Pesticides : l’eau de Paris peut être bue en toute sécurité

L’ANSES a publié le 6 avril un rapport sur la présence de résidus d’un pesticide, le chlorothalonil, dans les ressources en eau. D’où viennent ces résidus ? Comment Eau de Paris garantit-elle une eau de haute qualité ?  Les réponses d’Eau de Paris aux questions des usagers.

Que dit le rapport de l’ANSES ?

Le 6 avril, L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation de l’environnement et du travail (ANSES) a publié le résultat d’études sur la présence de résidus (les « métabolites ») de pesticides dans les ressources en eau. Cette enquête met en évidence la présence de métabolites d’un fongicide interdit depuis 2019, le chlorothalonil, sur une grande partie du territoire français. Dans la quasi-totalité des eaux du Bassin parisien, on retrouve en particulier l’un de ses métabolites, le R471811.

D’où vient le chlorothalonil ? Qu’est-ce qu’un métabolite ?

Le chlorothalonil a été très utilisé en agriculture pour traiter des maladies liées à des champignons comme le mildiou. Sa commercialisation a été interdite en 2019 et son utilisation en mai 2020. Même si ce pesticide n’est plus employé, des molécules issues de sa dégradation ont été retrouvées dans les ressources en eau. Ces « molécules-filles » sont appelées « métabolites de pesticides ».

Y a-t-il des métabolites de chlorothalonil dans l’eau du robinet à Paris ?

On détecte des traces de métabolites de chlorothalonil dans l’eau distribuée par Eau de Paris. Le R471811 est celui que l’on retrouve le plus : en moyenne 0,5 µg/L (microgrammes par litre). C’est bien en dessous de la limite de potabilité, fixée à 3 µg/L.

Que sait-on sur les effets de ce métabolite du chlorothalonil ?

Les informations actuelles sur les effets de ce métabolite du chlorothalonil (R471811) ne sont pas exhaustives. En l’absence de données, l’ANSES a donc choisi de classer ce métabolite comme « pertinent » en janvier 2022, appliquant de façon rigoureuse le principe de précaution. Le seuil de « conformité » a été fixé à 0,1 µg/L. Lorsque ce seuil est dépassé, les opérateurs d’eau doivent agir pour faire baisser les concentrations. Jusqu’à 3 µg/L, l’eau est potable et peut être consommée sans risque.

Que fait Eau de Paris face à cette situation ?

Eau de Paris suit de nombreux autres paramètres de qualité que ses usines permettent de traiter. Dès maintenant, pour mieux éliminer les résidus de chlorothalonil, Eau de Paris va renforcer ses traitements, et notamment la filtration sur charbon actif. Lors de cette étape, l’eau passe à travers des grains de charbon qui retiennent les micropolluants. Eau de Paris va augmenter les doses de charbon et les changer deux fois plus souvent. Cet effort va renforcer l’efficacité de cette étape de traitement. Cette évolution aura un coût, estimé à 10 millions d’euros par an. D’autre part, équipé avec du matériel de pointe, le laboratoire interne d’Eau de Paris suit de très près la présence dans ses eaux du chlorothalonil et de ses métabolites, très difficiles à identifier, pour mesurer l’efficacité des traitements.

Comment ce type de pollution pourrait-il être évité durablement ?

La seule solution durable pour éviter la présence de pesticides dans l’eau, c’est le changement de pratiques agricoles. Car ce qui se passe à la surface à un impact direct sur la qualité de l’eau. C’est pourquoi Eau de Paris fait partie des services d’eau les plus impliqués pour la transition écologique et agricole.  100 agriculteurs et agricultrices, sur plus de 15 000 hectares, se sont déjà engagé·es à nos côtés à réduire, voire supprimer l’usage de pesticides, à adopter des modes de culture durables et/ou biologiques ou encore à cultiver davantage de prairies.

Ces actions portent leurs fruits : dans le secteur de la Vanne, où nos projets de soutien à l’agriculture biologique sont les plus avancés, les concentrations en métabolites de chlorothalonil sont les plus faibles. Cela nous encourage à poursuivre nos actions menées depuis plus de trente ans.

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