A la suite du témoignage d’un promeneur sur les rejets de boues dans la Marne par l’usine des eaux de Neuilly-sur-Marne (lire ICI), la Coordination eau Île-de-France avait alerté par un courrier M. André Santini, président du SEDIF. Lire ci-dessous sa réponse ainsi que nos commentaires.
La Coordination Eau Île-de-France exprime sa satisfaction devant la volonté de M. Santini d’apporter des réponses précises à ses questions.
Ces rejets sont légaux, confirme M. Santini. Nous avions publié dans notre précédent article l’arrêté préfectoral de 2011 qui effectivement l’atteste.
Ces rejets sont inoffensifs indique encore M. Santini. Il s’agirait de fines particules de charbon, utilisés pour retenir les pesticides. Observons tout de même que ces particules de charbon ont déjà été en contact avec les pesticides et en sont probablement chargées (1). Le principe de précaution (et le simple bon sens) exigerait donc de stopper ces pratiques.
La comparaison avec Eau de Paris
C’est plus fort que lui, M. Santini ne peut s’empêcher de comparer le SEDIF à Eau de Paris! Il indique que les seuils légaux de rejet sont identiques pour l’usine du SEDIF de Neuilly-sur-Marne et pour celle d’Eau de Paris à Joinville-le-Pont, ce qui est sans doute exact. Il y a pourtant une différence de taille: même si elle y est autorisée, l’usine de Joinville ne procède pas à ce type de rejets! Elle est dotée d’un dispositif de recyclage des eaux de lavage des filtres qui ne sont donc pas rejetées directement dans la Marne.
Ne pouvant complètement nier le retard du SEDIF dans ce domaine, M. Santini évoque « des études lancées visant à recycler les eaux de lavage des filtres », mais soulève un problème de coût. Le Président du SEDIF invente un nouvel indicateur pour masquer l’évidence que le tarif de l’eau est considérablement plus cher (environ 30%) au SEDIF qu’à Paris. Pourtant le SEDIF qui produit bien davantage d’eau potable qu’Eau de Paris, devrait bénéficier d’économies d’échelle: cela ne semble pas être le cas ou alors celles-ci ne profitent pas aux usagers domestiques.
La pollution de la Marne : une bonne affaire pour Veolia?
M. Santini dément tout rejet actuel de chlore et d’ozone. L’usine des eaux de Neuilly-sur-Marne est cependant autorisée à rejeter de l’ozone et celle d’Annet-sur-Marne (située en amont) du chlore! Sans compter celle de Nanteuil-les-Meaux (encore plus en amont) qui produit l’eau pour l’agglomération de Meaux et qui ne semble disposer d’aucune déclaration d’utilité publique, ni d’aucune autorisation de rejet. Il est troublant de constater que c’est la même entreprise, Veolia, qui exploite ces trois usines qui dépolluent et polluent tour à tour la Marne! Le tout, bien sûr, payé par la facture de l’usager domestique. Si M. Santini se préoccupe à juste titre du coût du service de production de l’eau, voici une situation aberrante sur laquelle il doit se pencher…
(1) Rappel (Wikipedia) : « On appelle charbon actif tout charbon ayant subi une préparation particulière et qui, de ce fait, possède à un haut degré la propriété de fixer et de retenir …/… présentant une très grande surface spécifique qui lui confère un fort pouvoir adsorbant. » Lire la suite ICI
Par exemple, Veolia avait installé un filtre de ce type pour retenir les molécules d’atrazine en particulier, à l’Usine d’Annet-sur-Marne…
Il est bien évident que les molécules de polluant retenues en surface des particules de charbons sont « attachées »… et leur élimination doit faire l’objet d’un processus chimique et industriel adapté.
D’ailleurs sur Annet, ce qui avait coûté le plus cher, ce n’est pas la mise en œuvre de la filtration, mais bien la chaîne de traitement après pour éliminer l’atrazine et pouvoir récupérer une partie du charbon actif .
En tout cas, rejeter les « fines » du charbon actif dans la marne après filtration c’est rejeter en même temps les molécules capturées !