Le pot de départ du Festival de l’Oh! a réuni à Gare au théâtre à Vitry/Seine les artisans et ami-es du Festival de l’Oh! Voici l’allocution prononcée par Olivier Meïer à cette occasion: « Ah !, les amis, si vous saviez comme c’est bon de vous revoir. De vous retrouver, là, ensemble… Les visages un peu burinés par le temps, des rondeurs un peu plus affirmées, le poil blanchi, mais là, toujours, avec le même sourire, la même chaleur, la même petite lumière au coin de l’œil.
C’était donc il y a trois ans, presque jour pour jour. Le 29 mai 2016. Barolosolo venait de terminer une toute dernière acrobatie musicale dans les eaux gonflées de Villeneuve-Saint-Georges, que des trombes s’abattaient, comme il en était tombé déjà tout le week-end par intermittence – au point d’avorter la représentation du Quartet Buccale programmée à Ablon -, ainsi que toutes les semaines précédentes. La Seine, elle, montait, montait. Fred avait l’œil depuis plusieurs jours sur l’indicateur de Vigicrue, dont la jauge avait été un temps trompée par un amas de branches et de feuillages.
Les derniers festivaliers étaient rentrés chez eux, donc, et dans un flot ultime, la crue de la Seine expédiait des dizaines de familles dans des centres d’hébergement d’urgence, en même temps qu’elle emportait les deniers clapotis du festival de l’Oh!…
De cœur ou de plein pied, vous aviez été là pour ce dernier rendez-vous, fidèles, et nous nous apprêtions à panser les plaies de ce malicieux caprice.
Alors que c’est bon de vous revoir, ensemble, après tout ce temps.
Parce que des dégâts, cette bourrasque, bouh !… qu’est-ce qu’elle en a fait. Des blessés, des meurtris, des orphelins… le festival en a laissés par paquets.
Je pense d’abord à vous, les artistes. Les artistes de l’espace public et des quartiers populaires, vous qui avez à la fois tant à dire sur le monde, tant à dire aux gens, vous qui œuvrez avec l’impertinent argument de la poésie pour rendre la vie des alentours acceptable si ce n’est désirable. Pour vous, un festival de plus qui s’arrête, c’est un espace de moins à embellir, mais ce sont aussi des heures de moins à porter à vos compteurs de pôle emploi, des techniciens de moins avec qui collaborer, et une précarité – à laquelle vous êtes pourtant plus accoutumés que la plupart d’entre nous – qui d’un coup devient mortifère. A combien d’artistes, de techniciens, d’intermittents, l’arrêt du festival aura-t-il été fatal ?
Nous, en tout cas, nous avions le goût de vous accompagner, de vous offrir le meilleur de nos berges : des plages encore sauvages, des quais, des ports… Nous avions à cœur de vous sécuriser dans la traversée toujours périlleuse de vos créations au milieu de ces nulle-part, parce qu’on y croyait dur comme fer.
Il faut le dire : vous avez donné au festival sa carte d’identité, sa singularité, son mouvement, ses images, sa gestuelle, ses couleurs, ses timbres, et maintenant sa mémoire. Vous avez redonné à la Seine et à la Marne leurs imaginaires enfouis, et à chacune et chacun le droit de les épanouir à sa guise. Nous vous devons, à vous plus qu’à tous les autres, un grand, un très grand merci ! S’il y a un avenir, s’il doit y avoir renaissance d’un projet métropolitain sur, pour et par l’eau, c’est à vous qu’il faudra ouvrir les portes des écluses, qu’il faudra donner la clé des ports. Les quais de l’avenir sont à vous.
Et j’en profite pour vous dire que s’il venait à quelques gillets jaunes d’entre-vous de porter la révolte populaire des précaires et des invisibles au cœur de notre petite soirée festive, par une intervention sur ce podium, à ce micro ou autrement, comme vous l’avez fait cette semaine lors de la remise des Molières, vous ne seriez pas coupés au montage. Que les choses soient claires : sur le fronton de ce théâtre, il n’y a pas marqué « censure » ! Ce n’est pas Mustapha qui me démentira, lui qui s’apprête justement à vous parler de l’âme de ce lieu.
Je pense aussi à vous, acteurs et actrices du mouvement sportif, qui n’avez ménagé ni votre temps bénévole ni votre imagination pour mettre le festival de l’Oh! au service d’une pratique élargie de vos disciplines : la course handi-kayak en soutien à la candidature de Paris aux Jeux Olympiques de 2012, la rand’Oh! cyclotouristique qui aura sillonné la moitié de l’Europe au fil des éditions et des fleuves invités, les dragon boats, la randonnée pédestre du dimanche matin, le rallye des écoles, le rallye raid’Oh!, le rallye des familles, toutes ces formes ré-inventées par et pour le festival. Et qui ont incarné notre conviction profonde, selon laquelle la Marne et la Seine ont vocation à être aussi un grand terrain de jeu pour la jeunesse de banlieue.
Quel dommage que l’aventure se soit arrêtée au milieu du gué avant que des bases nautiques n’aient été installées sur la Seine, au pied des grandes cités populaires du département, avant même que la baignade en Seine et en Marne n’ait été réalisée… L’héritage des JO en est le nouvel horizon, de la baignade, et il est entre vos mains, parait-il. Eh bien si c’est vrai, il est sauvé, car vous avez un incroyable goût des autres, qui j’espère sera plus fort que les logiques comptables qui feront peu de cas de l’héritage promis.
Je pense à vous, savants, chercheurs, universitaires, qui avez accepté de jouer le jeu de cette rencontre improbable, de vous confronter à cela même qui pouvait vous mettre en péril, qui avez apporté dans la corbeille des journées scientifiques et techniques que vous avez largement ouvertes aux sciences humaines et à la pensée critique, mais également douze éditions d’un ateliers international de jeunes chercheurs en environnement venus du monde entier éprouver leur aptitude à la coopération scientifique, et pour finir une université populaire ouverte à tout un chacun… Il résulte de votre contribution onze volumes dédiés aux cultures de l’eau – une somme bibliographique incomparable -, et surtout un plaisir partagé à s’engager dans des projets à l’aveugle, avec nulle autre certitude que celle de la fécondité des intelligences qui acceptent de se confronter.
Je pense à vous les enseignantes et les enseignants de collèges qui avez, année après année, accompagné vos classes dans des projets exigeants, vous pliant à nos fantaisies thématiques ou formelles, et qui avez bien voulu croire avec nous qu’un travail atypique sur le thème de l’eau, bien suivi et intelligemment accompagné, pouvait interpeller des jeunes jusque dans les tréfonds de leur histoire familiale, et ce faisant ouvrir des voies de réussite à des gamins en difficulté. Combien de jeunes garçons et filles, aujourd’hui jeunes adultes, auront cheminé avec la Seine, la Marne ou la Bièvre revenues dans leur champ de vision, et échappé ainsi à l’échec scolaire, par la magie des eaux bruissantes.
Je pense aussi à vous, qu’on appelle souvent du nom barbare de « fournisseur », ou de « prestataire », que la technocratie administrative voudrait cantonner dans la position anonyme de « lauréat d’un marché public », dont la collaboration devrait être continuellement questionnée, renvoyée aux sacro-saintes règles de la concurrence libre et non faussée, à qui est ainsi dénié l’appétence pour un projet, à qui est contestée la capacité d’empathie pour ceux et celles qui le conduisent, le goût du travail bien fait parce que vous en partagez l’originalité, la pertinence ou simplement la beauté.
Vous appartenez au secteur marchand, alors hop ! pas de pitié. Un marché en moins, faut quand même arrêter de vous sustenter sur la bête ! Et bien nous, nous avions à cœur d’inscrire dans la durée nos coopérations, de profiter de l’expérience que vous consolidiez au fil du temps. Nous y gagnions en efficacité, en sécurité, et en sérénité…, bref, en maturité, et pourquoi pas en amitié. Nous savons ce que nous vous devons. Merci à vous d’avoir aussi contribuer à l’organisation de cette soirée, tout en sachant que ce serait sans autre contrepartie que notre reconnaissance commune du plaisir à travailler ensemble.
Je pense à vous, les collègues du département et des villes partenaires. Qu’elles étaient joyeuses, ces escales construites et animées ensemble. Quelle belle incarnation du service public, avons-nous su faire vivre toutes ces années. Loin des logiques des dispositifs administratifs bureaucratiques surannées. Avec vous, c’était du sur mesure, de l’échelle humaine, de l’écoute… Un territoire qui fait sens en composant du commun, de façon inclusive. La grande communauté de l’Oh! que je viens de remercier, elle n’aurait pu être à ce point ouverte aux habitants et aux habitantes de notre territoire sans votre abnégation et votre sens indomptable du service public. Merci mille fois, et surtout ne perdez rien de votre engagement, même s’il n’est pas certifié ISO 14.001.
Je vous dois un mot aussi de ce qui nous est arrivé à nous, la petite équipe dédiée au festival. On a pas mal été malmenés, on peut le dire. Je vous épargne le conflit social, les délégations revendicatives, les commissions paritaires, les reclassements et offres de reclassement, les mises au placard… je vous épargne aussi tout ce qui avait précédé, les signaux avant-coureurs d’une fin imminente : les fins de contrat abruptes, les recrutements brusquement interrompus, les injonctions contradictoires, l’effacement progressif dans les discours publics, les tensions qui résultaient de l’étiolement du portage politique, les failles, puis le conflit interne savamment instillé et entretenu, et toutes les blessures que ces épisodes ont laissées.
Nous sommes comme des ouvriers à qui l’on ferme l’usine, ni plus ni moins : fragilisés dans leur avenir, mais surtout déniés dans leurs compétences, atteints dans leur dignité, et c’est probablement là que s’est trouvé la plus grande violence, à laquelle aucun discours managérial bien rodé ne peut rien. D’une certaine façon, et dans le champ très spécial du politique, Jacques Perreux, le père fondateur du festival, avait déjà traversé ces épreuves quelques années auparavant, et je suis tellement heureux qu’il soit parmi nous pour s’en remémorer quelques chapitres.
Les dépressions sont passées par là, les deuils, les rebonds… En général, la page s’est tournée, et boire, rire et manger avec vous ce soir va nous aider à terminer de tourner cette page heureuse.
Je voudrais juste, en parlant de nous, que l’on fasse siffler très, très, très, très fort les oreilles de quelqu’un, ce soir.
Parce que son absence, à cette fête qui était pensée en grande partie pour elle, n’est pas étrangère à cette situation. Aux côtés de Judith, puis de Marie-Fanny, puis accompagnée autrement par Laure, Nathalie a conduit quinze ans durant un travail exigent de programmation, toujours soucieuse du respect dû aux artistes, de la qualité de leur accueil dont elle se faisait un point d’honneur, du lien avec les villes, de l’inclusion des partenaires… Les projets, elle a toujours eu à cœur de les porter à bout de bras, sans rien concéder, et c’est probablement en partie l’absolutisme de cet engagement qu’elle paye aujourd’hui. Mais je suis très mauvais en psychologue à deux balles, je ne vais pas en dire plus, sauf pour vous inviter à lui adresser par les airs un grand, grand message d’amour et des vœux de prompt rétablissement ce soir.
A vous tous et à vous toutes, donc, un grand merci. Merci pour le festival et vos années de collaboration, et merci d’être là ce soir, c’est un grand témoignage d’amitié…
16 éditions, plus de 300 compagnies programmées, Willy Ronis, Sebastiao Salgado, Gérard Rondeau, des péniches transformées en théâtres, 350.000 passagers transportés, le Gange, le Saint-Laurent, le Niger, l’Ebre, le Danube, le Fleuve rouge et même les déserts du Maghreb accueillis en Val-de-Marne, tout comme Vandana Shiva, Danièle Mitterrand, Riccardo Petrella, Albert Jacquard, Pedro Arrojo et des dizaines d’autres figures de la pensée écologique et sociale contemporaine, un Congrès des collégiens pour une nouvelle culture de l’eau et 15 forums intercollèges, des renouveaux urbains collatéraux, comme la réouverture de la Bièvre à La-Haÿ-les-Roses, et bientôt à Arcueil et Gentilly…
Tiens, justement, on nous a parfois reproché d’embrigader dans les apports du festival de l’Oh! des politiques départementales ou des choix d’aménagement qui n’auraient rien eu à voir. La question n’est pas là. Jésus Christ n’a pas attendu le festival pour marcher sur les eaux, ni le Prophète Mahommet pour faire pleuvoir des grenouilles sur les déserts sahariens. Les débats sur qui de la poule ou de l’œuf n’ont encore jamais pu être résolus pas plus qu’ils n’ont jamais présenté d’intérêt.
La seule chose à retenir de ces seize ans d’expérience, parce que ça peut et doit éclairer l’avenir, à commencer par celui de nos rivières, c’est comment des transformations urbaines se pensent et se réalisent de concert avec des mobilisations authentiquement populaires grâce à des impulsions politiques qui s’attachent justement à lier l’un et l’autre. C’est comment le concept de participation ne se cantonne pas à des alibis plus ou moins foireux, mais passe par des leviers où l’accessibilité, l’attractivité, la sécurité, la bienveillance du cadre proposé installe, au fil de sa réitération, l’évidence qu’il est ouvert à tous et toutes, qu’il ne reproduit pas les lignes de fracture habituelles, qu’elles soient culturelles, sociales, générationnelles, numériques ou que sais-je encore, et qu’en plus il fait sens.
Le festival de l’Oh!, c’était l’art sur l’eau et sur les berges, mais pas que. C’était une incroyable mobilisation des villes riveraines sur des espaces en situation de reconquête, mais pas que. C’était un travail de pédagogie, de sensibilisation, de mise en perspective des enjeux environnementaux à grande échelle, mais pas que. C’était sa croisière à Venise, mais pas que. C’était la découverte d’un grand fleuve du monde, c’était une introduction, par l’eau, à une anthropologie contemporaine, mais pas que. C’était les courses en bateau, en vélo, les marches à pied, c’était du sport de loisirs et de découverte, mais pas que. C’était pour les institutions – villes, département – le lieu de dialogue autour de projets d’aménagement, mais pas que. C’était des lieux de rencontre entre expertise scientifique et savoirs vermiculaires, mais pas que. C’était à la fois tout cela à la fois, et chacune de ces simples démarches où l’on pouvait venir picorer à sa guise. On venait y prendre juste ce qu’on voulait, son bateau, son spectacle, sa barbe à papa, en sachant que tout le reste lui donnait une signification particulière. C’est dans cet invraisemblable attelage, qui n’a cessé d’évoluer, année après année, qu’une adhésion éclectique, quasi œcuménique, s’est faite autour du festival.
Si bien que les dernières années, on pouvait lui couper toutes les croupières que l’on voulait, lui supprimer son expo photo grandeur nature, l’amputer de sa forme la plus emblématique – le carnaval de l’Oh! -, lui diviser son budget par 2, ou par 3, le cantonner, comme la dernière année avant la crue fatale, dans les confins les plus éloignés du département… que le public répondait néanmoins présent, avec un engagement participatif croissant, comme l’antépénultième édition, celle de 2015 sur la Marne, avec la Régate 1900, l’illumination de l’île Fanak à Joinville et la mise à l’eau du Pont d’Olivier Grossetête l’avait montré de façon spectaculaire.
Sur ce territoire, le festival de l’Oh! avait acquis une telle évidence, que même trois ans après son arrêt, on croise encore des gens qui vous demandent, « tiens, au fait, c’est quand cette année le festival ? », incrédules au fait qu’il ait été abandonné.
Et de fait, travaillant désormais ailleurs, ayant retrouvé d’une certaine manière ma liberté de parole, et pris de la distance personnelle avec cet objet et son histoire, je ne peux m’empêcher de penser et de dire que la décision d’arrêter le festival a été d’une absolue absurdité. Loin de moi de nier l’étranglement budgétaire que les gouvernements imposent aux collectivités, mais le ou les 2 petits millièmes que son coût représentait dans le budget départemental est sans rapport avec son efficacité sociale. Le dire peut paraître arrogant. Les politiques et la haute administration nous en ont fait le reproche, qui ne voyaient plus cette force d’impact – ou au contraire se sentaient encombrés par son indomptable persistance.
Oui, une décision qui casse un outil performant sans avoir réfléchi avant à comment on le remplace, est absurde.
Alors on a donné des gages. On a maintenu le projet pédagogique. C’est bien. Avec moitié moins de médiateurs, mais on l’a maintenu. On a maintenu l’université populaire, ailleurs et autrement, mais on l’a maintenue. On a maintenu les journées scientifiques, et les partenariats qui les portent. Le Département finance des ateliers créatifs en guise d’études sur les aménagements de berges. Tout cela est bien, mais il n’en reste pas moins que le fil d’Ariane a été sectionné, que le ressourcement de ces projets, les uns par les autres, n’est plus et que tout cela ne fait plus communauté.
Et que les artistes, comme il se doit, récoltent la portion congrue.
Cela étant dit, force est de constater que la demande d’eau, ou plus précisément l’évidence de la nécessité de faire sa place à l’eau en ville est devenue tellement forte, que la flamme reste vivace et le foyer bien entretenu.
C’est pourquoi, j’aimerais terminer ce long propos – où vous avez compris que j’avais besoin, pour moi et au nom de mes camarades, de vider un sac un peu lourd – parce que quand-même, on en a gr’Oh! – j’aimerais terminer, donc, en rendant hommage à ceux et celles qui n’ont pas baissé pavillon, et qui malgré le remisage du brise-glace que représentait le festival, œuvrent néanmoins avec passion à faire vivre les cours d’eau au cœur d’un projet populaire, qui cherchent à réaliser, avec la Seine, ses canaux et ses affluents, l’incarnation qu’appelle la Métropole, qui ne renoncent pas à faire Bien commun avec l’eau…
Peut-être prendront-ils ou prendront-elles la parole au cours de notre soirée, mais je voudrais les citer : Jean-Claude, Edith, Daniel, Joël, Vanessa et toute leur équipe militante de la coordination Eau-Ile-de-France, qui se battent sans relâche contre les coupures d’eau, et assistent les communes ou les agglomérations qui aspirent à récupérer une gestion publique de l’eau.
Je veux saluer aussi Hélène, qui avec le Comité départemental du tourisme du Val-de-Marne est sur tous les fronts, de la Marne, pour en inscrire les berges dans un itinéraire culturel européen, et de la Seine, pour rebâtir un véritable projet de destination autour de la grande confluence.
Je veux aussi saluer ses homologues de Seine-Saint-Denis, que je viens de rejoindre, et qui ont su inventer un projet exceptionnellement mobilisateur pour les communes et les habitants riverains du canal de l’Ourcq et du canal Saint-Denis, très populaire, et moteur pour toutes les requalifications urbaines autour de ces canaux. (J’en profite pour vous inviter à venir, lors d’un des week-ends de juin ou de juillet, à venir profiter des navettes, des croisières, et de la riche programmation estivale de l’été du canal).
Hommage aussi à Ricardo et le collectif qu’il a monté autour de son entreprise culturelle Petit-Bain, qui porte aujourd’hui l’un des projets les plus prometteurs pour faire vivre la Seine comme la matrice de la Métropole du Grand Paris. « L’Odyssée de Paris, la course en solidaire », porte des valeurs qui nous ressemblent, qui nous rassemblent, et mérite de profiter de la perspective olympique pour inscrire durablement la Seine dans sa vocation métropolitaine. Nous avons bon espoir de voir, dès la saison 2019-2020, fleurir des chantiers navals, sous les doigts d’étudiants, d’habitants de quartiers, avec le soutien de mécènes et de collectivité, pour aboutir à des courses et à de grandes parades sur les artères fluviale de la Métropole en septembre 2020, puis chaque année jusqu’aux Jeux.
Hommage encore à une initiative militante née en réaction à des projets récents de bétonisation de berges à Paris, et qui rencontre un inattendu engouement citoyen, à mesure qu’elle s’ouvre à des questionnements culturels et métropolitains. Avec « La Seine n’est pas à vendre », Bernard et son collectif, agissent comme poil à gratter, souvent au cœur des instances institutionnelles, et cette fonction de lanceur d’alerte a le grand mérite d’interpeller le politique sur ses responsabilités en la matière.
Je voulais vous saluer, les uns et les autres, parce qu’au-delà des projets ou des approches que vous portez, vous témoignez de la persistance d’une lame de fond, qui se cherche, qui s’incarne, et qui est aujourd’hui dans le pressant besoin d’un engagement politique de la part des institutions en place, portée par une ambition du même ordre et même nature que celle que le Val-de-Marne avait su assumer au cours de la décennie passée.
Voilà. Ce qui s’est passé et nous a réuni pendant 15 ans résultait d’une symbiose rare entre cette ambition politique, l’engagement militant d’une équipe, l’adhésion d’un territoire et des valeurs partagées.
Ce feu s’est nourri durant 15 ans d’exigence et de bienveillance. Il s’est éteint le temps d’une crue, en une nuit, dans le déni des décideurs. Bienheureux ceux et celles qui réussiront à aligner autant d’étoiles pour retrouver pareil attelage.
Mais parce qu’on a décidé d’y croire, ce clap de fin s’écrit F-A-I-M. Alors que la fête commence, et bon appétit à toutes et tous. »