L’agglo de Cergy Pontoise (95) reprend en main la gestion de l’eau

Les élus de Cergy-Pontoise ont entériné la naissance de la Société publique locale Les eaux de la Confluence. Sa mission : reprendre en main le service public de l’eau potable. Par Jérôme Cavaretta dans la Gazette du Val d’Oise.

C’était dans les tuyaux depuis janvier 2024. Rassemblés en conseil communautaire le mardi 25 novembre, les élus de la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise (Cacp) ont signé, à une écrasante majorité (62 oui, 2 abstentions), l’acte de naissance de la Société publique locale (Spl) Les eaux de la Confluence.
La structure, qui aura pour actionnaires la Cacp, le Siarp et les 13 communes de l’ex-Ville nouvelle, sera chargée à compter du 1er janvier 2027 de prendre en main la gestion du service public de l’eau potable sur le territoire de Cergy-Pontoise. Exit donc la délégation de service public (Dsp) confiée en 2009 pour une durée de 18 ans à Cyo, filiale de Veolia.
Dans un peu plus d’un an, Cergy-Pontoise décidera seule, et sans passer par un intermédiaire auquel une rémunération sonnante et trébuchante doit être versée chaque année, de la gestion du cycle de l’eau. Une petite révolution.
Pour ne pas aller à vau-l’eau, l’agglo a succombé au chant des sirènes de la gestion en régie directe. Objectifs visés : « retrouver une souveraineté sur la gestion de l’eau potable sur son territoire, sécuriser l’accès à une ressource de qualité et favoriser la coopération avec les acteurs et les territoires voisins ». Et surtout réduire le montant de la facture d’eau potable des Cergypontains et sa propre contribution financière.

Réduire la facture des usagers

« C’est une nécessité de passer d’une Dsp à cette Spl, martèle Jean-Paul Jeandon, le président Ps de l’agglo. D’abord parce qu’il nous faut maîtriser les réseaux, nous allons d’ailleurs à ce titre racheter pour 5 millions d’euros le dernier bout de canalisation qui nous manquait. »

Ensuite, parce que le prix de l’eau risque dans les années à venir d’épouser une courbe inflationniste. « En 2026, nous allons réussir à contrôler le prix de l’eau. Pour 2027, les négociations sont très problématiques, prévient l’élu. Le prix de l’acquisition du m3 va être de plus en plus cher et ce n’est que le début. Il va falloir maîtriser parfaitement la gestion du cycle de l’eau, c’est tout l’intérêt de cette Spl. Ce qu’on a vu sur l’électricité (explosion de son prix, ndlr), on est en train d’y arriver pour l’eau ».

Il y a un enjeu pour nous, communes de l’agglomération, à garantir une bonne qualité de l’eau.
— Jean-Paul Jeandon, président Ps de l’agglo cergypontaine
Face à ce coup de massue annoncé, Jean-Paul Jeandon juge que la reprise en gestion publique du service de l’eau potable est la solution idoine. « La Spl sera le bon outil pour maîtriser notre réseau, les pertes d’eau, la qualité de l’eau, le calcaire, les produits qui peuvent la rendre toxique et enfin la tarification […]. Il faudra définir une politique qui permette aux plus démunis d’avoir accès à l’eau et de l’eau de bonne qualité. Quand l’eau n’est plus potable, ce sont les communes qui doivent fournir des bouteilles aux habitants. Il y a un enjeu pour nous, communes de l’agglomération, à garantir une bonne qualité de l’eau. »
Déjà, en février dernier, à la faveur du vote consacré à « la préfiguration » de la Spl, Jean-Paul Jeandon avait assumé et revendiqué ce profond changement de paradigme. « Quand je vois le taux de marge des Dsp, je pense qu’on peut faire mieux. L’enjeu pour nous, c’est la qualité et le prix de l’eau. Aujourd’hui, on est à 4,30 euros du m3 (4,28 euros du m3 entre la distribution et l’assainissement au 1er juillet 2025, ndlr), il faut s’imaginer dans 5 à 6 ans des chiffres nettement supérieurs.
Si on veut maîtriser cette situation en termes d’évolution des prix, il faut pouvoir maîtriser les tarifs et le type de consommation car aujourd’hui on est dans un système où plus on consomme, moins on paye… Notre objectif, c’est de tirer les coûts vers le bas, ce qui n’est pas le cas avec les Dsp que nous avons. On a supprimé la Dsp assainissement, on était sur un taux de marge à 2 chiffres, on s’est fait rembourser 2,5 millions d’euros… » Dans un contexte de baisse des dotations aux collectivités locales, toutes les économies sont bonnes à prendre.

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