A l’eau le sénat, vous nous entendez?

La Coordination EAU IDF a posé deux questions aux têtes de listes pour les élections sénatoriales en Seine Saint-Denis. L’interpellation porte sur des enjeux actuels: le projet du SEDIF d’installer l’osmose inverse basse pression et la gestion publique de l’eau.  Des réponses sont arrivées de la part de Géraldine Dauvergne (Génération écologie), Ahmed Laouedj (liste citoyenne non partisane) et Bally Bagayoko (liste Seine-Saint-Denis Union Populaire Écologique et Sociale). Ci-dessous nos questions et les réponses qui nous sont parvenues.

Notre association a le plaisir de s’adresser à vous à l’occasion des prochaines élections sénatoriales. Notre association comprend, en effet, de nombreux.ses élu.e.s et même des collectivités (villes et intercommunalité), sensibles aux questions de l’eau.
Nous souhaitons attirer votre attention sur le projet du Syndicat des eaux d’Île-de-France (SEDIF) d’installer l’osmose inverse basse pression dans ses usines de production d’eau potable. Ce choix énergivore et très coûteux pour les usagers se traduirait en outre par des rejets polluants dans les cours d’eau franciliens. Pour plus d’informations à ce sujet, vous trouverez ci-joint le cahier d’acteur de notre association publié dans le cadre du débat public qui vient de se terminer. Quelle est la position de votre liste sur ce projet qui peut impacter directement ou indirectement tous les habitant.e.s de Seine Saint-Denis?
Notre deuxième question porte sur le choix de la gestion publique. Lors des précédentes élections sénatoriales, plusieurs listes s’étaient prononcées en faveur de la sortie du SEDIF lié à Veolia. Depuis, une vingtaine de villes de deux territoires (dont Est Ensemble dans le 93) ont quitté définitivement le SEDIF pour construire leur propre régie publique. Soutenez-vous cette démarche de retour à la gestion publique?

Géraldine Dauvergne

1°/ Position de notre liste sur le projet du Syndicat des eaux d’Île-de-France (SEDIF) d’installer l’osmose inverse basse pression dans ses usines de production d’eau potable.

La position de notre liste sur ce sujet est très claire. C’est celle qui a été formulée dans le cadre des travaux de la commission « Eau » de Génération Écologie. Nous nous opposons au projet du SEDIF, d’installer l’osmose inverse basse pression dans ses usines de production d’eau potable. Ce projet est non seulement très coûteux (870 millions d’euros), mais il repose aussi exclusivement sur un traitement « curatif », et non sur la prévention des pollutions de l’eau.

Or, comme nous l’indiquons dans notre programme, la pollution des sols, de l’air et de l’eau par les polluants chimiques est d’abord un enjeu majeur de santé publique. Il faut la combattre à sa source, par une diminution drastique de l’usage des pesticides et des effluents de l’industrie. Inciter ou obliger les agriculteurs et les industriels à changer leurs pratiques permettra d’agir à la fois sur la qualité de l’eau potable, la santé humaine et la préservation de la biodiversité. L’urgence est donc de concentrer les investissements sur la préservation de la ressource. « L’eau est le plus grave problème écologique de la France depuis des décennies, rappelait le 28 juin dernier, Delphine Batho, coordinatrice nationale de Génération Ecologie, ex-ministre et députée des Deux-Sèvres. Les cours d’eau sont pollués à 93% par les pesticides. La situation de pénurie d’eau en France est d’abord un problème de modèle agricole. L’eau doit devenir un bien commun. La priorité, c’est l’eau potable, les usages économiques viennent après. »

Pire encore, le projet du SEDIF est nuisible à l’environnement, car il réinjectera des polluants (les concentrats) dans le milieu naturel, à l’heure où le débit des cours d’eau tend à baisser, ce qui ne fera qu’augmenter leur concentration ! La commission « Eau » de Génération Écologie étudie plusieurs voies pour mieux préserver la ressource et reconnaître le crime d’écocide, notamment celle de l’attribution d’une entité juridique à nos fleuves et rivières.

Cette technique développée par le SEDIF est enfin très énergivore, ce qui entrainera forcément une hausse du prix de l’eau potable, de l’ordre de 36 à 48 euros par an par foyer. Pourquoi les consommateurs devraient-ils payer la pollution générée par les industries et l’agriculture ? Le principe ne serait plus celui du pollueur payeur, mais du pollué payeur.

Enfin, il devient urgent de déployer la récupération et l’utilisation d’eau non potable pour tous les usages qui s’y prêtent. Moins de 30 % des usages des particuliers nécessitent vraiment de l’eau potable, dont 7 % pour la boisson et l’alimentation.

La position des membres de la liste « Respirer en Seine-Saint-Denis » sur cette question rejoint donc celle exprimée par la Coordination Eau Ile-de-France dans son Cahier.

2°/ Position de notre liste sur le choix d’un retour à la gestion publique de l’eau.

Notre liste est favorable à un retour à la gestion publique de l’eau, telle qu’elle a été mise en place sur le territoire d’Est Ensemble.
La question de la démocratisation du partage et de la gestion de l’eau est centrale chez Génération Écologie. Dès 2015, Delphine Batho réclamait le rétablissement d’une « souveraineté démocratique sur la politique de l’eau », dans laquelle les associations de consommateurs et de protection de l’environnement seraient représentées dignement. Nous considérons que l’eau est un bien commun et qu’il faut organiser de manière urgente la décroissance rapide de la consommation d’eau, en rétablissant la hiérarchie des usages et en faisant le choix de reconstructions écologiques fondées sur la nature.

Liste Confiance en l’avenir

Ahmed Laouedj

Notre liste citoyenne est transpartisane et écologiste. Comme vous, nous avons le souci de la qualité de cette denrée rare à l’échelle de la planète. Aussi, vous soulevez par votre question un point essentiel du processus de traitement de l’eau et nous considérons que le traitement par osmose inverse entraîne des inconvénients dont les principaux sont le coût important des membranes et sa consommation importante en énergie. De plus, ce processus de filtration entraine également une disparition des bons minéraux qui la composent et augmente la pollution. Ma candidature s’inscrit dans une dynamique collective et mon équipe et moi, nous sommes disposés à accompagner les élu.e.s du département dans la mise en œuvre d’une réelle politique sociale de l’eau afin de promouvoir les procédés vertueux qui garantiront une excellente qualité de l’eau tout en œuvrant pour la défense de l’environnement. C’est aussi pour cette raison que nous soutiendrons les associations qui par l’éducation populaire mais aussi dans les collèges pourront intervenir pour sensibiliser les jeunes à la gestion de l’eau. Enfin, l’intérêt général n’étant pas la sommes des intérêts particuliers, nous pensons que l’innovation doit être au service de l’environnement et de la préservation de la biodiversité et non au service du profit de certaines multinationales. 

Cela me permet de répondre à la seconde question qui porte sur le choix de la gestion publique. En effet, dans notre département de la Seine-Saint-Denis, nous avons l’établissement public territorial Est Ensemble qui a créé une régie publique d’eau potable avec l’objectif de proposer une eau moins chère et plus respectueuse de l’environnement et d’autres établissements publics territoriaux qui font partie du Syndicat des eaux d’Île-de-France (SEDIF) dont Veolia est actuellement le délégataire. Notre conviction ainsi que notre engagement politique s’inscrivent fermement dans la défense d’un service public de l’eau sous la forme d’une régie publique de l’eau potable.

Liste Seine-Saint-Denis Union Populaire Écologique et Sociale

Bally BAGAYOKO

Nous sommes comme vous convaincu-e-s que les grandes avancées que nous appelons de nos vœux pour une société plus juste et durable ne se feront pas sans un travail conjoint mené par la société civile et les élu-e-s. Le combat pour une gestion publique de l’eau et son aboutissement sur le Territoire d’Est Ensemble en est une parfaite illustration.

A ce titre, nous tenons en préalable à vous féliciter pour votre travail avec la Coordination Eau Ile de France que le sujet de la gestion de l’Eau.

La généralisation de l’osmose inverse basse pression, dite OIBP, dans le traitement de l’eau potable dans les usines du Syndicat des eaux d’Île-de-France (SEDIF) est selon nous un projet absurde.

Le problème de fond, c’est bien la pollution généralisée de notre environnement, par les pesticides notamment. C’est à cela qu’il faut s’attaquer. Malheureusement le SEDIF ne s’y attaque pas mais il prévoit près d’un milliard d’euros d’investissements pour généraliser l’OIBP à ses trois usines !

Le SEDIF prend prétexte du temps nécessaire pour que l’arrêt des pesticides se retrouve dans les analyses de l’eau pour imposer l’OIBP, en attendant. Mais de toute façon la mise en place de l’OIBP prendra une dizaine d’années, elle n’aura pas d’effet immédiat.

On retrouve une recherche de profit dictée par Véolia dans ce que propose le SEDIF : il s’agit d’un permis de polluer avec une prise en charge de ce coût de la dépollution par ceux qui payent l’eau, dont les habitants et habitantes !!

Pour nous, il faut travailler au bannissement de l’usage des pesticides sur les aires de captage qui permettrait d’améliorer considérablement la qualité de l’eau.

Quant à la question des régies publiques territoriales, nous vous confirmons notre soutien indéfectible à ce mode de gestion. Les élu-e-s locaux présent-e-s sur notre liste se sont mobilisé-e-s dans leurs villes ou au sein d’Est Ensemble pour cela, vous le savez puisqu’ils et elles l’ont fait à vos côtés, notamment en ravivant ou en initiant des collectifs rassemblant des citoyens et des militants politiques d’horizons diverses.

L’eau est bien commun, nous sommes absolument et résolument opposé à ce que ce bien vital fasse l’objet d’un quelconque profit pour une poignée de personnes.

Une régie publique territoriale doit permettre de rendre effectif le droit humain à l’eau. Cela implique par exemple que pour la grande majorité des usagers qui ont accès à l’eau et l’assainissement à leur domicile, l’eau et l’assainissement ne dépassent pas 3% du budget des ménages.

La régie doit être démocratique. C’est un des points forts des nombreuses régies publiques crées ces dernières années. Sous des formes diverses, elles intègrent une importante participation citoyenne et associative, sur la lancée des combats qui ont permis la création de ces régies. La participation à haut niveau des usagers et des associations est une garantie d’avenir des régies publiques.

Enfin, les régies publiques doivent contribuer enfin à répondre aux enjeux écologiques. Contrairement aux marchands, son but n’est pas de vendre le plus grand volume possible d’eau potable mais elles doivent développer des pratiques nouvelles quant à l’utilisation de différentes eaux (eaux brutes, eaux de pluie) pour différents usages (nettoyage voirie, arrosage). Et plus généralement, elles doivent être l’outil pour permettre le retour de l’eau en ville (fontaines, mares, rivières urbaines, etc.) qui est indispensable pour combattre le changement climatique.

Nous restons à votre disposition pour ensemble, faire entrer la question de la gestion de l’eau au Sénat.

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