Quand l’ONU a échoué, quel espoir reste-t-il ?

Le message était clair dès la première conférence de l’ONU sur l’eau il y a 47 ans : les efforts précédents de l’ONU pour l’eau ont échoué et les efforts actuels échouent également. Par Zach Weiss, praticien de la restauration du cycle de l’eau, animateur du site web  Water Stories.

Collectivement, nous sommes encore plus loin de nos objectifs de sécurité hydrique qu’il y a cinq décennies, et la situation s’aggrave rapidement. Comment pouvons-nous aller dans la mauvaise direction avec tant de nations intelligentes et puissantes travaillant sur le problème ? C’est parce que nous adoptons la mauvaise approche.

Face à la crise environnementale, les promesses vides et les paroles ne feront aucune différence. Si nous voulons soigner nos paysages dégradés et créer un avenir commun meilleur, nous devons agir. Nous devons entreprendre un travail citoyen pour redonner à la Terre et à ses écosystèmes.

L’action citoyenne n’était nulle part visible ou représentée dans les principaux événements au siège de l’ONU à New York. Le développement anthropocentré reste le problème. Notre éducation moderne enseigne que les meilleurs ingénieurs et décideurs politiques sont ceux qui peuvent extraire le plus de la nature en un minimum de temps. Donner quelque chose en retour n’est même pas considéré comme une possibilité.

Le contraste entre les initiatives des grandes entreprises et les efforts de la base était pleinement visible dans la différence entre deux des sessions plénières de l’ONU : dans une salle, les orateurs étaient des dirigeants de Coca Cola, Nestlé, Starbucks, Cargill et AB-InBev. Dans l’autre salle, les conférenciers étaient des leaders autochtones du monde entier œuvrant pour les droits de la nature.

La salle remplie de personnes représentant des entreprises était, essentiellement, une masterclass sur «l’utilisation de beaucoup de mots pour ne rien dire». Ils ont abordé le sujet de l’eau avec des platitudes, parlant de la nécessité d’une action locale et de plus de financement, sans fournir de résultats tangibles. Chaque présentateur parlait en rond, en s’assurant d’utiliser tous les mots à la mode. Il n’y avait pas d’applaudissements après chaque orateur et l’énergie de la salle était complètement atone.

Pendant ce temps, juste au bout du couloir, l’autre session accueillant des dirigeants autochtones du monde entier était pleine à craquer. Des gens se sont assis dans la foule et se sont même étendus dans le couloir avec la porte ouverte. Chacun des orateurs indigènes a été accueilli par des applaudissements nourris. À la fin de la session, l’un des membres du public a fait remarquer à la salle  « pourquoi n’était-ce pas l’événement principal ? » Tout au long de la conférence, les sessions les plus intéressantes et pleines d’espoir se sont déroulées en dehors de l’ONU, tandis que celles au sein de l’ONU étaient fades et ennuyeuses. En effet, l’ONU a été captée par des pays et commercialisée, servant en fin de compte les objectifs industriels de développement et de croissance du PIB de chaque pays.

Cependant, nos sources d’eau sont l’économie. Les eaux souterraines et les eaux de surface sont liées et constituent la base de l’économie fondamentale de toutes les nations. Sans eau douce, il n’y a pas de PIB et, plus important encore, sans eau douce, il n’y a pas de vie sur terre.

L’eau est essentielle pour tout, pas seulement pour les humains. Afin d’avoir un avenir viable sur notre planète, nous devons revivifier nos cycles de l’eau. Heureusement, il existe des exemples éprouvés partout dans le monde. Cela nous obligera à adopter une approche différente, une approche que l’on ne peut retrouver à la conférence des Nations Unies sur l’eau. Nous devons laisser derrière nous la poursuite sans fin du plaisir.

Nous pouvons compenser ce que nous prélevons à la nature en lui redonnant notre propre énergie, avec notre action volontaire. En prenant soin de l’eau, nous prenons soin de toute la planète.

(Traduction de Daniel Hofnung)

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