Eau de Paris, la régie publique qui apporte l’eau potable aux Parisiens, va signer une convention de coopération avec plusieurs communes de la région pour leur fournir de l’eau mais aussi de l’expertise, a annoncé vendredi 10 décembre l’établissement.
Ces deux accords, votés vendredi en conseil d’administration, sont passés avec Est Ensemble (neuf communes de Seine-Saint-Denis comme Montreuil ou Bobigny) et avec la communauté d’agglomération Grand Paris Sud (23 communes sur l’Essonne et la Seine-et-Marne). Le premier était précédemment membre du syndicat des eaux d’Ile-de-France (SEDIF), en contrat avec Veolia, et la seconde, déjà en régie publique, négocie avec Suez le transfert de propriété des usines de production d’eau alimentant son territoire.
«Modèle de gestion durable»
Eau de Paris se veut «un partenaire naturel de ces démarches de pleine maîtrise publique sur un bien commun essentiel», partageant «un modèle de gestion durable». «Les élus veulent reprendre la main sur les services de l’eau et les décisions stratégiques, et ils veulent un modèle plus écologique», dit à l’AFP Dan Lert, son président, adjoint (EELV) à la maire de Paris chargé de la Transition écologique.
Eau de Paris, créé après le passage de la capitale en régie il y a dix ans, produit et distribue 500.000 m3 d’eau chaque jour, pour environ trois millions d’usagers intra-muros. L’eau vient pour moitié d’eaux de surface et pour moitié de nappes souterraines touchant cinq régions.
De l’abandon de la délégation de service public, «on voit aujourd’hui les bénéfices», assure Dan Lert: «le prix de l’eau a baissé, chaque centime de la facture est réinvesti dans le patrimoine», les équipements, la recherche… L’élu met aussi en avant une «gestion durable de la ressource», qui privilégie des «investissements raisonnés» et la réduction des pollutions à la source plutôt que des «investissements démesurés dans des usines de dépollution de l’eau énergivores», une «fuite en avant technologique» selon lui.
L’organisme, avec l’Agence de l’eau, finance notamment des aides aux agriculteurs pour qu’ils réduisent leurs intrants, sur les zones de captage les plus sensibles (47 millions d’euros sur 7 ans).
Eau de Paris prévoit 490 millions d’euros d’investissement en 2021-26. Il prépare un «schéma directeur des eaux souterraines», pour mieux cerner leur évolution et les besoins à venir, y compris technologiques. En France, aujourd’hui, 44% de la population est desservie en eau par une régie publique (60% pour l’assainissement), soit environ 10 points de plus en 15 ans, selon France Eau Publique.
En revanche, en mai, le SEDIF, qui sert quatre millions d’usagers, a décidé de continuer à concéder à des opérateurs privés. Ce contrat de quatre milliards d’euros sur 12 ans doit être réattribué prochainement. Le syndicat doit voter jeudi un plan de 2,5 milliards d’euros d’investissement sur 10 ans.