PFAS dans l’Oise : une bombe environnementale

En 2023, le géant de la chimie Chemours promettait de s’agrandir et d’embaucher 80 personnes dans l’Oise, avec un fort appui politique. Deux ans plus tard, revirement brutal. L’usine productrice de PFAS ferme finalement cet été sur fond d’alertes environnementales.  À Villers-Saint-Paul, dans l’Oise, une forte contamination aux polluants éternels a été détectée. L’usine Chemours, productrice de PFAS, est pointée du doigt. Extraits d’un article rédigé par Julie Pietri de la Cellule d’investigation de Radio France.

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Vingt ans sans contrôle précis des rejets de PFAS

« Notre objectif, c’est : pas d’impact sur l’environnement », se défend Marc Chefson, le directeur du site Chemours de Villers-Saint-Paul. Il précise qu’une station d’épuration traite les effluents de Chemours comme ceux des autres entreprises de la plateforme chimique : « On ne rejette rien directement dans l’Oise. »

Le chef d’entreprise balaye aussi d’un revers de main les études, menées par l’ONG Générations Futures(Nouvelle fenêtre), qui a découvert des taux importants de PFAS aux abords de la plateforme chimique et qui classe Chemours comme un des sites « top émetteurs de France ». « Le sujet PFAS a été pris en main par l’usine courant 2022, assure Marc Chefson, et on voit les résultats : année après année, on réduit drastiquement nos émissions. »

En 2024, Chemours a déclaré avoir rejeté 34 fois moins de PFAS vers la station d’épuration qu’en 2022. Elle assure être passée de 59 kilos émis à moins de 2 kilos. Des efforts d’ailleurs soulignés par la préfecture de l’Oise. Mais que s’est-il passé avant ? Chemours est implantée à Villers-Saint-Paul depuis 2002***. Quelle quantité de PFAS a été rejetée pendant vingt ans ? La direction de Chemours assure ne pas le savoir : « Il n’y a eu avant cette date ni contrôles systématiques, ni mesures précises.« 

Quelques indices existent pourtant. Dès 2015, Pierre Labadie, spécialiste des PFAS et directeur de recherche au CNRS repère un flux important de PFAS dans la Seine, à l’endroit où le fleuve croise le chemin de l’Oise : « On avait fait l’hypothèse d’une source très importante dans le bassin de l’Oise et on a pensé assez fort qu’il pouvait y avoir un lien avec un site de production de PFAS dans ce secteur, explique ce chimiste de l’environnement. Et à notre connaissance, il n’y en a qu’un. » Chemours donc. D’autant que le PFAS retrouvé en quantité, le 6:2-FTS, est rejeté par l’entreprise et utilisé dans la fabrication de mousses anti-incendie. Et ce n’est pas le seul indice de cette pollution. En 2013, des chercheurs de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) relevaient aussi des quantités impressionnantes de PFAS dans l’Oise.

Ulcéré, le président de la Communauté d’agglomération Creil Sud Oise, Jean-Claude Villemain, ne pense plus qu’à une chose : « Se débarrasser de Chemours. » L’élu, qui regrette de ne pas avoir été plus vigilant, « on n’est pas des spécialistes de la chimie ou de l’environnement », veut accéder au site au plus vite, maintenant que l’entreprise a annoncé sa fermeture : « Je souhaite savoir comment et avec quoi ils ont pollué ce site. On ne peut pas rester avec une bombe à retardement à proximité de chez nous. »

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“Stratégie de prédateur”, “bombe environnementale” : la colère dans l’Oise face à la fermeture du géant Chemours

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