Une nouvelle étape s’ouvre

Jeudi 2 novembre, élu-es et citoyen-nes des trois territoires GrandOrly-Seine-Bièvre, Est Ensemble et Plaine commune se sont retrouvé-es à Ivry pour commenter ensemble la non adhésion au SEDIF et l’obtention d’un délai de deux ans pour mener à leur terme les études engagées, consulter la population et décider. Analyse de la situation et perspectives.

La vague citoyenne en action: ici une initiative de « porteur de parole » à Montreuil.

Ce premier résultat a été accueilli avec une grande satisfaction par tou-tes. D’autant plus que quelques jours avant, le SEDIF (notamment par une lettre de son Président, M. Santini, aux Présidents d’EPT, le 2 octobre) dressait une série d’obstacles pour décourager toute velléité de sortie! Cependant la vigilance reste de mise, en particulier sur la convention entre le SEDIF et les EPT qui sera soumise au vote des trois EPT (le 19 décembre Pour GrandOrly-Seine-Bièvre et Est Ensemble, fin novembre pour Plaine commune). Un facteur important du premier succès obtenu est la dimension métropolitaine de l’action qui a poussé les trois Présidents à faire front commun et à demander ensemble une audience à M. Santini. Il faut que ce front se maintienne et il faut s’assurer que la convention ouvre bien deux ans d’approfondissement des différentes options envisageables entre le SEDIF et les EPT, c’est-à-dire des conditions d’un divorce à l’amiable. Il s’agira de préciser les périmètres concernés par la gestion publique et les modalités de la partition avec le SEDIF. Les citoyen-nes et le mouvement associatif doivent être partie prenante de cette réflexion, souligne Jacques Perreux, président du groupe écologiste et citoyen du GrandOrly-Seine-Bièvre,  car c’est leur irruption qui a bouleversé la donne.

Le contre-feu allumé par le SEDIF sur la mise à l’étude de l’éventualité d’une gestion publique à la fin du contrat avec Veolia, ne trompe personne. En 2008, dans des conditions politiques qui semblaient favorables -les forces de gauche appelant à choisir le mode de gestion en régie publique plutôt qu’en délégation au privé et représentant alors 49% des villes membres du SEDIF- la délégation au privé avait recueilli 62% des voix (à bulletins secrets) ! Aujourd’hui les forces de gauche représentent 26% des membres du SEDIF. Et même si l’option en faveur de la gestion publique dépasse les frontières partisanes (à preuve la récente décision de Metz Métropole de retourner à la gestion publique de l’eau), il est difficile d’imaginer un tel basculement au SEDIF. Il n’y a pas de majorité pour la gestion publique à l’intérieur de cet organisme si étroitement verrouillé.

Et maintenant, que faisons-nous ?

Dans les prochaines semaines, il s’agira donc de ne pas relâcher la pression citoyenne. Dans ce sens, Christian Métairie, Maire d’Arcueil, va soumettre au vote du conseil municipal le choix de ne pas adhérer au SEDIF et de construire une alternative publique. Une expression politique à amplifier partout, quel que soit le cas de figure. Dans la situation actuelle où existe une dynamique favorable à la gestion publique, nous pouvons espérer, dans les trois territoires, convaincre des élu-es au-delà des couleurs politiques. Et empêcher de dormir celles et ceux qui sont absolument rétifs à la gestion publique ! Autre initiative intéressante, un conseil municipal extraordinaire sur l’eau est prévu à Saint-Denis le 15 novembre. Le conseil de développement de Plaine commune s’est lui aussi saisi de la question.

C’est le bon moment pour la création de collectifs locaux de l’eau publique pour développer la sensibilisation citoyenne. Dans la foulée, Bagnolet a créé le sien lundi 6 novembre ! Des affiches et des modèles de tracts grand public sont disponibles auprès de la Coordination Eau Île-de-France. Selon une suggestion de Laurent Servières, du Collectif eau publique de Saint-Denis, un kit de mobilisation citoyenne regroupant tous les éléments nécessaires à l’action sera bientôt mis en ligne. Après la réussite de l’appel pour l’eau publique à l’occasion des sénatoriales, il est proposé de lancer une nouvelle pétition pour élargir encore la dynamique métropolitaine en faveur de la gestion publique, au-delà des trois territoires. Il faut noter qu’avec les deux ans obtenus, les décisions sont renvoyées à la période précédant les élections municipales prévues en 2020, un très bon moment pour se faire entendre des candidat-es, comme nous l’avons vu récemment pour les sénatoriales.

Une expertise considérable existe déjà sur les possibilités de construire une gestion publique : dans le territoire GrandOrly-Seine-Bièvre, il y a à la fois une étude très complète menée par Artelia pour l’EPT et des études dans certaines villes réalisées avec le soutien d’Eau de Paris. A Est Ensemble, il y a l’étude menée en 2013 par Espelia. Il s’agit maintenant de partager cette expertise et de définir ensemble la régie publique de l’eau pour les territoires concernés. De répondre aux questions sur les coûts induits et sur leur financement. De définir les périmètres de la gestion publique. Et de ne s’interdire aucune audace, de s’appuyer aussi sur une synergie entre les trois territoires pour construire l’alternative publique, comme le souligne Edith Félix, co-présidente de la Coordination Eau Île-de-France. L’association propose des journées de travail début 2018 dans chacun des territoires, associant élu-es et citoyen-nes des villes les plus concernées pour travailler ensemble les solutions.

Enfin il existe de fortes attentes vis-à-vis d’Eau de Paris. L’expérience réussie du passage en régie à Paris suscite envie et interrogations. Plusieurs intervenant-es soulignent l’intérêt de bien comprendre ce modèle public que nous avons sous les yeux et le besoin d’échanges et de conseils. Une nouvelle invitation sera adressée à ses dirigeants pour une rencontre publique début 2018.

 

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