Le futur chantier de construction d’une usine de traitement des pesticides à Achères, inquiète des riverains qui se sont rendus au conseil municipal le 29 juin dernier. Par Michel Seimando dans 78actu.
Suez qui est délégataire depuis le début de l’année des villes d’Achères et de Carrières-sous-Poissy, prévoit d’installer l’osmose inverse basse pression dans cette usine. Le même choix de surenchère technologique que Veolia au SEDIF. L’opacité de ce choix est dénoncée par des habitant.e.s qui ont créé l’association Achères Sources et Nature.
Manque de communication de la part de Suez et de la mairie d’Achères ? Psychose générale du fait d’une absence de connaissance du projet ?
Une chose est sûre, plusieurs habitants de la zone pavillonnaire située entre la rue des Sources et la place de la Forêt à Achères s’inquiètent d’un projet qui doit voir se construire une usine de traitement des pesticides dans la commune, tout près des habitations.
Usine Montsouris
Ce chantier baptisé « Usine Montsouris » doit commencer au dernier trimestre 2022 avec la mise en distribution de l’eau traitée sur le réseau dernier trimestre 2023.
L’idée c’est de construire une usine de traitement pour garantir les futurs besoins en eau potable dans ce secteur. Sur le papier, c’est cohérent mais pourquoi parler de futurs besoins en eau potable ?
Dans les esprits, on évoque d’autres habitations futures. Les habitants réclament une clarification.
Selon nos informations la société Suez qui a repris la main sur la gestion de l’eau à Achères depuis le 1er janvier 2022, réalise un projet qui était dans les tuyaux depuis des années.
« On ne nous a rien dit »
Plusieurs habitants rencontrés fin juillet étaient remontés contre ce projet d’usine de traitement des pesticides à Achères.
« Je suis âgée. J’habite à deux pas du futur chantier. Quand on ne sait pas, on s’imagine le pire : des camions ici transportant des produits dangereux ; des nuisances olfactives, sonores avec les ventilateurs, les pesticides, etc. Dans le quartier, on parle même d’AZF. » (L’explosion de l’usine AZF de Toulouse est un accident industriel survenu le 21 septembre 2001).
Plus loin, deux Achéroises qui promènent leur chien dans la forêt ajoutent : « Un collectif est en train de se créer avec une page Facebook. Les habitants sont prêts à se défendre. On ne peut plus présenter un tel projet sans concertation préalable avec les habitants et sans explications. » A suivre.
La genèse du projet
Dans des documents que 78actu a pu se procurer, des études ont mis au jour la présence de produits phytosanitaires (des pesticides) utilisés autrefois par la SNCF pour l’entretien de ses voies – à la gare de triage Grand Cormier.
Ces pesticides, retirés du marché depuis, ont rendu impropre la consommation de l’eau qui provient de l’un des trois puits souterrains.
Cette usine doit donc nettoyer l’eau polluée par les pesticides et dans un second temps, la rendre moins dures (trop calcaires actuellement).
Le traitement de l’eau pouvait se faire sous deux procédures : par charbon actif en grain ou par le système de filtration membranaire.
Suez aurait choisi le traitement par filtration membranaire qui offre un meilleur traitement des concentrations plus élevées en pesticides. L’eau potable serait ainsi plus conforme après le traitement phytosanitaire.
Quelles nuisances ?
Ce choix de Suez aurait dû rassurer les habitants qui imaginaient déjà un flux important de camions qui viendraient déposer leurs pesticides dans l’usine, sans parler des nuisances sonores engendrée par le passage des poids lourds.
L’autre écueil du projet, qui, encore une fois, n’a pas été réellement communiqué à tous les riverains, c’est la nuisance visuelle qui impacterait la valeur des pavillons construits dans le secteur.
Le bâtiment d’une surface de 375m², avec une hauteur de 4,6 m est conforme au PLU mais sera situé à 5 m de certains pavillons. Sa construction entraînera l’abattage de plusieurs arbres. Sans parler du chantier lui-même qui va perturber la tranquillité des riverains.
La réunion du 9 juin
Le 9 juin dernier, une réunion organisée par Suez avec quelques propriétaires dont les pavillons jouxtent le terrain de la future usine s’est tenue à Achères.
Elle a mis le feu aux poudres. Les autres Achérois du quartier se sentant exclus du dossier qui pourtant va toucher leur quotidien.
Le 29 juin, une trentaine de personnes s’est rendue au conseil municipal d’Achères pour interroger le maire sur ce projet méconnu du grand public.
Le maire aurait rassuré les habitants présents, expliquant que le projet était conforme au PLU et qu’il n’allait pas engendrer de gène. Le permis de construire n’aurait pas encore été délivré.
A l’entendre, il n’aurait aucun impact dans le quartier. Des camions interviendraient deux fois par semaine avec accès sur le site pour récupérer des blocs de déchets.
Leur passage sur la place de la Forêt interroge encore les habitants. La réaction du public concerné fut un tollé dans la salle du conseil.
Plusieurs questions que se posent les habitants restent aujourd’hui sans réponses :
- Pourquoi construire une telle usine si c’est pour dépolluer un seul puits sur les trois présents en sous-sol dans le secteur ?
- Les riverains verront-ils passer des dizaines de camions par mois ?
- La présence de cette usine va-t-elle déprécier la valeur des habitations du lotissement pavillonnaire ?
- La construction de Montsouris va-t-elle engendrer un surcoût du prix de l’eau ?
- D’autres constructions immobilières sont-elles prévues dans le quartier ?
Selon nos informations, une réunion doit se tenir à la rentrée, sans date fixée à l’heure où nous écrivons ces quelques lignes, pour faire toute la lumière sur cette construction.