A peine élu, le nouveau président de Plaine Commune, Matthieu Hanotin a précipité le territoire dans le SEDIF, rompant avec la démarche de débat et de recherche d’une alternative publique, engagée depuis 2017. Pas de discussion de fond mais des arguments aux accents orwelliens sur lesquels nous revenons dans cet article. Un premier rassemblement a réuni plus de 200 personnes mardi 8 septembre à Saint-Denis, voir l’article du Parisien et une vidéo des interventions en lien ci-dessous. Le combat continue…
L’adhésion au SEDIF a été votée par 50 voix pour, 17 contre, 5 abstentions, 5 refus de vote et 3 absent.es ou non représenté.es, au conseil de territoire de Plaine Commune du mercredi 9 septembre. Les élu.es écologistes et la plupart des élu.es communistes ont voté contre. Deux villes, l’Île-Saint Denis (écologiste) et Stains (PCF) se sont opposées à l’adhésion. Les élu.es communistes de la Courneuve n’ont pas pris part au vote mais cette ville avait déjà demandé et obtenu de la précédente assemblée, de rejoindre le SEDIF. Le maire et les élu.es socialistes de Saint Ouen se sont abstenu.es, et l’élu de Génération S de cette ville a voté contre. La plupart des élu.es socialistes et de Génération S ont voté pour l’adhésion avec le renfort de la droite (Épinay-sur-Seine et Aubervilliers).
La gauche qui nous désespère
Sur la question sensible de la défense des services publics, le nouveau président du territoire a donc réussi à fracturer la large majorité dont il dispose, dès ce premier conseil de territoire. La gauche semble unanime quand il s’agit de défendre des services publics malmenés par le gouvernement, comme par exemple l’hôpital ou l’éducation nationale. Pourquoi, quand elle a la main, comme c’était le cas ici avec la perspective de création d’une régie publique territoriale, préfère-t-elle retourner dans le giron du SEDIF, c’est-à-dire de la multinationale Veolia? Au moment même où Veolia défraie la chronique par ces grandes manœuvres capitalistiques avec Suez, à l’opposé de l’intérêt général et du bien commun (Lire à ce sujet la déclaration de la Coordination EAU Île-de-France).
Pour la régie publique … au SEDIF?
M. Hanotin se prétend favorable à la régie publique … au SEDIF! Ce qui n’est pas près d’être à l’ordre du jour. La vingtaine de villes des trois territoires qui n’ont pas rejoint le SEDIF en 2017, comprennent environ un million d’habitants. Mais cela ne représenterait au comité syndical du du SEDIF, que 20 voix sur 150! On est donc très loin d’une majorité acquise à la gestion publique au sein du SEDIF. Lors du dernier renouvellement du contrat en 2008, il avait manqué beaucoup de voix à gauche pour le choix de la régie publique mais aucune à droite n’avait manqué au choix de la gestion confiée au privé!
Compter en étant au SEDIF?
Le comble de la tartuferie est atteint quand M. Hanotin prétend qu’il va influer sur le choix du SEDIF pour les prochaines années, après la fin de l’actuel contrat avec Veolia qui se termine en 2022. En réalité, pour être validée, l’adhésion de Plaine Commune au SEDIF devra d’abord être acceptée lors d’un prochain comité syndical du SEDIF et ensuite confirmée par un arrêté préfectoral, un processus qui va prendre six mois. Or le SEDIF fait son choix dans le cadre de la très opaque « mission 2023 » d’ici la fin de l’année. (voir le calendrier du SEDIF dans un article de la Gazette des communes) Cherchez l’erreur! Le SEDIF aura choisi (de reconduire une forme de privatisation avec Veolia, il n’y a malheureusement pas de suspense) avant que Plaine Commune ne soit intégrée à sa direction.
Tout ça pour ça?
Plus prosaïquement, on peut penser que M. Hanotin qui a déjà annoncé qu’il participera en personne au comité syndical du SEDIF, va sans doute devenir Vice-président du SEDIF, étant sans doute le seul élu socialiste en position de le faire. C’est la poursuite du partage des postes entre élus de droite et de gauche, tenants du même pacte de privatisation, au sein des grands syndicats d’Île-de-France.