Dans son cahier d’acteur, le mouvement patronal a émis un « avis négatif » sur le projet du SEDIF d’équiper ses usines d’un traitement basé sur l’osmose inverse.
Le MEDEF Île-de-France évoque une « demi-dépollution »
« Une des principales qualités de ce projet, mise en avant par le dossier, est de :« Retirer un maximum de micropolluants de l’eau distribuée (pesticides et leurs métabolites, PFAS, résidus médicamenteux, perturbateurs endocriniens, etc.), détectés en infimes quantités, mais dont les effets restent mal appréhendés quand ces molécules se retrouvent mélangées (« effet cocktail ») ».
Or les résultats attendus en matière de dépollution sont à moitié satisfaisants. La teneur en micropolluants serait divisée par 2, soit 0,14 contre 0,29 actuellement, mais ils resteraient présents. Leur teneur serait inférieure à la réglementation comme l’est la teneur de l’eau actuelle.
Est-ce à dire que, comme la technique de l’osmose inverse présente l’inconvénient d’éliminer les minéraux indispensables à notre organisme, le projet ne procède qu’à une demi-dépollution pour ne pas avoir à reminéraliser l’eau ? La question aurait mérité d’être explicitée clairement dans lle dossier et un scénario de dépollution totale avec reminéralisation de l’eau aurait dû être présenté.
De ce fait on peut douter qu’une des conséquences positives induite par le projet se réalise, la moindre consommation d’eau minérale en bouteille du fait de ces polluants et d’une teneur en nitrates encore significative (et supérieure à celle des eaux en bouteilles).
Le projet du SEDIF ne devrait donc pas réussir à inciter plus de personnes à boire l’eau du robinet et ainsi à réduire la production de bouteilles en plastique, leur volume de déchets et à réduire les impacts énergétiques liés à ces transports. La grande majorité des consommateurs d’eau embouteillée ne devrait pas changer leur mode de consommation. »
Le MEDEF IDF s’interroge aussi sur la philosophie du projet du SEDIF: « le projet vise à se prémunir des conséquences de la pollution, mais non à réduire les pollutions à la source. » Pour l’organisme patronal, « il est possible d’améliorer la qualité de l’eau en réduisant et en traitant les rejets polluants en amont et que, de ce fait, la teneur en micropolluants des eaux du SEDIF baisse tendanciellement, sans avoir recours aux nouveaux traitements de l’eau coûteux proposés ici.«
Faire payer le consommateur deux fois
« Sur le plan économique le projet du SEDIF ferait payer le consommateur deux fois : en amont pour le traitement des rejets et en aval pour le traitement de l’eau. Par ailleurs, tous les polluants retirés de l’eau par l’installation, « les concentrats » (pesticides, métaux, sels…,) ne seront pas éliminés mais rejetés dans les rivières dans lesquelles on a soutiré l’eau. Il y a donc dépollution et re-pollution.
Les concentrats contiennent également le séquestrant qui sera utilisé pour éviter le phénomène de précipitation sur les membranes. Pour gérer l’ajout de phosphore dû au séquestrant, le SEDIF traitera, sur chacune de ses usines, le phosphore présent dans les concentrats avant leur rejet au milieu naturel. Cela va encore à l’encontre de la politique de traitement des rejets menée en France depuis plusieurs décennies. Et on peut se demander si ces rejets polluants ne seront pas mis en cause à terme par une nouvelle réglementation environnementale. On ne peut que regretter que le dossier fasse totalement l’impasse sur les politiques environnementales menées en amont pour réduire les rejets polluants. »
Pour l’élimination du calcaire, le MEDEF IDF recommande une autre technologie, beaucoup moins coûteuse: la décarbonatation catalytique, utilisée dans une partie de la communauté urbaine Grand Paris Seine & Oise (GPS&O). Le MEDEF reprend à son compte l’argument du SEDIF d’un gain économique et d’un gain environnemental liés à l’adoucissement de l’eau, ce qui n’est pas démontré.
Voici en tout cas une contribution qui ne devrait pas arranger les affaires du SEDIF, ni celles de …Veolia!