Près de Sens, des nappes phréatiques alimentent en partie la ville de Paris en eau potable. Pour améliorer sa qualité, les agriculteurs qui produisent sur ces zones de captages, sont incités à réduire l’utilisation de pesticides. 130 agriculteurs s’engagent à réduire leur usage de pesticides. Un reportage de France Info.
Les habitant-es d’Est Ensemble qui paient plus cher une eau de moindre qualité fournie par le SEDIF (Veolia) aimeraient eux-aussi être approvisionné-es en eau par Eau de Paris.
Entre champs et forêts, c’est dans le pays d’Othe, près de Sens, à 140 kilomètres de Paris, que se trouvent des nappes phréatiques d’où provient une partie de l’eau qui alimente la capitale. Concrètement, la moitié de la superficie des zones de captage de l’eau du robinet des Parisiens se situe sur des terres agricoles.
Des agriculteurs convertis au bio
Dominique Goffart, céréalier, possède un peu plus de 250 hectares de culture bio. Sur son exploitation, petits pois et orge de printemps sont cultivés côte à côte. « Ça se pratique beaucoup en bio, le semis de plusieurs cultures ensemble pour couvrir au maximum le sol et éviter l’infestation de mauvaises herbes.«
Une alternative aux pesticides que Dominique utilisait encore il y a trois ans. Depuis, le quinquagénaire s’est converti au bio. Grâce notamment aux conseils techniques financés par Eau de Paris. « Par ici, des agriculteurs sont passés au bio dans les années 2010-2011. Moi, j’ai été un peu plus long, j’avais des échanges de parcelles à faire, explique-t-il. Je dis souvent que c’est surtout un âge où on prend un peu conscience de ce qui nous entoure et puis on est les premiers à faire les traitements, à apporter des engrais chimiques. On fait plus attention à sa santé, on prend plus conscience de tout cela, à nos enfants, nos petits-enfants… »
Ils s’engagent à réduire l’usage de pesticides
Financièrement, le céréalier s’y retrouve. Il a même conclu, avec des agriculteurs voisins, un accord avec la mairie du 11e arrondissement pour fournir les cantines scolaires en lentilles, en huile et en pâtes.
Au total, 130 agriculteurs installés sur des zones de captage des eaux de la capitale se sont engagés à réduire leur usage de pesticides. Une question centrale dans l’amélioration de la qualité de l’eau, voulue par le gouvernement. Le ministre de la Transition écologique, François de Rugy, a présenté hier une série de mesures pour préserver l’eau, en permettant, par exemple, aux communes de préempter des terres agricoles situées près des captages.
Une amélioration de la qualité de l’eau, selon Eau de Paris
Depuis une dizaine d’années déjà, la ville de Paris, par le biais de sa régie municipale Eau de Paris, se soucie de ce problème. Chef du service protection de la ressource chez Eau de Paris, Manon Zakeossian observe les bienfaits de cette démarche sur l’environnement. « Sur la qualité de l’eau, on a vu une amélioration de la qualité du point de vue des pesticides notamment. On a eu moins de détections et des détections sur des pics qui étaient beaucoup moins importants. Certaines années, on n’a absolument rien retrouvé en dessous de 0,1 microgramme par litre, qui est la limite de qualité eau potable«
La mairie de Paris affirme vouloir poursuivre cette politique. Elle espère un jour pouvoir aider financièrement les agriculteurs qui sautent le pas. Dans les cinquante années à venir, on estime que le débit des cours d’eau de l’Hexagone diminuera de 10% à 40%.