Eau de Paris mise sur le charbon pour le traitement de l’eau

La nouvelle unité de l’usine de production d’eau potable d’Eau de Paris, à Orly (Val-de-Marne), a été inaugurée le 29 juin. Elle utilise un procédé innovant à base de charbon sous forme de micrograins permettant de maintenir en permanence l’efficacité du traitement contre les micropolluants. Par Patrick Desavié.

Anne Hidalgo, maire de Paris et Dan Lert, président d’Eau de Paris, la régie d’eau de la ville de Paris, ont inauguré, jeudi 29 juin, la deuxième unité de l’usine de production d’eau potable d’Orly (Val-de-Marne). La nouvelle installation, ayant nécessité un investissement de 48 millions d’euros (HT), dispose d’une capacité de 150 000 m3 d’eau par jour. Elle empreinte une voie technologique différente de la première unité et utilise un procédé innovant de traitement des micropolluants, le CarboPlus, développé par la société Stéreau. Après un traitement à l’ozone puis une phase de décantation optimisée, l’eau, préalablement captée dans la Seine, transite par dix réacteurs CarboPlus contenant des charbons actifs en quantité importante sous forme de micrograins qui peuvent être renouvelés en continu.

«Contrairement au charbon actif classique qui va connaître une diminution de son efficacité au fil du temps et nécessite un arrêt pour être changé, le procédé CarboPlus permet une régénération continue. On introduit du charbon neuf en permanence et on extrait du charbon usagé, ainsi l’efficacité est constamment maintenue. En fait, on pilote l’usine en pilotant l’âge du charbon», a expliqué Arnaud Lefort, directeur du projet au sein de la Direction de l’ingénierie de la ville de Paris.

Elimination des micropolluants

Le procédé permet aussi d’adapter le traitement à la saisonnalité des pollutions et, ainsi, de pallier les pics de pollution. Chaque réacteur contient 50 tonnes de charbon en micrograins. Le charbon extrait par petites quantités subit une régénération thermique en Belgique. Elle permet d’en éliminer les micropolluants captés et opère une régénération de 80%. «L’autre particularité du procédé c’est qu’on alimente le réacteur en eau par le bas et l’eau traitée est récupérée par le haut. La force de l’eau va fluidifier le charbon de telle manière qu’il va être en expansion et l’eau va passer dans un maximum de charbon», a poursuivi Arnaud Lefort.

Construite en 1969, l’usine d’Orly a une capacité nominale de production de 300 000 m3/jour et alimente en eau potable le sud et une partie de l’ouest de Paris intra-muros. «On maintient la capacité nominale de l’usine, mais on répartit la production à parts égales entre l’ancienne et la nouvelle unité. L’idée n’était pas de reconstruire une nouvelle usine, vu le contexte marqué par des baisses de consommation d’eau, mais de rester vertueux», a précisé Arnaud Lefort.

Dans son discours inaugural, Anne Hidalgo a insisté sur la sobriété du projet. «Le choix qui a été fait n’a pas été de tout détruire pour tout recommencer et d’investir des centaines de millions d’euros. On transforme ce qui existe, on agrandit, on ajoute la technologie nécessaire, mais il existe des technologies relativement simples qui peuvent permettre d’aboutir à des résultats tout aussi performants», a-t-elle déclaré.

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