Mais d’où vient le déni français face aux menaces sur l’eau?

Dans un éditorial, Le Monde dresse le constat de l’étendue des menaces qui pèsent l’eau et de l’absence de réaction politique et pire, d’un véritable déni de la part du gouvernement. Mais d’où vient une telle irresponsabilité politique? Nous avons notre petite idée sur la question…

L’éditorial du Monde dresse le constat implacable des menaces qui pèsent sur l’eau, dans notre pays en particulier, et du déni dans lequel vit le pouvoir politique. Comment en sommes-nous arrivé.e.s là?

Rappelons que, même si la tendance s’inverse depuis quelques années, les services publics de l’eau et de l’assainissement ont pendant longtemps été massivement confiés à quelques multinationales: Veolia, Suez, la Saur.  Des élus locaux aux gouvernements successifs, en passant par les multiples instances professionnelles et réglementaires, tous ont considéré l’eau comme un problème uniquement technique, dont « nos » entreprises avaient les solutions. Celles-ci en ont bien profité … jusqu’au désastre. Ainsi en Guadeloupe, après cinquante ans d’exploitation du service, Veolia a quitté précipitamment l’archipel, laissant un réseau au bord de l’effondrement, avec un accord des pouvoirs publics pour lui éviter toute poursuite. En Île-de-France, au SEDIF, Veolia surfe  sur la pollution de l’eau en vendant une technologie, l’osmose inverse basse pression, qui aura pour effet de répandre encore davantage les PFAS dans les cours d’eau. Ces mêmes entreprises se sont bien sûr évertuées à rassurer les usagers sur la qualité de l’eau et des services rendus. Les pouvoirs publics les ont cru ou ont fait semblant de les croire. Quelques renvois d’ascenseurs ont sans doute aidé : dernier en date, Jean-Michel Blanquer, ancien ministre de l’Education nationale, se retrouve à la tête de la nouvelle école des métiers de l’environnement de Veolia.

Du côté des eaux en bouteille, ce n’est pas mieux. Là aussi, la situation est monopolistique. L’industrie française des eaux en bouteille est très concentrée. Les grands groupes que sont Nestlé (marques Perrier, Vittel, Contrex, etc.), Danone (Évian, Volvic, Badoit, etc.) et Alma (Cristaline, St-Yorre, Vichy Célestins, etc.) dominent largement le secteur. Et les pouvoirs publics ont fermé les yeux pendant des années sur une tromperie manifeste : ces eaux ne sont ni pures, ni naturelles, elles sont polluées et traitées.

Quant on a tout laissé au privé, il ne faut pas s’étonner que l’intérêt public ait disparu… Le retour de la réflexion, d’une politique et de mesures d’intérêt public face aux menaces sur l’eau ne peut venir que des alertes des scientifiques et des associations, de l’investigation des médias et du réveil des citoyen.ne.s.


Le déni français face aux menaces sur l’eau

Des consommateurs aux collectivités et producteurs d’eau potable, des industriels aux agriculteurs en passant par les énergéticiens, toute la société commence à éprouver l’ampleur du problème. Pourtant, le gouvernement a renoncé à toute mesure de long terme.

En quelques années, la disponibilité et la qualité de l’eau sont devenues, en France et dans de nombreuses régions du monde, des enjeux critiques pour la santé, la pérennité des écosystèmes et l’activité économique. Des consommateurs aux collectivités et aux producteurs d’eau potable, des industriels aux agriculteurs en passant par les énergéticiens, toute la société commence à éprouver l’ampleur du problème.

Celui-ci a de particulier qu’il fait entrer en synergie les impacts de désordres mondiaux, comme le changement climatique, avec ceux d’une gestion locale de l’environnement catastrophique, marquée par la bétonisation des territoires, l’imperméabilisation de sols agricoles maltraités par soixante-dix ans de pesticides et d’engrais de synthèse, ainsi que par l’arrachage des haies qui a accompagné l’intensification de l’agriculture. Dégradé, l’écosystème joue de moins en moins son rôle d’amortisseur face aux pollutions et aux phénomènes extrêmes liés au réchauffement.

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