Le préfet de Seine-et-Marne a reçu plusieurs recours administratifs à l’encontre du rapport d’enquête publique sur le projet d’osmose inverse basse pression (OIBP) porté par le Sedif à l’usine d’Arvigny.
Tandis que le Sedif validait le 14 octobre 2021 son programme d’investissement, la colère gronde dans l’Essonne, où les élus et associations ne décollèrent pas à la suite des conclusions du commissaire enquêteur sur le projet d’osmose inverse basse pression de l’usine d’Arvigny à Savigny-le-Temple (Seine-etMarne) mené par le Syndicat des eaux. Fin juillet, l’avis favorable à ce sujet fait notamment valoir que « le projet de création d’un ajout d’une filtration installation membranaire de par osmose inverse basse pression à l’usine d’Arvigny constitue une avancée technologique considérable dans le domaine de la distribution d’eau potable, jamais égalée à ce jour ».
Philippe Rio, vice-président de Grand Paris Sud (Essonne/Seineet-Marne) chargé notamment du cycle de l’eau, a ouvert le bal avec un courrier au préfet de Seine-et-Marne, Lionel Beffre, le 24 septembre, s’étonnant notamment que le rapport d’enquête publique ait « balayé d’un revers » l’avis défavorable de la communauté d’agglomération sur ce projet qui serait, selon l’élu, « fondé sur une série d’arguments techniques et environnementaux probants ».
« Consternation » à la lecture du rapport
Le 4 octobre, Marie-Line Pichery, maire de Savigny-leTemple, et Michel Bisson, président de Grand Paris Sud, ont adressé eux-aussi une lettre au même destinataire sur ce sujet, le point de vue du commissaire enquêteur ayant provoqué leur « consternation », notamment car celui-ci qualifie les avis des collectivités locales concernées « d’opposition concurrentielles (et commerciales) au projet », qu’il aurait donc « écartés d’emblée […] sans y répondre sérieusement ».
« L’appréciation portée par le commissaire enquêteur sur le projet est manifestement erronée, à plusieurs titres, et son absence de regard critique à l’égard du projet du Sedif confine à l’angélisme », ajoutent les deux élus qui soulignent que le rapport « s’est contenté de reprendre les affirmations contenues dans le mémoire en réponse du Sedif en leur conférant une valeur de vérité absolue ».
Marie-Line Pichery et Michel Bisson contestent également les affirmations – figurant également dans un courrier du préfet daté du 3 septembre qu’ils citent – que la mise en place de l’OIBP n’entraînera pas de hausse de prix de l’eau et ni de risque sur la qualité de l’eau de la Seine. Ils invitent donc le représentant de l’Etat à ne pas suivre l’avis favorable du enquêteur commissaire qui aurait «manifestement sous-estimé les enjeux, notamment environnementaux ». Le président de Grand Paris Sud a, par ailleurs, adressé fin septembre un recours gracieux contre le permis de construire qui aurait été, selon lui, délivré tacitement par le représentant de l’Etat en Seine-et-Marne.
« Falsifications de faits »
L’association Eau publique Orge-Essonne et la Coordination EAU Ile-de-France, par la voix de Pascal Grandjeat, son référent départemental pour l’Essonne, ont également écrit à Lionel Beffre pour lui demander « l’annulation des résultats de l’enquête publique concernant le projet d’installation de l’osmose inverse basse pression sur le site d’Arvigny ». « Les conclusions rendues par M. Christian Hannezo ne prennent pas en considération les observations parvenues et enregistrées pendant le délai de cette enquête, et y apportent des réponses superficielles et non étayées par des faits », jugent-elles.
« Le commissaire enquêteur escamote sciemment les défauts ou les incertitudes du projet et ignore la réalité », observent-elles, considérant qu’il « s’est hasardé, selon les cas, soit à des falsifications de faits, à l’omission délibérée d’éléments pourtant présents dans le dossier ou encore à l’invention d’opinions ou de demandes inexistantes ».
Les travaux d’installation de l’osmose inverse basse pression à Arvigny doivent en principe débuter fin 2021 pour environ deux ans.
Pas d’aide de l’agence de l’eau pour l’osmose inverse basse pression
L’agence de l’eau Seine-Normandie n’a pas souhaité accorder d’aide pour le projet d’osmose inverse basse pression à l’usine d’Arvigny. Elle considère que ce dispositif « présente des effets sur l’environnement (rejets au milieu, bilan énergétique défavorable) qui ne semblent pas suffisamment contrebalancés par un intérêt visé par le programme de l’agence (sécurisation de l’approvisionnement, impact positif pour la ressource en eau, impact positif sur la santé) ». « Le caractère expérimental et innovant du process mérite d’être davantage exploré » considère-telle également.