Les habitants de neuf villes du territoire de Grand-Orly Seine Bièvre sont invités à se prononcer d’ici au 19 septembre 2021 pour ou contre la création d’une régie publique d’eau potable sur leur commune. Du résultat de cette consultation dépendra leur sortie définitive du Sedif, le Syndicat des eaux d’Ile-de-France.
« Etes-vous favorable à la création d’une régie publique de l’eau potable sur votre commune ? » : telle est la question à laquelle plus de 300 000 Val-de-Marnais, habitant les communes d’Arcueil,
Cachan, Chevilly-Larue, Fresnes, Gentilly, Ivry-sur-Seine, Le Kremlin-Bicêtre, Orly et Vitry-sur-Seine, sont invités à répondre d’ici au 19 septembre 2021.
Depuis le 1er janvier 2021 en effet, ces neuf villes sont officiellement sorties du Sedif, le Syndicat des eaux d’Ile-de-France, auquel elles appartenaient depuis sa création, en 1923. Si elles lui restent liées par une convention provisoire, en vigueur jusqu’au 1er octobre 2021, elles ont souhaité, avant cette échéance, interroger leurs habitants. Une conférence de lancement était organisée le 31 août 2021 au Kremlin-Bicêtre.
« Nous donnons la parole aux citoyens sur un sujet qui les concerne directement, c’est un événement démocratique », a estimé à cette occasion Michel Leprêtre, président de Grand-Orly Seine Bièvre, qui
exerce désormais la compétence eau pour le compte des villes de son territoire. « Nous ne pensons pas que cette question si importante puisse être réglée simplement entre nous, car elle nous projette dans les décennies qui viennent. C’est une chance historique de mettre la question de l’eau dans le débat public », a renchéri Hélène de Comarmond, maire de Cachan.
Une caravane de l’eau
Pour éclairer les électeurs, Grand-Orly Seine Bièvre a mis en place un dispositif à plusieurs niveaux. Une « caravane de l’eau » va, tout d’abord, aller à la rencontre des habitants pour leur expliquer les
enjeux d’un retour en régie publique de l’eau. « Plus de 100 rencontres sont prévues », a détaillé Fatah Aggoune, président de la structure de préfiguration de la régie au sein de Grand-Orly Seine
Bièvre. Quatre grands débats seront organisés, à Fresnes, Le Kremlin-Bicêtre, Ivry-sur-Seine et Cachan. Y participeront, notamment, outre les élus des villes concernées, Dan Lert, président d’Eau de Paris et adjoint à la maire de Paris, Jean-Claude Oliva, vice-président d’Est Ensemble en charge de l’eau potable, Philippe Rio, vice-président de Grand Paris Sud en charge de l’eau, et Christophe
Lime, président du réseau France eau publique.
Les habitants pourront alors mettre leur bulletin dans une urne, d’autres réceptacles étant installés dans les services publics des municipalités concernées. Mais le territoire a également mis en place un système de vote électronique, ainsi qu’un vote par correspondance.
Si aucun élu ne s’est avancé sur un taux de participation, tous espèrent faire naître le débat. De fait, dès la mise en place de la caravane, le 31 août au Kremlin-Bicêtre, quelques passants curieux
engageaient la conversation.
Bien commun
Pour les maires concernés, quitter le Sedif n’est pas une fin en soi. « En 1923, la création du Sedif a été un outil de lutte contre la fracture territoriale pour un égal accès à l’eau en Ile-de-France, a rappelé Fatah Aggoune. A la manière de ce qu’a représenté le Sedif au XXe siècle, nos neuf villes entendent aujourd’hui construire un service public à la hauteur des défis du XXIe siècle ». « Il s’agit de reprendre le contrôle d’un bien commun essentiel qui doit être soustrait aux intérêts financiers. Cela nous permettra d’aller vers une tarification sociale de l’eau et de mettre la gestion du service sous le contrôle des élus en étroite relation avec les usagers », a justifié Jean-Luc Laurent, maire du Kremlin-Bicêtre.
« 42 à 45 % de la population française est désormais approvisionnée par une régie publique d’eau, a souligné Dan Lert, qui participait à la conférence de lancement, poursuivant : en reprenant les marges des délégataires et en investissant chaque euro dans le réseau, nous avons pu, à Eau de Paris, faire baisser les prix de 8 % tout en gardant un haut niveau d’investissement ». Et, de fait, « il n’y a aucune raison que les prix augmentent, bien au contraire », a rassuré Christian Métairie, maire d’Arcueil.
Objectif 2024
Reste que les neuf villes ont encore un long chemin à parcourir. Il leur faut, tout d’abord, négocier les termes de leur divorce avec le Sedif. Alors qu’Est Ensemble, confronté à une situation similaire, a
demandé l’arbitrage du préfet de région, Fatah Aggoune se veut, lui, optimiste : « depuis juin 2021, nous avons des équipes de négociateurs qui se réunissent régulièrement. Nous nous sommes fixés jusqu’à la fin de l’année pour mener à bien ces discussions ». Les questions du partage du patrimoine, mais aussi de la nécessité, ou non, de déconnecter de manière physique ou simplement virtuelle les réseaux, constituent deux points sensibles dans les débats.
Une fois ces questions réglées, la future régie de Grand-Orly Seine Bièvre restera liée à Veolia jusqu’à la fin de la délégation de service public de ce dernier, au 31 décembre 2023. Elle pourra cependant préparer une future diversification de ses approvisionnements en eau : outre l’usine du Sedif de Choisy-le-Roi, elle envisage de se tourner vers Eau de Paris, dont certains ouvrages sont situés sur le territoire. La future régie de production qui devrait se constituer en Essonne constituerait une troisième option.
Les résultats du vote seront comptabilisés le 23 septembre 2021