Devant le constat d’une région absente des choix et des politiques publiques dans le domaine de l’eau depuis 2015, la Coordination EAU Île-de-France s’adresse aux têtes de listes pour les élections régionales pour leur soumettre ses propositions et leur demander de s’engager pour relever les défis de l’eau. Les réponses des têtes de listes seront, bien sûr, publiées sur notre site.
Depuis 2015, la région Île-de-France est dramatiquement absente des choix et politiques publiques dans le domaine de l’eau.
– Alors que le poids de sa population et de son activité économique lui donne une responsabilité déterminante dans la protection et l’usage de l’eau du Bassin de la Seine et de ses affluents,
– Alors que le rôle du cycle de l’eau pour combattre le réchauffement climatique est désormais avéré, les Francilien.ne.s sont aujourd’hui totalement dépossédé.e.s des outils de compréhension et d’intervention politique nécessaires en ce domaine,
Les habitant.e.s de la région où a été signé l’accord de Paris sur le climat, sont resté.es sur le quai depuis 6 ans.
SEDIF, SIAAP, EPTB Seine Grands Lacs, Agence de l’Eau Seine-Normandie, Métropole du Grand Paris : la fragmentation et l’éparpillement de la gestion des enjeux franciliens de l’eau entre des institutions aux dirigeant.e.s désigné.e.s par scrutin indirect et aux budgets colossaux, sont synonymes d’opacité et d’arrangements en coulisses : c’est une aubaine pour des multinationales soucieuses d’instrumentaliser les collectivités au service de leurs intérêts.
Les scandales financiers et les incendies-écocides (comme celui intervenu en juillet 2019 à l’usine Seine aval d’Achères) du SIAAP, qui ont émaillés les six dernières années, sans qu’aucune conséquence n’en soit tirée, le mutisme de la Région à l’égard des enjeux d’une maîtrise publique cohérente du cycle de l’eau, sous-jacents aux choix à prendre en matière de production et distribution d’eau, témoignent du retard pris en ce domaine.
Pourtant la région peut et doit intervenir dans la gestion de l’eau et la protection de la ressource via les Schémas d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE) et le Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) auxquels elle contribue. Elle a également des responsabilités dans le domaine de l’environnement et des transports : comment peut-elle les assurer en oubliant l’eau ? Par exemple, comment veiller à la cohérence écologique des trames vertes et bleues en faisant l’impasse sur l’eau ? Enfin elle se targue d’accompagner les Francilien.ne .s dans la pratique de la citoyenneté : là aussi, on ne peut que constater que le mouvement citoyen et associatif pour l’eau bien commun n’est pas soutenu par la région Île-de-France.
Devant ce constat affligeant au regard des enjeux et des défis autour de l’eau, la Coordination EAU Île-de-France s’adresse aux têtes de listes pour les élections régionales pour leur demander de s’engager sur plusieurs points :
–la préservation de la ressource en lien avec des enjeux sanitaires et environnementaux pressants, qui passe notamment par :
–s’opposer à la mise en place de l’osmose inverse basse pression qui augmente la quantité d’eau prélevée pour produire la même quantité d’eau potable. Cette technologie prônée actuellement par le Syndicat des eaux d’Île-de-France (SEDIF), conduirait à un prélèvement annuel supplémentaire de 33 millions de m3 au niveau du SEDIF et à des rejets polluants dans les cours d’eau ;
–soutenir la réappropriation publique des capacités de production d’eau potable, dans une perspective de rationalisation et de réduction des prélèvements dans le milieu naturel ;
-soutenir pleinement le développement de la filière agricole biologique, seul moyen de faire face à la pollution des eaux ;
–contribuer à l’évolution du SIAAP pour en faire un outil transparent de gestion de la prévention des pollutions et du traitement des eaux à l’échelle de la région, en demandant une représentation en son sein pour l’ensemble des élu.e.s concerné.e.s ;
-porter une politique d’aménagement du territoire, visant un recul de l’imperméabilisation de ses sols, en cohérence avec l’impératif de réduction du risque d’inondations, aggravé par le dérèglement climatique ; par exemple, en soutenant CARMA, le projet de transition écologique du triangle de Gonesse ; l’aménagement et l’égalité des territoires faisant partie des compétences de la région ;
–le zéro bouteille en plastique dans tous les services et toutes les manifestations de la région. La politique de réduction des déchets fait d’ailleurs partie des compétences de la région. Il faut s’attaquer aux bouteilles en plastique qui sont de loin les déchets qui polluent le plus dans le monde ;
–la reconnaissance de la personnalité juridique de la Seine, de la Marne et de l’Oise qui sont fortement impactées par les pollutions, la Seine impactant à son tour la mer. Les législations actuelles montrent leurs limites concernant leur préservation. En s’inspirant des droits de la Nature et en considérant l’écosystème fluvial comme une entité juridique, il s’agit de se doter d’un nouvel outil prometteur ;
–le soutien au fret fluvial pour faire de l’Île-de-France une région exemplaire en la matière ;
–le soutien au mouvement citoyen et associatif pour l’eau bien commun en Île-de-France ; de nombreuses initiatives se développent en faveur d’une gestion publique et citoyenne depuis plusieurs années ; elles s’inscrivent dans la perspective d’une participation citoyenne accrue à la gestion de l’eau à tous les niveaux, petit et grand cycle compris. Ce soutien doit s’étendre aux collectivités. Des territoires comme Est Ensemble et Grand Orly Seine Bièvre sont actuellement en transition vers une gestion publique, d’autres comme Grand Paris Sud développent la gestion publique, tous doivent pouvoir compter sur l’appui politique et sur un accompagnement technique de la région !
Paris le 27 avril 2021
Rappel du cadre légal d’intervention de la région dans le domaine de l’eau
Concernant la gestion de l’eau et la protection de la ressource, le conseil régional peut se voir attribuer tout ou partie des missions d’animation et de concertation lorsque l’état des eaux présente des enjeux sanitaires et environnementaux justifiant une gestion coordonnée des différents sous-bassins hydrographiques de la région.
La région doit participer au Schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE)et au Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE). La région doit gérer l’aménagement, l’entretien et l’exploitation des cours d’eau, canaux, lacs et plan d’eau.
Via le Schéma régional de cohérence écologique (SRCE), elle veille à la cohérence écopaysagère de Trame verte et bleue (Les comités régionaux élaborent, suivent et mettent à jour des schémas régionaux de cohérence écologique préfigurant les futures trames vertes et bleues, en veillant à la cohérence avec les orientations de la Trame verte et bleue nationale et des SDAGEs).
Bonjour,
non, je n’ai pas connaissance d’autres interpellations pour les élections régionales, mais il y a d’autres coordinations régionales qui en général sont dans la même dynamique que nous: par exemple, EBC PACA ou encore la coordination eau bien commun AURA. Si vous indiquez quelle région vous intéresse, nous pouvons vous faire parvenir les coordonnées des assos correspondantes; Vous pouvez également consulter notre site national http://www.coordination-eau.fr
Bonjour,
En dehors de la Région Ile-de-France, existe-t-il d’autres dispositifs de veille citoyenne sur la ressource en eau dans d’autres régions ? Avez-vous connaissance d’autres interpellations adressées aux candidats aux élections régionales sur cette thématique de l’eau ?
Merci.