Un milliard d’euros, tel est l’investissement du Syndicat des Eaux d’Île-de-France (Sedif) dans ses trois usines franciliennes pour mettre en œuvre son nouveau procédé de microfiltration par osmose inverse basse pression (OIPB). À Neuilly-sur-Marne, un pilote est à l’essai. Contexte. Par Charles Henry. Plusieurs extraits et notre commentaire.
Pour l’heure, ce n’est qu’un échantillon qui est en expérimentation, mais le méga projet de filtration par osmose inverse, qui a suscité un débat très animé entre pour et contre, il y a deux ans, se poursuit.
Objectif 2032
La première usine d’hyper-filtration membranaire, appelée osmose inverse basse pression (OIPB) doit être construite en 2032 (…) Plusieurs expérimentations sont en cours en France. À la sortie, 15% de l’eau filtrée est rejetée.
Test miniature de l’osmose inverse à Neuilly-sur-Marne
À l’usine des eaux de Neuilly-sur-Marne, ce système est en phase d’essai dans un espace jusque-là inoccupé, au-dessus d’un bâtiment de réservoirs. “Ce pilote est la reproduction au 1/250ème de la future installation (…)
Une eau plus propre mais plus chère
Coût de l’investissement : un milliard d’euros pour équiper l’usine de Neuilly-sur-Marne, mais aussi celle de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), où un pilote est également testé. Le système membranaire devrait en revanche être intégré d’ici deux ans à l’usine de Méry-sur-Oise (Oise), où la nanofiltration fonctionne déjà depuis 1999 (…) En contrepartie, la facture augmentera. “À hauteur de 0,40 centime du mètre cube. Mais, ce n’est pas un effort considérable comparé à l’eau plus propre qui sera fournie et sans calcaire » (…)
Un parti pris qui n’est pas celui de toutes les villes, comme Paris ou plusieurs communes de Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne et Essonne qui ont créé leur propre régie publique de l’eau, défendant un modèle où l’on s’attaque à la pollution en amont, en travaillant avec les agriculteurs.
Lire : Val-de-Marne : la régie Eau Seine Bièvre sécurise le prix de l’eau potable à l’horizon 2030
Et : Géopolitique de l’eau en Ile-de-France : le modèle Eau de Paris étend son influence
“Dans tous les cas, la facture d’eau globale – comprenant l’eau, l’assainissement et les taxes – est moins chère que si l’on était resté au Sedif“, a ainsi défendu Jean-Claude Oliva, président de la régie de l’eau publique de l’eau d’Est Ensemble devant le conseil de territoire, lors que son intercommunalité a quitté le Sedif en janvier 2024. Raccordée au réseau d’Eau de Paris début 2025, la régie vise 50% d’approvisionnement par ce biais d’ici à 2030 (les 30% ont été atteints en juillet). “Un choix politique que le consommateur finira par payer en raison du coût de déconnexion au réseau“, rétorque-t-on au Sedif qui continue partiellement à fournir Est Ensemble. De son côté, l’interco indique que les 5 à 7 millions d’euros d’investissement pour se déconnecter seront compensés par le prix de l’eau plus bas (…)
Notre commentaire
Ce n’est pas l’alimentation par Eau de Paris qui est la cause de la déconnexion entre le réseau d’Est Ensemble et celui du SEDIF. Celle-ci a été exigée par le SEDIF lors des négociations en vue de la sortie d’Est Ensemble du SEDIF. Il y avait d’ailleurs une alternative: la déconnexion virtuelle (Lire ici : Pourquoi choisir la déconnexion virtuelle?) Mais le SEDIF voulait à tout prix éviter un mélange entre son eau osmosée et les eaux de la filière classique. Le coût de cette déconnexion physique a été estimé à 40 millions d’euros maximum pris en charge à moitié par les deux organismes.
Depuis le mois de juillet, avec l’ouverture de l’interconnexion AB30 située avenue de la Dhuys à Bagnolet, Eau de Paris fournit environ 30% de la consommation d’Est Ensemble. L’objectif est d’atteindre 50% d’ici à 2030. Cela nécessitera un renforcement du réseau et des travaux pour un montant de 5 à 7 millions d’euros. Cela sera vite amorti, vu la différence de tarif entre Eau de Paris et le SEDIF pour la vente d’eau en gros. Eau de Paris est moins chère de 30 centimes par m3. Pour 10 millions de m3, passer de la fourniture par le SEDIF à Eau de Paris permet de réaliser 3 millions d’euros d’économie annuelle!