Le SEDIF surfacture les quartiers populaires au profit de Veolia

Le Syndicat des eaux d’Île-de-France (SEDIF) applique des tarifs nettement plus élevés à l’habitat collectif qui accueille les populations les plus défavorisées. Au seul bénéfice de la multinationale Veolia! Décryptage d’une incroyable discrimination sociale.

Le tarif général du SEDIF pour les usagers domestiques comprend deux tranches pour ce qui concerne la part dite variable, c’est-à-dire en fonction du volume consommé. La première pour une consommation annuelle jusqu’à 180 m3 est actuellement à 1,26 €/m3 HT. La seconde pour une consommation annuelle supérieure à 180 m3 est à 1,67 €/m3 HT. Soit 32% plus cher, ce qui n’est pas rien. Le hic, c’est que la plus grande partie de l’habitat collectif est dans la seconde tranche! Pourquoi?

Tout simplement parce que le SEDIF ne tient pas compte du nombre de logements dans un immeuble. Il facture la consommation du compteur général du bâtiment. S’il y a 50 ou 100 logements, même pour une consommation annuelle relativement faible de 60m3 par logement, par exemple, on dépasse très vite les 180 m3.

Il serait pourtant facile de faire autrement: il suffirait de tenir compte du nombre de logements en le demandant au bailleur social. Dans ce cas, pour 100 logements, la deuxième tranche démarrerait au-delà de 180X100=18 000 m3/an. Autant dire que tout l’habitat social resterait dans la première tranche.

C’est Veolia qui encaisse

Ce système profite exclusivement à Veolia. En effet, une partie de la facture revient au SEDIF et une autre à son délégataire, Veolia. Pour la première tranche, 0,52 €/m3 reviennent au SEDIF et 0,74 €/m3 à Veolia. Pour la seconde tranche, 0,52 €/m3 reviennent au SEDIF, pas de changement, mais la part de Veolia augmente de plus de 50%, elle est portée à 1,15 €/m3! 

En réalité, la pénalisation de l’habitat collectif est encore plus importante car le service rendu par le SEDIF n’est pas le même. Il n’y a pas de compteurs individuels, ni de facturation établie par le SEDIF. L’eau est payée dans les charges additionnelles au loyer. Mais souvent il existe des compteurs individuels, installés par le bailleur social et relevés par des sociétés privées (comme Proxiserve qui appartenait à…Veolia!) Le locataire paie donc en plus la location du compteur, son relevé et la facturation. 

Le mirage du tarif multi-habitat

Pour répondre aux critiques provoquées par l’injustice flagrante de ses tarifs, le SEDIF propose un tarif multi-habitat. Dans ce cas, il est bien tenu compte du nombre de logements et donc les locataires sont facturés au tarif de la première tranche, mais… Il n’y a pas que la part variable, il y a une part fixe (ou abonnement) qui est calculée selon le diamètre du compteur. Dans le tarif général, pour un compteur individuel, c’est 15mm. Pour une centaine de logements, c’est 150mm et la part fixe est logiquement, 100 fois plus élevée. Mais dans le tarif multi-habitat, il y a une double part fixe! A savoir celle de l’immeuble, plus une part fixe par logement. Au final la réduction, aux dires même du SEDIF, n’est que de 7% en moyenne. Le tarif multi-habitat reste donc bien plus élevé que le tarif général en habitat individuel. Et s’ajoutent encore les frais annexes de location, de relevé des compteurs individuels et de facturation via la quittance de loyer, puisque ce service n’est toujours pas rendu par le SEDIF.

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