L’Etablissement public territorial de Seine-Saint-Denis vient de signer une convention avec Eau de Paris, qui lui permettra de s’approvisionner auprès de la régie publique de la capitale et de moins dépendre du Syndicat des eaux d’Île-de-France, auquel le territoire a décidé de ne pas réadhérer. Par Hélène Haus.
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Pour l’instant, il est encore difficile de dire quels impacts ce changement aura réellement sur les consommateurs, mais l’établissement public territorial (EPT) Est Ensemble — qui regroupe neuf villes de Seine-Saint-Denis — se dirige d’un bon pas vers la création, à l’horizon 2024, d’une régie publique de l’eau.
Depuis plusieurs années, la collectivité, qui a récupéré la compétence de distribution de l’eau potable en 2015, débat sur l’opportunité de créer une régie pour distribuer directement l’or bleu à ses habitants, à l’instar du modèle choisi par la ville de Paris.
« Cela permet de maintenir le prix de l’eau pour les usagers aux tarifs les plus justes possibles, de préserver cette ressource et d’avoir la maîtrise publique de tout le processus de distribution », estime Patrice Bessac, le président (PCF) de l’EPT, après que le conseil de territoire a voté à l’unanimité une convention avec Eau de Paris, la régie publique de la capitale, le 16 novembre dernier.
Le SEDIF restera incontournable sur le territoire?
Jusqu’au 31 décembre 2020, Est Ensemble était adhérente du Syndicat des eaux d’Île-de-France (Sedif). Or, cet établissement public, regroupant une centaine de communes franciliennes, a signé une délégation de service public avec l’entreprise privée Veolia pour produire et distribuer de l’eau à ses usagers.
Fin 2020, l’EPT avait décidé de ne pas réadhérer au SEDIF. Cette décision n’avait eu aucune répercussion sur l’approvisionnement des habitants, puisque le territoire restait malgré tout lié à Veolia par un contrat courant jusqu’à la fin 2023.
Si, à l’époque, cette séparation était plutôt vue d’un mauvais œil par le SEDIF, les deux parties disent avoir repris leurs échanges pour définir les contours de leur séparation. « Le contact a été repris entre le président d’Est Ensemble et le président du SEDIF André Santini, confirme Raymond Loiseleur, le directeur général des services du syndicat. L’un et l’autre souhaitent un climat cordial et
apaisé pour mener les discussions autour de cette sortie, qui porteront notamment sur la répartition du patrimoine (NDLR : le réseau de distribution). »
Pas seulement, il y aura aussi de la production, avec l’usine à puits de Pantin, et du transport et du stockage avec les réservoirs de Montreuil.
Mais dans ce dossier, le SEDIF reste en position de force car, même en créant sa régie publique, Est Ensemble aura toujours besoin du syndicat pour s’approvisionner en eau, puisque l’EPT ne produira pas lui-même l’or bleu qu’il distribuera à ses habitants.
Justement avec l’accord intervenu avec Eau de Paris, le SEDIF n’est plus en position de force. A terme Eau de Paris pourra fournir la quasi-totalité de la consommation d’Est Ensemble, la part du SEDIF deviendra résiduelle.
Pour ne pas entièrement dépendre du SEDIF, le territoire a donc voté une convention avec la régie de Paris, qui produit elle-même de l’eau. « Cette convention pourrait porter dès 2024 sur plusieurs millions de mètres cubes », a détaillé en conseil territorial Patrice Bessac. « C’est un premier pas décisif vers la création de notre régie publique de l’eau », décrit l’élu au « Parisien ».
«La consommation en eau a baissé pendant la crise sanitaire»
« Nous avons en effet la capacité d’alimenter les nouveaux territoires qui nous sollicitent », confirme Dan Lert, le président d’Eau de Paris. D’autant que la consommation en eau a baissé pendant la crise sanitaire sur la capitale et n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant épidémie.
Mais l’EPT aura sans doute également besoin du Sedif pour couvrir une partie de sa consommation. Si lors du conseil territorial, Jean-Claude Oliva, le vice-président chargé de l’eau et de l’assainissement, a indiqué que le passage en régie publique pourrait induire « une baisse des tarifs » de l’eau pour les usagers, Patrice Bessac estime, lui, qu’il est trop tôt pour l’annoncer. « Les négociations sont encore en cours, on communiquera sur ce sujet en 2023. »
Ce qui est clair aujourd’hui, c’est que plus Est Ensemble s’approvisionnera auprès d’Eau de Paris, meilleur sera l’équilibre économique de la régie, ce qui permettra des baisses tarifaires. L’écart de tarif de vente d’eau en gros est de 25% entre Eau de Paris et le SEDIF (qui est plus cher).