La Commission du débat public a organisé un atelier citoyen – Prévention des pollutions et protection de la ressource, à Villejuif le 22 juin. Voici l’avis (très) critique d’Hervé Corne, président de l’association Agir à Villejuif.
« Bien qu’organisé sous le titre du débat, cette soirée était de nature à étouffer le débat sur le projet du SEDIF d’ajouter à ses usines de traitement de l’eau potable un module d’osmose inverse.
D’abord, sur le thème choisi : il s’agissait de « prévention des pollutions et protection de la ressource ». J’ai fait observer qu’à Villejuif, nous n’avions pas de fleuve où puiser l’eau, ni de terres agricoles avec épandage de pesticides, que donc il eût été plus pertinent de traiter ici de la qualité de l’eau potable, ce qui avait été programmé dans les réunions d’autres villes. Aucune réponse.
Ensuite, sur la forme. Une grosse heure de présentation de la Commission Nationale du Débat Public, organisatrice de ce débat, puis du projet du SEDIF, par trois personnes qui se sont succédé au micro pour ce faire, puis des politiques publiques concernant l’eau, par trois personnes (Agence de l’eau, etc.). Jusque là, pas un mot critique sur ce projet pourtant objet du « débat ». Puis on nous invite à nous répartir sur trois tables pour pouvoir « poser nos questions » sur différents thèmes. Je suis intervenu à ce stade pour dire mon désaccord, pour faire observer que le SEDIF avait eu tout le temps pour présenter son projet, et qu’au nom de débat annoncé je demandais à pouvoir intervenir pour présenter un autre point de vue. Cela m’a été refusé, puisque le débat allait se tenir sur les tables prévues à cet effet. Mais le meneur de jeu m’a assuré que je pourrai intervenir à la fin de la réunion.
Se sont ensuite tenues les trois tables auxquelles nous devions nous rendre successivement, chacune avec un thème de travail plus ou moins intéressant, et plus ou moins ésotérique (par exemple : coordination des opérateurs !) Je suis intervenu à ces trois tables sur la base du travail de l’association, tant sur le projet du SEDIF que sur d’autres thèmes que nous avons traités (par exemple la question du tritium dans l’eau potable). Il faut faire attention à ne pas intervenir trop longuement quand on émet une opinion iconoclaste, on nous dit qu’il faut que tout le monde puisse parler. Mais ceux qui interviennent sans émettre de critique sont écoutés jusqu’au bout… Les « animateurs » de la CNDP notent des choses sur des post-it, et font une restitution en plénière à la fin de la réunion. Impossible évidemment de dire s’ils ont synthétisé toutes les expressions, ou s’ils ont fait le tri afin de présenter un côté lisse, consensuel.
Le meneur de jeu a ensuite donné la parole à une représentante du SEDIF pour conclure, et s’apprêtait à clore la séance quand je lui ai rappelé sa promesse de me donner la parole à la fin de la réunion. Il a fait mine d’avoir oublié malencontreusement cela, et m’a passé le micro. Je suis donc intervenu sur la base du texte élaboré, en faisant observer le déséquilibre flagrant entre le temps de parole affecté à la défense et illustration du projet, et le peu de temps qui j’avais pu obtenir pour donner un point de vue divergent. Je n’ai pas parlé de tout ce dont j’aurais pu, de peur d’un conflit sans intérêt si on avait voulu me faire taire. Il est vrai qu’il était plus de 22h, alors que la réunion était censée se terminer à 21h30. Après la clôture, plusieurs personnes sont venues m’assurer de leur soutien à mon intervention, dont un habitant de Créteil qui m’a félicité pour mon « courage » pour être intervenu !
L’organisation de ce « débat », à laquelle ils donnent un nom anglais que j’ai oublié, vise à noyer le poisson, à impliquer les participants sur des aspects secondaires pour éviter le débat sur le fond, et pour que les participants aient l’illusion d’avoir pu s’exprimer, et que leur parole a été prise en compte. C’est à peu près le même schéma que nous avons pu observer dans les réunions organisées par la municipalité au titre de la consultation citoyenne…
J’ai appris par la personne de la CNDP avec laquelle j’ai été en contact que notre cahier d’acteur est en ligne. Pour y accéder, quand on est sur cette page https://www.debatpublic.fr/eau-potable-idf il faut cliquer sur « comment participer », puis sur « les cahiers d’acteurs ». On est en n°1, il n’y en a pas d’autre pour le moment ! Quand on clique dessus, ça télécharge le PDF. »