Selon le magazine Capital, Mao Peninou, adjoint PS à la maire de Paris, a transmis au procureur de la République des éléments compromettants sur la gestion du syndicat intercommunal pour l’assainissement de l’agglomération parisienne. Et ce à la suite d’une interview de Cash Investigation.
Vous ne connaissiez pas le Siaap ? Vous allez en entendre parler ! Totalement inconnu du grand public, ce syndicat transporte et dépollue chaque jour les eaux usées de 9 millions de Franciliens, dont les Parisiens. Mais les affaires judiciaires qui l’éclaboussent depuis plusieurs semaines devraient éclater au grand jour. Au point que la Ville de Paris, qui compte plusieurs représentants dans son conseil d’administration, chercherait aujourd’hui à tout prix à s’en démarquer.
Un petit retour en arrière s’impose. En 2012 puis en 2015, les contrat de rénovation des usines d’Achères (Yvelines) et Clichy (Hauts-de-Seine) attribués par le Siaap à des opérateurs privés avaient déjà été contestés en justice. Mais l’affaire du moment concerne Valenton. En commission d’appel d’offre en juin 2017 puis en conseil d’administration en septembre, le syndicat a accordé un marché de 397 millions d’euros sur douze ans à Veolia pour l’exploitation de l’usine de traitement des eaux de cette ville du Val-de-Marne. L’offre la plus compétitive avait justifié Jacques Olivier, le directeur général du SIAAP.
Pourtant, selon le Front républicain d’intervention contre la corruption (Fricc), Suez, le titulaire du contrat, était mieux disant de plusieurs dizaines de millions d’euros. Pour Jean-Luc Touly, le président du Fricc, cet écart devrait se répercuter sur la facture des usagers. Avec l’Association pour le contrat mondial de l’eau (Acme), il a porté plainte contre X pour favoritisme et recel de favoritisme. Fricc et Acme ne sont pas les seules à s’étonner du choix de Veolia. Selon le magazine Marianne, le préfet d’Ile de France Michel Cadot a saisi le tribunal administratif début septembre au sujet de ce contrat. Un fait rarissime.
Alléchées par ces affaires, les équipes de Cash Investigation ont choisi d’enquêter longuement sur le dossier. En prévision d’une émission sur les scandales de l’eau qui sera diffusée ce mardi, l’équipe d’Elise Lucet est allée interviewer en décembre Mao Peninou, un des représentants de la Ville de Paris au Siaap. Selon nos informations, ce dernier se serait alors dépêché d’écrire au procureur de la République sur la base de l’article 40 du code de procédure pénale qui précise que « Toute autorité constituée (…) qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République”.
Mais cette action juridique n’arrive-t-elle pas un peu tard ? Pas du tout assure l’entourage d’Anne Hidalgo, pour qui la mairie a de longue date pris ses distance avec l’organisme : « Nous sommes partie civile depuis 2014 dans l’instruction judiciaire portant sur le SIAAP, afin de défendre les intérêts de la collectivité parisienne et des contribuables parisiens. Il s’agit de nous assurer qu’à aucun moment ceux-ci ont été lésés d’une manière ou d’une autre au regard des soupçons qui pèsent aujourd’hui sur la gestion de ce syndicat.»
Voir l’article de Capital