Estimant les tarifs de la multinationale trop élevés, les élus du sud du département de l’Essonne ont voté un prix d’achat du mètre cube inférieur.
Le bras de fer est engagé entre les élus locaux du sud de l’Essonne et Suez, la multinationale spécialiste de la gestion de l’eau et des déchets. En fixant, unilatéralement, un prix d’achat à 0,50 euro du mètre cube, par une délibération votée en décembre dernier, le syndicat mixte Eau du Sud Francilien, qui regroupe les représentants des intercommunalités de Grand Paris Sud, Cœur d’Essonne, Val d’Yerres Val de Seine et Grand Orly Seine Bièvre, s’oppose frontalement à Suez, qui avait fixé le tarif, en 2022, à 0,70 euro du mètre cube.
Suez a attaqué la décision d’Eau du Sud Francilien au tribunal administratif. Le temps que la justice tranche, les collectivités ne répercuteront pas la baisse tarifaire sur les factures des ménages, et les 10 millions d’euros d’économie prévus pour 2024 feront l’objet d’une provision budgétaire.
En votant cette délibération, les élus locaux veulent signifier leur désaccord avec les prix pratiqués par Suez, qu’ils estiment trop élevés. À terme, les élus locaux espèrent faire revenir dans le giron public les quatre usines de production d’eau potable, dont celle de Morsang-sur-Seine, ainsi que le réseau interconnecté sud francilien.
Vers une saisine de l’Autorité de la concurrence en 2024 ?
Depuis une cinquantaine d’années, Suez gère ce réseau et a réalisé les équipements de production d’eau potable. À l’époque, il s’agissait notamment d’alimenter la ville nouvelle d’Évry. Aujourd’hui, l’entreprise refuse de céder ces quatre usines, dont elle estime être propriétaire. “C’est une situation exceptionnelle. Nulle part ailleurs en France une entreprise n’a revendiqué la propriété des infrastructures de production d’eau, même dans le cadre de délégations de services publics”, note Jean-Claude Oliva, membre de la Coordination eau Ile-de-France, une association d’élus et de citoyens qui milite pour une gestion publique de la ressource, engagée aux côtés des élus essonniens.
Les élus locaux espèrent faire revenir dans le giron public les quatre usines de production d’eau potable ainsi que le réseau interconnecté sud francilien.
Les élus locaux accusent également Suez d’avoir surévalué la valeur de ces usines au moment de la fusion avec Veolia, pour séduire les actionnaires. “Les collectivités veulent racheter ces usines à leur valeur nette comptable, en prenant en compte leur ancienneté, et non pas à la valeur commerciale affichée par Suez”, poursuit Jean-Claude Oliva. Pour obtenir gain de cause, Michel Bisson, président d’Eau du Sud Francilien et maire de Lieusaint, n’exclut pas de saisir l’Autorité de la concurrence en 2024.
B.C.
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