Eau de Paris et Aqua Publica Europa ont organisé vendredi 29 novembre un colloque sur la protection des captages menacés notamment par les pesticides. L’occasion de partager les bons résultats obtenus en subventionnant les agriculteurs en bio ou limitant l’usage des pesticides à proximité des captages. 77% de pesticides en moins pour un coût trois fois moins important que le traitement de l’eau polluée dans la zone concernée. Lire les articles de France Inter et de Libération.
Pour assainir l’eau, Eau de Paris veut inciter les agriculteurs à utiliser moins de pesticides
La compagnie des eaux parisiennes a mis en place un investissement de près de 50 millions d’euros à destination des agriculteurs basés près des zones de captage de l’eau qui dessert Paris. Objectif : les dissuader d’utiliser des pesticides, et donc assainir l’eau potable.
Comment rendre notre eau du robinet plus sûre ? Plutôt que de la filtrer dans les stations, pourquoi ne pas agir à la source ? Alors qu’un rapport des inspections des ministères de la Santé, de la Transition écologique et de l’Agriculture révélé il y a quelques jours pointe un « échec global » de la préservation de la qualité de nos eaux de captage, et alors que de nombreux agriculteurs, utilisateurs de pesticides, manifestent contre les « entraves » administratives, Eau de Paris présente une solution.
L’entreprise publique en charge du réseau d’eau parisien a choisi de verser entre 2020 et 2025 près de 47 millions d’euros aux agriculteurs dans les zones où elle capte son eau pour qu’ils limitent les pesticides. Pour améliorer la qualité au robinet, Eau de Paris a ciblé les zones autour des captages, au sud de la Seine-et-Marne, dans l’Yonne ou encore en Normandie. Soit plus de 17 000 hectares, une fois et demie la surface de Paris.
Un coût trois fois moins important que le traitement
Au total, 115 agriculteurs ont bénéficié de cet investissement de 47 millions d’euros sur cinq ans. « Quelque part, nous payons, avec l’agence de l’eau Seine-Normandie et Eau de Paris, les agriculteurs pour qu’ils aient des pratiques plus vertueuses« , précise Dan Lert, adjoit à la transition écologique, et président d’Eau de Paris – en clair, pour qu’ils réduisent les pesticides.
Le bilan à mi-parcours est bon : 55 tonnes de phytosanitaires en moins dans l’environnement, soit une diminution de 77%, et quatre fois plus de surfaces en agriculture biologique, soit près de 60% des agriculteurs engagés, le tout pour un coût modeste : « On a des actions de prévention qui coûtent trois fois moins cher que d’avoir à traiter l’eau potable pour enlever tous ces polluants et potabiliser l’eau« , selon Dan Iert. « Pour les usagers, cela représente 4 centimes d’euro pour 1000 litres d’eau potable« . L’élu estime que c’est aux fabricants de pesticides de payer. Il appelle donc à faire adopter une nouvelle loi pour protéger les captages d’eau.
Une baisse des pics de pesticides relevée dans certaines nappes qui alimentent l’eau potable des Parisiens
La régie municipale autonome de la ville de Paris a fait un point d’étape à mi-parcours ce vendredi 29 novembre sur son programme d’accompagnement lancé en 2020 pour les agriculteurs volontaires désireux de réduire leur utilisation de pesticides.
Les pics de concentration de pesticides ont diminué de moitié dans certaines nappes d’eau souterraines qui alimentent l’eau potable des Parisiens, selon les résultats à mi-parcours d’un programme d’accompagnement des agriculteurs mis en place par Eau de Paris, a-t-elle annoncé ce vendredi 29 novembre. En vigueur depuis 2020 par la régie municipale autonome de la ville de Paris, le régime d’aides spécifiques de paiement pour services environnementaux a pour but d’accompagner des agriculteurs volontaires situés dans les aires d’alimentation de captage pour la production d’eau potable afin qu’ils réduisent leur utilisation de pesticides.
«La mise en place de ce programme a permis de diminuer de moitié les pics de concentration de pesticides dans les nappes souterraines sur lesquelles il y a un fort développement de l’agriculture biologique», a déclaré la responsable du service protection de la ressource et biodiversité pour Eau de Paris, Manon Zakeossian. Cette dernière s’appuie sur les résultats de mesures de qualité effectuées par le laboratoire Eau de Paris – accompagné par un bureau d’études – dans le secteur «Vallées-de-la-Vanne» (Yonne), où 30 % des agriculteurs sont désormais convertis au bio. Au total, près de 115 agriculteurs cultivant plus de 17 300 hectares (dont 58 % en agriculture biologique) se sont engagés dans ce programme de cinq ans (2020-2025) mené par Eau de Paris, pour un budget de 46 millions d’euros et financé à 80 % par l’Agence de l’eau Seine-Normandie.