Achères: forte mobilisation citoyenne contre le projet de Suez

Devant la détermination et la mobilisation citoyenne, Suez et le maire d’Achères remballent, au moins pour un temps, leur projet d’usine dans le quartier Montsouris. La plus grande vigilance s’impose cependant. Au-delà de la localisation contestée, l’utilité même du projet est remise en cause. Compte-rendu de Maurice Martin, président de l’AREP-Val de Seine et article de 78actu.

Lundi 26 septembre, 150 à 200 personnes (dont une partie dehors sous la pluie) venues de toute la ville d’Achères et pas seulement du quartier concerné, ont assisté à la présentation du projet d’usine de traitement de l’eau (basé sur  l’osmose inverse basse pression) par le maire et les ingénieurs de Suez. Le nouveau captage serait indispensable pour le traitement des pesticides, le terrain prévu – au milieu d’une zone pavillonnaire ! – serait le seul possible, le permis de construire a été accordé dès 2009, l’usine n’a « pratiquement » pas de nuisances, bla… bla… bla…

Benoît Dombret (président de l’association Achères Sources et Nature) cite un rapport de l’intercommunalité Grand Paris Seine & Oise de juin 2020 montrant qu’il n’était pas nécessaire d’effectuer de nouveaux captages à cet endroit. Puis il pose les questions techniques : nuisances sonores (constatées lors de sa visite d’une usine identique près de Valenciennes), produits chimiques, coût et efficacité de la technique de l’osmose inverse, etc.

Suez est obligé de répondre point par point en reconnaissant que ces inconvénients existent bien mais que tout sera fait pour en diminuer les conséquences. Tollé général !

Puis, c’est le déferlement des participant.e.s sur – finalement – le point central : quand bien même ce captage serait nécessaire – ce qui reste à prouver – l’emplacement prévu pour l’usine à cinq mètres des pavillons les plus proches et la voie d’accès au travers du quartier, etc… alors que ce captage est très proche de parcelles désaffectées appartenant à la SNCF sur lesquelles elle pourrait être implantée.

Deux heures d’interventions remarquablement argumentées, de réponses plus ou moins provocatrices du maire et plus prudentes de Suez.

Ils ont fini par comprendre que leur situation était intenable. C’est une adjointe au maire d’Achères qui a trouvé une porte de sortie (provisoire) : reprendre le projet à zéro, étudier une autre localisation, quitte à ce qu’elle soit un peu plus éloignée et donc plus coûteuse (!), convoquer une autre assemblée citoyenne dans quelques mois pour proposer d’éventuelles alternatives. Mais, en aparté, on l’a entendu dire : « de toute façon, il n’y a pas d’autre solution » ! La plus grande vigilance s’impose donc.

En tout cas, les habitant.e.s ont gagné un délai de quelques mois pour poursuivre leur mobilisation.

Ce qui paraît fou, c’est que les élu.e.s, d’une part, et les gens de Suez, d’autre part, aient pu penser qu’un tel projet d’usine en plein milieu de pavillons ait pu passer comme une lettre à la poste ! MM


Achères : une réunion publique agitée sur la construction de l’usine Montsouris

Le projet de construction de l’usine de traitement de pesticides au sein du quartier Montsouris à Achères, inquiète les habitants. Par Florent Jacono, dans 78actu.

Ils étaient nombreux, ce lundi 26 septembre à la mairie d’Achères pour la réunion publique concernant l’usine de traitement des eaux de sources qui doit être construite à Montsouris, un quartier résidentiel de la ville.

Au moins 200 personnes à vue d’œil étaient présentes, dépassant même la capacité d’accueil de la salle de mariage. Quelques Achérois ont même suivi la réunion dehors, sous la pluie, accoudés aux fenêtres.

« On est aussi serrés que dans le RER », ironise une dame tout en se faufilant dans l’allée centrale.

Une réunion publique agitée

Face à cette foule remontée contre ce projet, les représentants de la Communauté urbaine Grand Paris Seine & Oise, et de Suez Eau de France ont eu du mal à présenter leurs arguments en faveur de la construction.

Cette usine qui doit être située place de la Forêt, au sein du quartier résidentiel Montsouris créée la discorde entre élus et populations. Cette future structure doit être en capacité de nettoyer l’eau des puits F4 et F5, pollué par produits phytosanitaires (des pesticides).

Elle serait nécessaire pour assurer les futurs besoins en eau de la ville selon les élus. La capacité d’eau de ces puits n’a pas été communiqué.

« À la fin du mois de juin, il ne restait que 75 cm dans les châteaux d’eau à Aubergenville. Heureusement, il a plu le week-end suivant, mais on a frôlé la catastrophe », assure au micro de la réunion publique, Gilles Lécole, maire d’Aubergenville, présent en tant que vice-président de GPS&O.

De nombreuses questions

Après une courte présentation d’une dizaine de minutes, tout en refusant les questions au fil de la prise de parole, les responsables politiques et du projet se sont livrés à une série de questions-réponses agitée qui a duré plus d’une heure et demie :

« – Est-ce que cette usine va faire du bruit ? – On ne va pas dépasser la limite autorisée, 3 décibels. Mais c’est énorme, répond l’assemblée.  – Pourquoi avoir choisi cet emplacement ? – Car ce site sert actuellement de stockage et de redistribution de l’eau dans la commune d’Achères, et cet emplacement a également été choisi pour des raisons économiques – Ah bravo s’exclame la foule. – Est-ce que d’autres lieux ont été étudiés ? Le projet a été mis sur cette parcelle, il n’y a pas eu d’autres études – Ce n’est pas normal ! On n’en veut pas de votre usine, trouvez déjà une autre solution, scande quelqu’un dans la foule. – Quels seront les produits chimiques utilisés ? De l’acide chlorhydrique, chlorique et de la soude. – L’acide chlorhydrique est un produit inflammable, on est en lisière de forêt, est-ce qu’il y a un risque d’incendie ? – Non, on est sur un bâtiment fermé ! »

Série de questions-réponses durant la réunion

D’autres craintes ont été avancées par les habitants concernant : les allers-retours des camions, la dévaluation du prix des maisons à proximité ou encore le nombre d’arbres qui vont être abattus.

Face à ces inquiétudes, les réponses peinent à convaincre une foule qui était, dans la grande majorité, contre la construction de l’usine dans cette zone pavillonnaire avant la réunion.

Le projet et sa localisation

« Fondamentalement, on n’est pas contre ce projet, on comprend son utilité, mais pas à 5 mètres de nos habitations », martèle un homme dans l’assistance.

En sociologie politique ce phénomène se nomme NIMBY, l’acronyme de Not in My Backyard en anglais, et désigne la résistance d’acteurs locaux face au projet d’implantation d’une infrastructure (aéroport, déchetterie, station d’épuration, etc.) soupçonnée, à tort ou à raison, de nuisances ou de risques pour ses riverains.

En d’autres termes : oui au projet mais pas chez moi.

Cependant, à notre connaissance, il n’y a aucun exemple en France de ce type d’usine, aussi proche des habitations (5 m).

Face à cette protestation, certains élus prennent position en faveur des citoyens.

« À la place du maire, j’essaierais de trouver un autre emplacement à cette usine », suggère, Suzanne Jaunet adjointe au maire, chargée des grands projets et du développement durable, et applaudi par les habitants.

Cependant un contrat de 6 ans a été signé entre GPSEO et Suez France, comprenant dans ce contrat la construction de cette structure à cet emplacement. Et aucun autre lieu n’a été étudié.

À la fin de la réunion, Marc Honoré, maire d’Achères a demandé l’étude d’un autre emplacement.

« Il est impératif que le 4e et 5e puits soient traités. On n’est pas maître de l’opération entre GSPEO et Suez, cependant je vais leur demander de regarder ce qu’on peut faire pour mettre ailleurs cette unité de traitement. Je ne vous donnerais pas de délais, on va avoir la faisabilité, mais si c’est un coût d’opération de 2 ou 3 millions je ne suis pas certain que le contrat le permette »

Marc Honoré Maire d’Achères

Le débuts des travaux de cette unité de traitement comme l’appelle Suez, étaient annoncés pour le dernier trimestre 2022, en juin dernier. Ce délai se heurte à l’obstacle de la contestation citoyenne. Mais jusqu’à quand ?

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