La régie d’eau de la capitale a inauguré une nouvelle filière au sein de son usine à Orly (Val-de-Marne). Le site produit en moyenne 25 % de l’eau potable distribuée quotidiennement à Paris. Par Marie Delumeau.
Les acteurs impliqués n’hésitent pas à parler de travail de longue haleine. Plus de 6 ans après le lancement du chantier, la nouvelle usine d’Eau de Paris, la régie municipale de la Ville de Paris , à Orly (Val-de-Marne) a été présentée officiellement jeudi 29 juin.
Le site d’Orly, qui traite de l’eau prélevée de la Seine, joue un rôle particulièrement important dans l’approvisionnement en eau de la capitale. En effet, sur les 500.000 m3 d’eau potable consommés quotidiennement par les Parisiens, 25 % proviennent de l’usine d’Orly. Eau de Paris compte 7 installations de traitement réparties sur le territoire francilien.
Ouverture d’une deuxième filière
Construit en 1969, le site d’Orly, qui s’étend sur 52 hectares, a fait l’objet d’une opération de modernisation. Une deuxième filière a ainsi été aménagée sur le site et mise en service en octobre 2022. « Les objectifs de l’opération étaient d’améliorer la performance de l’usine, la qualité de traitement et la performance énergétique », souligne Benjamin Gestin, directeur général d’Eau de Paris.
Avec la deuxième usine, qui s’étend sur environ 3.200 m2, la capacité de production – jusqu’à 300.000 m3 par jour – restera identique, mais elle sera répartie entre les deux filières. En cas de travaux de maintenance, le site pourra poursuivre son activité.
Filtration par charbon actif
S’il s’agit d’une « filière assez classique » selon Benjamin Gestin, la nouvelle usine se démarque côté innovation. Elle est ainsi équipée de la technologie CarboPlus, développée par Stereau, la filiale ingénierie du groupe Saur , numéro trois de l’eau en France. Ce procédé utilise le charbon actif pour le traitement de l’eau.
Plus précisément, l’eau passe par des réacteurs contenant une quantité importante de charbon actif sous forme de microbilles. Cette étape permet d’éliminer l’essentiel des micropolluants, tels que les résidus médicamenteux ou les produits phytosanitaires.
La particularité de CarboPlus est que les micrograins de charbon sont renouvelés en continu : les microbilles usagées sont ensuite envoyées dans une usine en Belgique pour une régénération thermique, qui leur permet de retrouver leur efficacité. « Le charbon actif peut être régénéré jusqu’à 10 fois », précise Dan Lert, président d’Eau de Paris.
Panneaux photovoltaïques
Côté sobriété, de nouvelles pompes moins gourmandes en énergie ont été installées afin de pomper l’eau de la réserve d’eau brute. Cette étape de pompage représente, selon Eau de Paris, 80 % de la consommation de la nouvelle filière. La pose de panneaux photovoltaïques, déjà présents sur l’usine historique, va également être étendue à la deuxième unité. Au total, 1.700 m2 de panneaux devraient être installés à horizon 2025 sur la toiture de la nouvelle usine.
Pour la maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo, la sobriété de l’opération se traduit aussi dans les modes de construction. « Nous n’avons pas fait le choix de faire table rase du passé et d’investir des centaines de millions d’euros dans un outil tout neuf », indique l’édile. Au total, cette nouvelle filière à Orly a représenté un investissement de 48 millions d’euros. Le projet a pu bénéficier du soutien financier de l’agence de l’eau Seine Normandie, qui a contribué avec une enveloppe de 13 millions d’euros.