Olivier Faure, secrétaire national du PS et député de la circonscription, envisage d’alerter la population à propos du projet du Sedif, qui « va impacter notre génération et les suivantes ». Par Florian Loisy.
Le député de Seine-et-Marne a pris partis dans « la bataille de l’eau qui s’est engagée », selon ses propres termes. Jusque-là, le sujet n’a pas encore été porté à l’attention du grand public, pourtant « premier concerné par son eau et le respect de l’environnement ». Mais Olivier Faure et les élus locaux envisagent désormais d’organiser des réunions afin d’alerter les citoyens.
Comment avez-vous pris connaissance du projet d’osmose inverse du Sedif ?
Olivier Faure. Jusque-là, j’avais juste regardé de loin cette technologie et ce qu’on en disait. Mais quand j’ai vu que des offres promotionnelles étaient promises pour les citoyens du secteur, je me suis dit que c’était louche. Et puis je reste attentif à la gestion des biens communs. On parle de l’eau, là, c’est vital. Et avec les élus locaux, quand on s’est renseignés auprès de spécialistes, on a vite compris qu’il y avait quelque chose qui clochait.
Qu’est-ce qui vous dérange dans cette technologie ?
Elle est totalement absurde puisqu’elle consomme davantage d’eau, davantage d’énergie, elle rejette dans la Seine un concentrat polluant et cela coûte plus cher. ll n’y a rien qui va. En plus, leur eau est tellement pure qu’on ne peut même pas la boire telle quelle et qu’on doit la reminéraliser. C’est quoi, ce rêve technologique qu’on essaye de nous imposer ?
On vous sent remonté …
Bien sûr, ce qui se joue là, c’est notre avenir. On nous invente un besoin qui n’existe pas, juste pour le plaisir d’un grand groupe comme Véolia. L’eau est déjà de bonne qualité. Et sur des micropolluants qui ne sont pas détectés, il vaudrait mieux travailler en amont pour aider les agriculteurs à moins polluer par exemple. Et puis le Sedif nous parle de perturbateurs endocriniens dans l’eau ? C’est plutôt dans les couches de bébé, dans les biberons qu’il y a un combat à mener. Je veux alerter m’opinion publique, afin que tous ceux qui sont prêts à s’engager mènent campagne contre ce projet désastreux du Sedif qui ne cherche là qu’à étendre son emprise et celle de Veolia derrière. Il faut mettre la pression sur les autorités pour que la préfecture n’accorde pas son autorisation. Notre santé est menacée, prise en otage même, par l’appétit de quelques-uns.
Pourquoi n’avez vous pas alerté la population plus tôt ?
On vient seulement de découvrir tout ce qui se cachait derrière la communication bienveillante du Sedif. Cette technologie est un outil de promotion internationale, une histoire de monopole pour le Sedif et Veolia contre ses concurents. Vu que le réseau d’eau est interconnecté, ils vont imposer ce savoir-faire à leurs concurrents. La petite usine d’Arvigny est le cheval de Troie. Ils ont avancé masqué sur ce sujet. Car une fois l’osmose inverse implantée là, on ne pourra plus faire machine arrière. C’est même incroyable d’avoir à se défendre contre des projets tels que celui-là. Mais il faut que ce sujet d’experts devienne un sujet public. Que ça se sache. Qu’on organise des réunions, des débats citoyens, ça ne doit pas se faire dans le dos des gens. Le choix qui se fera à Arvigny va impacter notre génération et les suivantes. Et cela a failli se faire sans qu’on le sache. On est en pleine transition écologique et on irait à contresens.
Pourtant, lors de l’enquête publique, le commissaire-enquêteur a rendu un avis favorable ?
Je ne sais pas à quel point il a vraiment enquêté, s’il a fait l’objet de pression ou de lobbying. Car c’est une histoire de gros sous. Mais ce projet est un non-sens en terme écologique.