Ce 9 décembre à Evry-Courcouronnes, malgré l’heure très matinale, plus de 80 personnes se sont rassemblées pour empêcher la validation d’un accord entre le Syndicat Eau du Sud Francilien (SESF) et la multinationale Suez. La mobilisation a permis d’écarter le scénario catastrophe et d’obtenir l’engagement du Président du SESF d’élaborer un mandat de négociations précis. Ce même jour, la finance a pris le contrôle direct de Suez: on n’est jamais mieux servi que par soi-même!
L’accord était discuté en catimini depuis cinq mois par quelques élus, revenant sur la décision de saisir l’autorité de la concurrence pour faire prévaloir l’intérêt des population. Cet accord aurait obligé à subir pendant vingt ans au minimum une surfacturation exorbitante de notre eau potable et conduit à endetter pendant 40 ans les collectivités pour racheter des installations pourtant déjà payées et amorties à travers nos factures d’eau.
Nous avions été alertés d’une réunion convoquée à huis clos ce matin, par les élus de Grigny, refusant comme nous que de telles questions soient soumises au « secret des affaires ». En interpellant nos élus locaux (conseillers municipaux et des communautés d’agglomération), nous avons découvert qu’ils n’avaient pas plus que nous été informés des tractations en coulisse de leurs délégués au SESF, ce qui a conduit nombre d’entre à eux à contester ce déni de démocratie.
Les intervenant.e.s, ce matin, parmi lesquels trois députées dont les circonscriptions sont concernées par cet accord , Mmes Farida Amrani et Claire Lejeune (NFP-LFI), et Julie Ozenne (NFP-EELV), ont rappelé combien a grandi l’idée que l’eau ne doit plus être une marchandise et qu’elle doit être gérée et protégée collectivement, de toutes les pollutions et pillages.
Cette campagne citoyenne et notre rassemblement ont permis d’écarter le scénario catastrophe d’un accord entérinant pour vingt ans de plus l’abus de position dominante de Suez. Michel Bisson, président du SESF, et ceux qui justifiaient l’accord avec Suez, ont admis qu’ils ne pouvaient le faire sans un mandat précis, validé par les instances délibérantes des agglomérations, communes et régies d’eau potable concernées. Ce qui impliquera de rendre compte aux mêmes instances des résultats obtenus avant toute prise de décision.
Dans ce processus, les habitants et usagers doivent être consultés et impliqués pour atteindre le rapport de force nécessaire face à Blackrock, Meridiam et Cie, actionnaires de Suez. Nos associations demandent une information maximale du public, des débats et la consultation des usagers avant toute décision.
Le mandat que nous donnons à nos élus pour les prochains mois a la force de la simplicité et de la clarté
* Consultation des habitants sur la démarche et la date d’effet de la réappropriation publique de tous les outils de production et transport de l’eau potable du sud francilien au 1er semestre 2025
* Nos factures d’eau doivent payer uniquement le coût de production et protection de l’eau et non plus les actionnaires de fonds d’investissements financiers.
* l’État qui a entériné la création du SESF il y a deux ans pour recouvrer au plus vite la propriété et la maîtrise publique de nos installations de production d’eau, doit engager la reconnaissance de leur Utilité publique, permettant de reconnaître leur nature de biens publics, et d’éviter de les « racheter » !
*L’Autorité de la concurrence, dotée de tous les moyens d’investigation requis pour récupérer tous les documents techniques et financiers sur les installations de Suez doit être saisie sans plus tarder.
Coordination EAU-Île-France, Eau publique Orge Essonne, Aggl’eau Paris-Saclay.
Suez: la finance prend tout le pouvoir
La PDG de Suez Sabrina Soussan a démissionné et partira le 31 janvier 2025. Le bras de fer autour du RISF dans l’Essonne ainsi que l’échec de Suez dans l’appel d’offres du SEDIF auraient pesé dans son départ. La présidence du conseil d’administration reviendra dès le 1er janvier à Thierry Déau, Président du fonds d’actifs Meridiam, un des principaux actionnaires de Suez, qui devrait aussi assurer la direction opérationnelle du groupe. Le PDG de Meridiam étudierait aussi une montée au capital en reprenant les 19 % détenus par la Caisse des dépôts. Le doute n’est plus permis: Suez n’est plus une entreprise de services, si elle l’a jamais été, mais une entreprise financière. Qu’on se le dise!
9 décembre – Sabrina Soussan, PDG, débarquée de Suez – fin de la séquence des petits arrangements en coulisse – place au débat démocratique
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