées par les bassines.

Un autre point central de l’actualité concerne l’Osmose Inverse Basse Pression. Le SEDIF tente de généraliser le procédé d’OIBP à l’ensemble de ses usines franciliennes. L’OIBP est un projet nuisible pour l’environnement (énergie, prélèvement accru & pollution) et pour les usagers (hausse massive des tarifs). Le choix de l’eau osmosée ne répond à aucun critère rationnel si ce n’est la volonté du SEDIF de continuer à dégager une rente pour Veolia et d’obtenir un avantage compétitif pour mener la guerre économique contre ses concurrents. Après le premier échec de la mise en place d’un site pilote à Arvigny, le projet revient sous les feux de l’actualité avec un débat public organisé par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) dont les premières réunions devraient débuter en avril. Soyons informé.e.s et prêt.e.s ! Dans ce sens, nous organisons des formations et des interventions de sensibilisation:

Une formation des militant.e.s sur l’OIBP pour intervenir lors de ces débats a eu lieu le samedi 4 mars. N’hésitez pas à nous contacter si vous êtes intéressé.e.s pour de futures formations!

A la Maison pour tous Youri Gagarine, à Champigny-sur-Marne, avec l’association Noé International, la Coordination EAU IDF interviendra sur ce sujet lors des journées consacrées à l’eau les mardi 21 (matin) & mercredi 22 mars (après-midi)

La Compagnie l’Essoreuse est aussi partenaire du Printemps de l’eau. Elle réalisera une performance pour dénoncer le projet Green Dock qui menace de défigurer les berges de la Seine. 18h à 20h / Mercredi 22 mars (lieu à définir)

Retrouvez le programme complet dans notre agenda 

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