Une étude réalisée par l’association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (ACRO) montre la présence de tritium, un élément radioactif, dans l’eau du robinet d’un grand nombre de communes, notamment en région parisienne. Cette pollution qui se situe bien en dessous des seuils réglementaires de qualité admis, provient des rejets des centrales nucléaires. Ci-dessous toutes les informations et le débat sur la qualité de l’eau.
L’ACRO a publié une carte exclusive de la contamination radioactive de l’eau potable en France métropolitaine. Ces données, compilées par l’ACRO, ont été fournies par le Ministère de la Santé (ARS – SISE Eaux) et représentent la valeur moyenne sur les années 2016-2017.
L’analyse de ces données met en évidence :
- que plus de 268 communes sont concernées par la présence de tritium (l’hydrogène radioactif rejeté par les installations nucléaires) dans l’eau potable en France métropolitaine,
- que 6,4 millions de personnes sont alimentées par une eau contaminée au tritium,
- qu’aucune valeur ne dépasse le critère de qualité fixé à 100 Bq/L par les autorités sanitaires.
La carte fait apparaître plusieurs zones avec une présence régulière de tritium dans l’eau du robinet, notamment le long de la Seine, de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine à l’Île-de-France, à cause des rejets radioactifs. 122 communes d’Île-de-France sont concernées par la contamination en tritium au robinet. Cela représente une population de 4 millions de personnes.
La seule usine de potabilisation de Choisy-le-Roi alimente en eau potable 56 communes de la banlieue Sud et Ouest de Paris, ce qui représente environ 1,9 million d’habitants. Elle produit environ 128 400 000 m3 par an d’eau potable. Avec une concentration moyenne de 10 Bq/litre, 1,3 TBq de tritium sont donc distribués chaque année par cette seule usine, soit 2,5% des rejets de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine.
Les réactions des producteurs d’eau
Eléments d’information sur la présence de tritium dans l’eau du robinet à Paris
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Les taux moyens à Paris sont compris entre 0 et 1,22 Bq/L; le dépassement est minime par rapport au tritium naturel dans les eaux de surface qui est compris entre 0,37 à 1,11 Bq/L.
Une qualité de l’eau irréprochable, vraiment ?
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Le taux moyen relevé à l’usine de Choisy-le-roi sur 180 mesures réalisées depuis 2010, est de 9 Bq/L ce qui atteste bien des rejets radioactifs provenant de l’usine de Nogent-sur Seine. Le tritium naturel dans les eaux de surface se situe à des taux variant entre 0,37 à 1,11 Bq/L, soit entre 8 et 24 fois moins. Mais le SEDIF préfère attirer l’attention sur …la radioactivité naturelle!
Deux analyses par mois de la radioactivité dans l’eau potable permettent largement à une pollution ponctuelle de plus grande ampleur de passer inaperçue. La balise qui mesure en continu la radioactivité dans la Seine offre une meilleure garantie. Encore faudrait-il que ces relevés soient rendus publics.
Débat sur les seuils de qualité de l’eau
En France, le tritium est suivi comme l’un des indicateurs de radioactivité : si sa concentration dans l’eau dépasse le niveau de référence de 100 Bq/l, il est procédé à la recherche de la présence éventuelle d’autres radionucléides artificiels. Ce niveau n’est donc qu’une « référence de qualité » : pour les autorités sanitaires, le dépassement de cette valeur ne signifie pas que l’eau est non potable.
Les recommandations de l’OMS sur les critères de potabilité de l’eau de boisson sont que la dose reçue du fait de la présence d’un radionucléide dans l’eau de boisson ne dépasse pas 0,1 mSv/an. Cette dose pourrait être atteinte chez l’adulte par la consommation quotidienne de deux litres d’eau tritiée à hauteur de 10 000 Bq/l (valeur guide de l’OMS pour ce radioélément). Pour en savoir plus, lire « le tritium dans l’environnement » sur Wikipedia.
Nous sommes loin de ces valeurs dans les relevées publiés par l’ACRO. Cependant, il existe un débat sur ces seuils et sur leur signification. La Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité (CRIIRAD) plaide pour ramener le seuil sanitaire à 10 Bq/l et le seuil d’investigation à 2 Bq/l. Ce qui changerait tout!
Lire le communiqué de la CRIIRAD
Cette alerte au tritium pose une fois de plus la question de l’utilisation d’eaux superficielles, souvent très polluées, pour la production d’eau de boisson. Si cette utilisation peut se comprendre pour des raisons historiques au SEDIF, n’est-il pas temps d’envisager d’autres solutions? Avant qu’une crise majeure ne les impose brutalement… Dans ce domaine comme dans d’autres, plus on attend pour opérer la transition, plus le prix à payer sera élevé.
Contamination radioactive pour de l’eau potable en Ile-de-France, accuse une association
L’association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest a dénoncé mercredi une « contamination » radioactive de l’eau potable de 6,4 millions personnes en France. Cent-vingt-deux communes d’Ile-de-France seraient concernées. Pour le Syndicat des Eaux d’Île-de-France, pas de danger.
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« 6,4 millions de personnes concernées » : alerte sur la présence de composés radioactifs dans l’eau
L’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest dénonce la présence de tritium dans l’eau potable, touchant 268 communes françaises.
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Fausse info et vraie alerte
Dans un second temps, un message, posté anonymement sur les réseaux sociaux, a mentionné une contamination au « titanium », et non au tritium, et un prétendu arrêté préfectoral interdisant de boire de l’eau du robinet en Île-de-France. Il a semé la panique et entraîné des messages rassurants des autorités sur la qualité de l’eau de consommation. L’ACRO a rapidement démenti cette fausse information, dès qu’elle a découvert la rumeur. Mais ce message a permis de reléguer au second plan l’alerte de l’ACRO…
Merci de cette précision utile, la rumeur (non étayée) monte rapidement !!