SIAAP: nouvel accident majeur passé sous silence

Vingt jours. C’est le temps qu’il aura fallu au syndicat interdépartemental pour l’assainissement de la région parisienne pour rendre public un accident qui a entraîné le relâchement dans l’atmosphère de 4 tonnes de biogaz dans la nuit du 9 au 10 octobre dernier à son usine historique d’Achères dans les Yvelines, établissement classé Seveso seuil haut. Un silence qui a scandalisé riverains et élus, et illustre à nouveau une gouvernance et une gestion de la sécurité délétères. En embuscade, Veolia s’apprête à tirer profit du désastre. Par Marc Laimé dans Le Monde Diplomatique de décembre 2022.

Un nouvel exemple accablant de la gestion consternante de ce grand syndicat. Rappelons que le traitement des eaux usées est le premier poste de la facture d’eau : le SIAAP a augmenté ses tarifs de 7,5% le 1er juillet 2022 pour répondre … »au défi écologique »!

Le SIAAP, créé en 1970, transporte et dépollue chaque jour, dans ses six usines d’épuration, près de 2,5 millions de m3 d’eaux usées — domestiques, pluviales, industrielles — dont 1,5 million est acheminé vers l’usine Seine aval, implantée depuis plus de 50 ans dans la plaine d’Achères.

C’est le premier donneur d’ordres européen dans le domaine de l’environnement, avec un budget annuel d’1,2 milliard d’euros. Déjà, en juillet 2019, sur le même site, un incendie qui avait détruit l’unité de clarifloculation avait soulevé nombre d’interrogations.

Un autre accident majeur a ensuite affecté une autre usine du SIAAP, située à Colombes, le 29 avril dernier. Un incendie a entraîné l’arrêt total de la production et des rejets de près de 300 000 m3 d’eaux usées, non traitées, dans la Seine. Là encore, le SIAAP avait passé l’accident sous silence.

Cette fois-ci ce n’est que dix jours plus tard — le 21 octobre — que le SIAAP s’est enfin décidé à signaler l’incident aux services de l’État, qui n’ont pas davantage cru bon d’en informer riverains et élus…

Un silence singulier quand on sait que le Plan particulier d’intervention (PPI) de cette station d’épuration, la plus grande d’Europe, englobe les trois communes sur lesquelles se trouvent les 600 hectares de l’usine (Saint-Germain-en-Laye, Achères et Maisons-Laffitte), mais aussi une commune limitrophe dans les Yvelines (Conflans-Sainte-Honorine) et quatre autres dans le Val-d’Oise (Herblay, La Frette-sur-Seine, Cormeilles-en-Parisis et Montigny-lès-Cormeilles).

« Le directeur du SIAAP aurait, je dis bien aurait, appelé le maire d’Herblay pour le prévenir de l’incident. Cela serait le seul, il ne m’a pas prévenu alors que le SIAAP est situé dans les Yvelines et qu’en tant que sous-préfet, j’ai la responsabilité opérationnelle de ce site Seveso. L’exploitant n’a pas prévenu les maires. Dans les Yvelines, personne n’a été mis au courant. » déclarait le 10 novembre dernier au site Actu.fr Jehan-Éric Winckler, sous-préfet de Saint-Germain-en-Laye.

Lire l’article complet sur le site du Monde diplomatique

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *