Grosse fuite au SEDIF

Au Syndicat des eaux d’Île-de-France (SEDIF), il n’y a pas que les canalisations qui ont des fuites! Et le renouvellement du contrat de délégation de service public du SEDIF et son corollaire, la mise en place de l’osmose inverse basse pression (OIBP), apparaissent décidément bien plombés. Le transfert massif des fichiers de la réponse de Suez à son concurrent  Veolia n’est pas accidentel, contrairement à ce qui était expliqué de façon complaisante par les Echos et le Figaro ces derniers jours. Il s’agit bien d’une fuite organisée, révèle BFM Business. Extraits et lien vers les articles, ci-dessous. Incapable de faire face à cette situation qui engage sa responsabilité, M Santini, le président à vie du SEDIF,  déploie un rideau de fumée avec de pleines pages de publicités dans Le Parisien et dans le Magazine des acteurs du Grand Paris, luxueuse expression de la finance mondiale en Île-de-France.

Il est temps d’arrêter les frais. Cet appel d’offres truqué ne peut pas repartir à zéro dans les circonstances actuelles. L’abandon de l’OIBP et la mise en place d’une régie publique sont la seule sortie de la crise, nonobstant les poursuites pénales pour les instigateurs de la tricherie qui tourne au fiasco.  Mais où sont les pouvoirs publics?

COMMENT UN JEUNE INGÉNIEUR A LIVRÉ À VEOLIA DES DOCUMENTS SECRETS DE SUEZ

Par Matthieu Pechberty
Suez et Veolia s’affrontent pour le marché de l’eau en Île-de-France. BFM Business retrace l’incroyable manipulation informatique qui a livré à Veolia des documents confidentiels de son concurrent. Enquête.

Difficile d’y voir un simple couac ou un bug involontaire quand un jeune ingénieur reproduit deux fois la même erreur en 24 heures. Depuis deux ans, l’appel d’offres du contrat du Syndicats des Eaux d’Île-de-France (Sedif) oppose les deux géants Veolia et Suez. L’alimentation en eau de 4 millions de Franciliens dans 133 communes de la banlieue parisienne pèsera pour 4,5 milliards d’euros entre 2025 et 2037. Le Sedif est le plus gros contrat d’Europe, détenu depuis cinquante ans par Veolia.

Mais depuis six mois, cette bataille tourne au film d’espionnage alors que plusieurs fuites de données secrètes de Suez ont été récupérées par Veolia, comme l’a révélé Marianne l’été dernier. BFM Business a eu accès à des documents confidentiels qui retracent minute par minute l’historique précis du système informatique de l’appel d’offres.

Début avril, les deux compétiteurs sont dans la dernière ligne droite et doivent remettre leur offre technique et commerciale à l’été. Veolia et Suez échangent en permanence avec le Sedif pour répondre à leurs questions, par l’intermédiaire de leur prestataire, Naldeo, l’assistant maître d’ouvrage qui gère l’appel d’offres de l’organisme public.

1er épisode: mardi 4 avril

À 16h57, un jeune ingénieur de 24 ans, Mathias*, réalise sa première « faute ». Ce salarié de la société Naldeo donne des droits d’accès pour des documents de Suez à deux cadres de Veolia. Grégoire Müller, directeur de l’usine de Choisy-le-Roi qui produit l’eau potable pour le Sedif, et Jean-Philippe Paraboschi, directeur de la prospective du groupe en Île-de-France, reçoivent une alerte mail avec un lien électronique vers un dossier intitulé « Annexes complémentaires question S ». Le second télécharge les cinq documents estampillés Suez entre 17h14 et 17h18.

2ème épisode : mercredi 5 avril, matin

Le salarié de Naldeo corrige son « erreur », lui qui connaît par cœur la plateforme informatique de la société TransfertPro, pour l’utiliser depuis plusieurs mois. À 8h38, il supprime les accès des deux cadres de Veolia au dossier Suez. Puis les redonne simultanément aux deux responsables attitrés de Suez, Vanessa Piednoir, chargée de projet, et son directeur de projet Philippe Dupraz. L’histoire aurait pu s’en tenir à un « couac » comme on l’entend chez Veolia, ou à un « bug technique » comme cela circule dans les couloirs du Sedif. Sauf que « l’erreur » se reproduit. Et cette fois, à grande échelle.

3ème épisode : mercredi 5 avril, soir

A 17h30, une autre manipulation troublante se produit. Le même salarié de Naldeo supprime d’un coup les accès de onze personnes de son entreprise et du Sedif à tout le dossier de l’appel d’offres. Est-ce bien Mathias qui est derrière son ordinateur ou son compte a-t-il été hacké? Car il déconnecte de la plateforme ses supérieurs hiérarchiques, Sandrine Martinez et Didier Carron, mais aussi des dirigeants du Sedif: le directeur général adjoint en charge de l’attribution du contrat Christian Colin, un autre DGA, Éric Requis, ou encore la directrice des études et de la prospective Véronique Heim. Surtout, dans la foulée, il redonne l’accès aux deux cadres de Veolia à l’ensemble de ces dossiers.

D’après les relevés informatiques consultés par BFM Business, Jean-Philippe Paraboschi télécharge à 18h35 une quinzaine de fichiers, un à un, provenant de Suez, (« amendement S ») mais aussi de Veolia (« amendements V »). Mais un quart d’heure plus tard, à 18h53, il réalise sans doute qu’il a accès à tout le dossier et télécharge les 557 documents des deux entreprises d’un bloc. Cette opération va durer près d’une heure. A 19h02, le compte de Mathias coupe l’accès du dossier aux deux cadres de Veolia. Mais trop tard, le téléchargement, déjà lancé, ne peut être stoppé. À 19h39, les 550 documents, dont plusieurs de Suez, ont atterri chez son concurrent. Mathias appelle quelques minutes plus tard la société TransfertPro, qui fournit le logiciel d’échange de données, pour désactiver sa plateforme informatique, ce qui sera fait à 20h.

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L’incroyable couac qui parasite le plus gros marché de l’eau en France 

Les frères ennemis, Veolia et Suez, s’affrontent à nouveau pour décrocher le colossal marché de l’eau en Ile-de-France. Le duel pourrait se terminer devant les prétoires après un bug informatique qui a permis à Veolia de télécharger des centaines de documents de son rival.

Par Gwénaëlle BarzicChristophe Palierse

La partie doit-elle continuer si l’un des joueurs a vu une partie des cartes de son unique adversaire ? La question est posée au Sedif, le puissant établissement public qui gère l’approvisionnement en eau potable de 4 millions de Franciliens, après un calamiteux bug informatique qui parasite son appel d’offres, pourtant censé être ultra-sécurisé.

L’enjeu est de taille. L’institution, dirigée depuis quarante ans par le maire d’Issy-les-Moulineaux, André Santini, doit désigner le prochain fournisseur de la moitié des Franciliens (hors Paris) pour la période 2025-2037 . Le marché colossal – 4,3 milliards d’euros sur douze ans pour le contrat à attribuer – est opéré par Veolia depuis…. un siècle. Un règne sans partage auquel le « nouveau Suez », constitué début 2022 à partir des actifs non acquis par Veolia dans le cadre de son OPA sur l’ex-groupe Suez, ambitionne de mettre fin. Un séisme, Suez ayant toujours été défait.

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Veolia-Suez: la rocambolesque bataille pour fournir l’eau des Franciliens

RÉCIT – Un couac informatique de l’administration publique a semé le trouble dans un important appel d’offres.

Un contrat juteux de 4,3 milliards d’euros, des frères ennemis du capitalisme français, un fâcheux couac informatique, et l’embarras de l’administration publique… La bataille qui sévit entre Veolia et Suez autour de la production et la distribution d’eau potable pour 4 millions d’habitants de l’Île-de-France prend aujourd’hui des allures de scénario rocambolesque.

Lancée il y a deux ans, la procédure d’appel d’offres pour remporter ce contrat d’une durée de douze ans a brusquement été gelée au printemps dernier par le Sedif (Syndicat des eaux d’Île-de-France), alors que l’institution publique découvrait que des éléments de l’offre de Suez avaient été divulgués, par erreur, à son concurrent via la plateforme informatique d’échanges de documents censée être très sécurisée, révélait Marianne. «Je vous prie de bien vouloir télécharger les documents», indiquait un message daté du 4 avril à Veolia, l’opérateur historique de ce marché depuis plus d’un siècle, mêlant alors sans claire distinction…

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