Le permis d’aménager accordé par la ville de Romainville sur le projet d’île de loisirs porté par la Direction des Sports de la Région Île-de-France illustre les approximations et l’opacité de ce projet engagé depuis les années 2000. Depuis, le dérèglement climatique et la disparition de la biodiversité nous ont rattrapé. Aucun aménagement ne peut plus ignorer la nécessité de préserver les écosystèmes, les arbres, les sols et plus globalement, les espaces de régulation climatique dont l’impact sur la santé des populations n’est plus à démontrer, à fortiori en milieu urbain dense.
Pour ces raisons, Environnement 93 (fédération des associations de protection de l’environnement de Seine-Saint-Denis, agréée au titre de la protection de l’environnement) engage un recours sur ce permis d’aménager, avec l’appui de la Coordination Eau Île-de-France. Conduit par l’avocat Sébastien le Briéro, spécialiste en droit public et droit de l’environnement, ce recours contre le permis d’aménager accordé par le Maire de Romainville au Conseil Régional d’Île-de-France porte sur les insuffisances sévères de l’évaluation environnementale (constatées aussi par l’Inspection générale des carrières et l’Autorité environnementale) et sur le saucissonnage des autorisations d’urbanisme qui s’ajoute à celle des autorisations environnementales (défrichement, espèces protégées, etc.).
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Déposé au Tribunal administratif de Montreuil, l’objectif de ce recours est d’obtenir un moratoire sur les travaux et les aménagements afin d’en limiter l’impact sur le sol, la faune et la flore, et de prendre en compte de manière transversale, les problématiques environnementales nombreuses qui se posent sur ce site : pollution des sols, enjeux climatiques, préservation de la biodiversité existante, cycle de l’eau.
Cette démarche est soutenue par plusieurs associations et citoyens des villes limitrophes ou concernées (Romainville, Bagnolet, Les Lilas, Pantin, Montreuil, le Pré-Saint-Gervais), engagés pour la préservation et la valorisation de cette forêt, de ses abords et des parcs de ce coteau.
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38 millions engagés depuis 2000, des centaines d’arbres abattus et pas de débat public
Cette forêt de 27 hectares, qui a poussé sur d’anciennes carrières de gypse, fermées au public depuis 50 ans, s’insère au cœur d’un ensemble de parcs, délaissés, de 64 hectares. 38 millions ont été engagés sur ce projet de « base de loisirs ». Ces dépenses auraient justifié la tenue d’un débat public qui n’a pas eu lieu.
Les associations n’ont été conviées qu’à des réunions d’information sur le projet (qui n’a pas fait l’objet d’un dialogue avec les différentes parties prenantes au fur et à mesure de ses évolutions) et sans que ne soient prises en compte leurs observations sur la préservation des espèces, les usages et équipements, la nature forestière du site, le patrimoine minier ou sur l’absence de budget de fonctionnement. La mobilisation des citoyens, les manifestations, la tribune parue en juillet dans Libération et la pétition en ligne qui rassemble plus de 29 000 signatures n’ont pas permis d’ouvrir un réel débat de fond sur le devenir de l’ensemble de ce site et cette forêt, uniques à 2 km de Paris.
Avec plus de 650 arbres déjà abattus, la Région est, avec ce projet, en tête des défricheurs en Île-de-France pour l’année 2018.
La compensation ne remplacera pas la destruction de cet écosystème. Les associations demandent qu’elle soit effectuée en totalité sur le territoire, et non sur des sites éloignés.
Les associations souhaitent également obtenir la protection rapide et effective des 20 hectares de forêt restants afin de protéger les espèces animales, végétales et leur habitat car, à ce jour, aucune mesure concrète n’est encore prise pour protéger cette forêt, sur le long terme.