Foin de la sobriété, la tarification saisonnière est le moyen trouvé par la métropole de Toulouse de maintenir à haut niveau les bénéfices de Veolia et de Suez. Communiqué d’Eau Secours 31. Voir aussi le dossier Les Gouttes Doc 1 sur les enjeux de la tarification saisonnière.
En instaurant une tarification saisonnière J.L. Moudenc et Toulouse-Métropole n’ont probablement pas anticipé une météo printanière aussi pluvieuse. Ce n’est pas le débit de la Garonne qui est en berne actuellement mais bien la trésorerie de Veolia et Suez.
Lorsque en 2018 la Métropole a délégué la gestion de l’eau et de l’assainissement à Veolia et Suez, celles-ci ont proposé un tarif « très bas », pour contrecarrer la crédibilité de l’option Régie publique, et en tablant sur une augmentation de la consommation d’eau! Mais comme celle-ci est en baisse (7% environ en 2023), Veolia et Suez se retrouvent en déficit sur ce contrat! En trois ans Veolia et Suez ont perdu respectivement 8,5 et 27 millions d’€.
Impossible juridiquement pour Toulouse Métropole de compenser ces « manques à gagner » liés à la baisse de consommation, sauf si celle-ci est considérée comme consécutive à un changement induit par la collectivité ! Et c’est ce que va permettre la tarification saisonnière.
Celle-ci s’appliquant au 1er juin, c’est environ 12 millions d’euros supplémentaires qui vont rentrer dans les caisses en 2024. J.L. Moudenc nous assure que rien n’ira dans les caisses de Véolia et Suez, mais c’est bien une « cagnotte » qui a été constituée pour pouvoir compenser toutes les baisses à venir.
Cette entourloupe ne peut cacher cette réalité : globalement pour l’ensemble de l’année, le tarif 2024 sera environ de 3,34 €/m3, bien plus élevé que le tarif 2023.
La sobriété s’impose dans tous les domaines et pour tous les utilisateurs, pour les gros consommateurs d’eau que sont l’industrie, l’agriculture, les producteurs d’énergie, les métiers du bâtiment, les services, au même titre que les usages du quotidien.
Pérenniser l’accès pour tous à ce commun vital qu’est l’eau, défendre sa qualité, impose l’ouverture d’un débat sur les habitudes de consommation et les choix d’usages à privilégier.
Notre combat pour une régie publique n’a rien perdu de sa pertinence et nous ne nous résignons pas à voir un enjeu vital tel que l’accès à l’eau soumis aux contraintes de rentabilité à court terme d’une entreprise privée.