Après l’abandon par le SEDIF de son projet pilote pour l’osmose inverse basse pression à Arvigny, les associations Coordination EAU Île-de-France, Aggl’eau CPS et Eau Publique Orge-Essonne demandent l’abandon définitif de l’ensemble de ce grand projet nuisible pour l’environnement et coûteux pour les usager.e.s.
Il y a un peu plus de trois mois, fin janvier 2022, nous nous sommes félicités du refus par l’État d’autoriser le SEDIF à passer au procédé d’OIBP (eau osmosée) pour transformer l’eau potable de son usine de Savigny-le-Temple (site d’Arvigny) : un procédé catastrophique pour l’environnement, la protection de la ressource en eau et particulièrement coûteux pour les usagers.
Ce refus est venu confirmer le bien-fondé de la bataille contre ce procédé, menée depuis 8 mois par les associations, les collectivités du sud de l’Île-de-France et des critiques exprimées par l’agence de l’eau Seine-Normandie et par la Mission régionale d’autorité environnementale.
Nous nous sommes d’autant plus réjouis de cette décision que ce projet d’Arvigny était présenté par le SEDIF comme une première étape visant à fiabiliser le projet en vue de sa généralisation à l’ensemble de ses usines d’Île-de-France pour un projet pharaonique de 800 millions d’euros de travaux. M. Santini, président du SEDIF, annonçait alors ne renoncer en rien à son projet, laissant entendre qu’il mettrait en œuvre tous les recours envisageables en annulation du refus de son projet.
Trois mois plus tard, le 25 avril, le président du SEDIF annonce par un communiqué, abandonner le projet pilote d’OIBP pour l’usine d’Arvigny ! C’est un nouveau recul pour le SEDIF et un nouveau succès pour les associations et les élus engagés dans la lutte contre ce grand projet nuisible. La crédibilité du déploiement de ce projet à l’échelle du SEDIF est mise à mal. D’autant que cela intervient à un moment critique pour le SEDIF qui doit attribuer dans les prochains mois son nouveau contrat de délégation de service public. Contrat plombé justement par les investissements colossaux pour l’OIBP.
Le SEDIF affirme à présent qu’il va déployer directement l’OIBP dans ses principales usines de Choisy-le-Roi sur la Seine, Neuilly-sur-Marne et Méry-sur-Oise. On verra ce qu’il en est de cette nouvelle rodomontade dans trois mois.
La prise de conscience et la prise en compte de l’urgence climatique par les autres collectivités et les services territoriaux de l’Etat restent de toute évidence hors de portée pour M. Santini. Son obsession reste d’embarquer coûte que coûte le SEDIF dans une fuite en avant catastrophique pour les habitants et les ressources naturelles d’Ile-de-France.
M. Santini s’accroche au projet d’OIBP, nonobstant l’abandon de sa première étape, présentée pourtant il y a un an comme essentielle pour assurer sa fiabilité : n’est-ce pas un aveu que nous sommes dans une opération uniquement financière, indifférente à la qualité du service rendu à l’usager ?
Il faut dire que l’enjeu est considérable : le renouvellement pour 12 ans de la délégation de service public de l’eau potable, taillée sur mesure pour Veolia, compte sur la mise en place de l’OIBP pour garantir au délégataire un montant record de recettes malgré le départ du SEDIF d’une quinzaine de communes ayant choisi la gestion publique, représentant 750 000 usagers. Mais au prix d’une augmentation importante des tarifs (et/ou d’une diminution de l’entretien et du renouvellement des réseaux) qui fait grincer les dents des élus restés au SEDIF.
Les associations demandent plus que jamais l’abandon définitif de ce grand projet nuisible et coûteux. Elles demandent que toutes les informations sur son coût et sur ses conséquences environnementales soit rendues publiques. Elles demandent l’organisation d’un grand débat, sous l’égide de la Commission nationale du Débat public dont la saisine s’impose pour des projets industriels de cette ampleur. Elles demandent une consultation de tous les usagers concernés.